Alger milite pour une sortie honorable de la Syrie du Liban

AUX COTES DE L’ARABIE SAOUDITE ET DE L’EGYPTE

Alger milite pour une sortie honorable de la Syrie du Liban

Le Quotidien d’Oran, 26 février 2005

Abdelaziz Belkhadem se rendra au Caire, les 2 et 3 mars prochains, pour participer à une réunion des ministres des Affaires étrangères arabes. Cette information intervient au moment où des sources dignes de foi indiquent que l’Algérie, l’Egypte et l’Arabie Saoudite multiplient les tractations afin de trouver une solution arabe à la crise syro-libanaise.

Dans le cadre de cette troïka, Alger milite pour l’ouverture d’un dialogue entre Damas et l’opposition libanaise, sous l’égide de la Ligue arabe. L’enjeu double de cette initiative consiste à dénouer la crise qui menace la sécurité du Liban et d’offrir à la Syrie une sortie honorable en plaçant le retrait de ses troupes non plus dans le cadre de la résolution 1550 mais dans celui des accords de Taëf. Selon un diplomate arabe, repris hier par les agences de presse, «une position commune arabe pourrait ouvrir la voie à des consultations avec les puissances internationales pour convaincre celles-ci qu’un retrait syrien est facilement réalisable à travers les mécanismes de l’accord de Taëf, qui est accepté par les Libanais, les Syriens et les Arabes». Selon lui, «exiger l’application de la résolution 1559, entrave plutôt l’objectif d’un retrait syrien et ne l’accélère pas car elle peut alimenter la polémique sur la politique de deux poids deux mesures de la communauté internationale qui n’exige pas d’Israël d’appliquer les résolutions du Conseil de Sécurité relatives au conflit israélo-palestinien».

Sur le terrain, il semble que la Syrie semble être d’accord avec ce scénario. Le Président Bachar Al-Assad a justifié le redéploiement tout récent de ses troupes par les accords de Taëf -qu’il dit vouloir respecter à la lettre- alors que toutes les actions prises par lui depuis le tragique assassinat de l’ancien Premier ministre Rafik Hariri sont, en vérité, prises sous la menace de la résolution onusienne. Sa démarche qui devrait se poursuivre dans les jours prochains -probablement jusqu’au retrait total des territoires libanais-, semble se concrétiser selon les voeux arabes. Cependant, le temps presse et l’opposition libanaise s’impatiente. Soutenue par Paris et Washington, elle veut l’application stricte et rapide de la résolution 1559, sans se soucier des implications sécuritaires.

A ce propos, le Premier ministre Omar Karamé a mis en garde contre «l’effet déstabilisateur» qu’aurait un retrait syrien sous les pressions et la mise en application de la clause de la résolution 1559, qui demande aussi le démantèlement du bras armé du mouvement chiite Hezbollah. De son côté, l’ancien Premier ministre, Salim Hoss a, également, mis en garde contre un retrait syrien sous la pression internationale et de l’opposition. «Si le retrait a lieu sans consensus national, les retombées sécuritaires et politiques pourraient être imprévues», a-t-il dit.

Lundi prochain, l’opposition présentera une motion de censure contre le gouvernement. Des manifestations de rue sont également prévues, aujourd’hui. Le Hezbollah, lui, a appelé à un «consensus national» sur toutes les questions à l’ordre du jour et a commencé, depuis jeudi, à faire la tournée des chefs des communautés religieuses chrétiennes et musulmanes.

Kader Hannachi