Des pays arabes s’opposent à la réforme de la ligue
DES PAYS ARABES S’OPPOSENT A LA REFORME DE LA LIGUE
Abdelaziz Belkhadem accuse
Le quotidien d’Oran, 9 mars 2005
Même s’il n’a nommé personne, le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a rompu avec le langage protocolaire de la diplomatie pour accuser certains membres de la Ligue arabe de s’opposer au projet de réforme de l’organisation, même si le débat sur le sujet est lancé depuis deux années. Il en dira certainement plus aujourd’hui à l’occasion de la conférence de presse qu’il animera, mais ses insinuations ont été suffisamment éloquentes, hier, lors de son passage au Forum du journal arabophone El-Youm, pour ne pas conclure à des divergences d’approche sur l’ordre du jour.
Le projet de réformes, d’inspiration algérienne pour l’essentiel, porte sur la révision des mécanismes de fonctionnement de la Ligue. Cela va de ses institutions au processus de prise de décision, en passant par l’amendement de la charte qui date de 60 ans. Le ministre des Affaires étrangères révélera que des pays ont fait montre de réserves à l’égard de la question de la révision de la manière avec laquelle se prennent les décisions. Le consensus érigé en règle jusqu’ici doit évoluer pour épouser les impératifs démocratiques du vote, a-t-il soutenu au nom de l’Algérie. Il est anormal, selon Belkhadem, qu’un seul pays puisse bloquer des décisions en vertu de cette règle du consensus.
Lors de la récente réunion des ministres des Affaires étrangères au Caire, il a été émis des réserves sur l’intégration à l’ordre du jour de la question du vote des décisions. «J’ai alors répondu que vous voulez vider de sa substance le sommet d’Alger», souligne le chef de la diplomatie algérienne qui s’est refusé à nommer qui que ce soit, à la veille de l’ouverture du sommet, d’autant plus «qu’ils seront nos hôtes» .
Sous le forcing de la partie algérienne, un compromis a cependant été trouvé. Il consiste à adopter la formule du consensus sur les questions stratégiques et le vote aux deux tiers ou à la majorité simple sur le reste des dossiers, en fonction de leur importance. Tout ceci sera affiné au sommet d’Alger, en sus de l’accord réalisé sur l’utilité de la mise en place d’un Parlement arabe ainsi qu’une instance chargée du suivi des recommandations, alors que la création du Conseil de sécurité est reportée sine die.
Le constat de Belkhadem sur la Ligue arabe est sans appel. Les structures sont obsolètes, le fonctionnement est lourd et les actions sont inefficaces.
C’est pour changer cet ordre de faits qu’il considère impératif d’introduire des réformes. Un point de vue qu’il a défendu auprès de ses pairs auxquels il a notamment et expressément dit: «Tout le monde évolue sauf nous». En dépit de ces contrariétés, le ministre a estimé que le sommet d’Alger sera exceptionnel à plusieurs égards. Le niveau et la qualité des participants est en lui-même révélateur de l’intérêt porté à la rencontre. C’est pour la première fois qu’une réunion de la Ligue arabe regroupera 12 présidents, 3 rois, 1 émir et 2 princes héritiers.
En réponse aux questions des journalistes, le ministre des Affaires étrangères a confirmé la très forte probabilité qu’un sommet maghrébin se tiendra en marge des travaux du sommet de la Ligue arabe. Non sans réfuter totalement que la question du Sahara-Occidental soit inscrite à l’ordre du jour d’une quelconque rencontre bilatérale ou multilatérale, rappelant la position constante de l’Algérie qui fait de ce dossier une préoccupation onusienne de l’ordre de la décolonisation. En réponse à des questions sur les élus de Kabylie, Belkhadem, en sa qualité de SG du FLN, a indiqué que la décision du retrait ou non des élus de son parti de cette région, sera prise après avoir consulté les concernés eux-mêmes, excluant de fait que cette question soit un objet de divergence au sein de l’alliance présidentielle.
Omar S.