Kofi Annan et Zapatero à Alger

Ils seront présents au sommet de la Ligue arabe

Kofi Annan et Zapatero à Alger

Par Mourad Aït Oufella, Liberté, 28 février 2005

Des invitations ont également été adressées au G8, à l’Union européenne et à l’Administration américaine pour assister à l’ouverture du Sommet d’Alger qui se tient les 22 et 23 mars prochain.

Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, assistera aux travaux du sommet de la Ligue arabe, apprend-on de sources informées. L’Algérie a lancé une série d’invitations à d’éminentes personnalités, dont le président de la Commission européenne, le Portugais Barroso, un représentant du G8 et probablement à la secrétaire d’État américain Condoleeza Rice. En visite jeudi à Madrid, le chef de l’État avait révélé que le président du gouvernement espagnol, Luis Rodriguez Zapatero, est officiellement invité à prendre part à la rencontre d’Alger. Par ces invitations, le président Bouteflika entend donner une dimension diplomatique grandiose à ce rendez-vous. Un sommet qui traitera en premier lieu des réformes de cette structure régionale créée en 1945. Plusieurs propositions seront examinées au cours de ces travaux, dont la feuille de route que présentera le président algérien. Un terrain d’entente a déjà été trouvé autour de plusieurs points, à l’exemple de la révision du mode de vote qui passera du système par consensus vers un vote à deux tiers. La création d’un parlement et d’une cour de justice arabes font également partie des questions quasiment réglées. D’autres points liés à la modernisation et à l’allégement du fonctionnement de la Ligue arabe seront soumis à débat. De nouveaux mécanismes et structures visant le développement de la coopération interarabes seront discutés, et une série de recommandations allant dans ce sens sera adoptée, apprend-on également de sources informées. Un principe aurait été arrêté pour ne pas trop bousculer les choses et engager une “réforme graduelle et cohérente inscrite dans le temps” pour offrir le maximum de chances de réussite au projet. Ce dernier intervient au moment où une feuille de route diplomatiquement connue sous la dénomination du “Grand Moyen-Orient” est proposée par Washington pour les pays de la région. Même si l’Administration Bush réfute le caractère “obligatoire” de ce panel de réformes et nie l’intention d’imposer des changements à certains pays arabes, il n’en demeure pas moins que les USA continuent à exercer des pressions sur des régimes pour engager des processus de restructuration politique et économique. Le Caire a déjà cédé.
Le président Moubarak, qui dirige d’une main de fer l’Égypte depuis 24 ans, a annoncé la révision de la Constitution pour organiser des “élections présidentielles pluralistes”. Une première dans les annales du pays des pharaons. À ce sujet, l’Algérie, qui se présente avec le Liban et à un degré moindre la Jordanie à l’aise sur cette question, va tenter d’expliquer et défendre la spécificité de chaque pays et encouragera ces pays à engager des réformes pour “s’adapter aux nouvelles règles du jeu internationales”.
Le Sommet d’Alger sera aussi l’occasion de réorganiser la “maison arabe” par l’examen des conflits qui continuent à empoisonner les relations aussi bien bilatérales que multilatérales. Le dossier du processus de paix au Moyen-Orient à la lumière des derniers développements survenus suite au sommet de Charm Echeikh. L’avenir de l’Irak, l’affaire du nucléaire iranien et la réforme des structures et missions des Nations unies avec son corollaire l’élargissement du Conseil de sécurité, ainsi que la préparation de la prochaine réunion qui regroupera en avril prochain à Porto Alegre (Brésil) les pays arabes et ceux de l’Amérique latine seront abordés. Une position consensuelle devra être adoptée et une résolution appelée “Déclaration d’Alger” devra couronner la clôture des travaux du sommet.
Il faut savoir que s’agissant de la question de l’évacuation des territoires libanais par les forces syriennes, des efforts diplomatiques sont déployés actuellement pour tenter de contenir l’incident et d’éviter tout débordement susceptible d’exacerber la tension entre les deux pays. Les États arabes veulent circonscrire le problème et essayer de convaincre le régime de Damas d’accepter la solution des pays de la région selon les accords de Taef (Arabie Saoudite), signés en 1989 et qui avaient mis fin à quinze ans de guerre civile.
C’est dans ce cadre que s’inscrivait la visite hier à Riyad de l’émissaire du chef de l’État, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah. Un diplomate arabe cité hier par l’AFP a considéré que l’annonce de la récente décision du redéploiement par la Syrie est “le résultat de contacts entrepris par l’Égypte, l’Arabie Saoudite et l’Algérie”.