Ghaza: Le « rien à faire » des régimes

Le « rien à faire » des régimes

Par K.Selim, Le Quotidien d’Oran, 4 janvier 2009

Les opinions publiques dans le monde arabe bougent et dénoncent. En occident, malgré un matraquage propagandiste digne des régimes totalitaires, des esprits libres manifestent pour dénoncer le massacre en cours à Ghaza. A Washington, George W Bush, criminel de guerre en passe de prendre une retraite dorée, appuie l’agression israélienne et soutient la poursuite du carnage jusqu’à la capitulation du Hamas. Partout, selon leurs propres moyens et selon leurs buts, des gens agissent et essaient d’agir. Les seuls à distiller l’idée qu’il « n’y à rien à faire » ce sont les gouvernements arabes. Outre que cette posture est moralement indéfendable et s’apparente à de la non-assistance à un peuple massacré en direct, l’affirmation pernicieuse qu’il n’y à « rien à faire » est fausse. Il faut d’abord constater que les gouvernements font déjà quelque chose : ils empêchent les populations de s’’exprimer. Ils les empêchent de dire tout haut le dégout que leur inspire la haine anti- palestinienne du gouvernement américain en particulier et des gouvernements occidentaux en général. Ces gouvernements arabes qui prétendent ne pouvoir « rien faire » agissent en fait : ils font la police. Pourquoi ne laissent-ils les populations dire clairement ce qu’elles pensent de la « civilisation » de Bush ? Ont-ils atteint un niveau de servilité tel qu’ils ne peuvent permettre à leurs citoyens d’exprimer pacifiquement leur soutien à la population de Ghaza ? La réponse est, hélas, affirmative. L’Égypte, le plus « grand » des États arabes, en donne une image caricaturale. Son ministre des affaires étrangères n’a pas hésité à exiger, comme le font les États-Unis ou la Grande-Bretagne, que les arabes soient « souples » dans la rédaction d’un projet de résolution à Ghaza et donc d’accepter d’incriminer le Hamas… Ces mêmes responsables égyptiens, en totale opposition avec la majorité des égyptiens, ont continué à montrer du doigt la menace « perse » ou « chiite » au moment où les bombes américaines lancés par des avions américains déchiquètent les corps des enfants palestiniens. Quand le président de la Grande Égypte laisse entendre qu’il n’est pas en mesure d’ouvrir sa propre frontière sans l’aval des américains et des israéliens, il suggère clairement que la souveraineté de l’Égypte est limitée, pour ne pas dire plus. On comprend dès lors que le mot « résistance » insupporte aux gouvernements arabes autant qu’il insupporte aux américains et aux israéliens. Empêcher les populations de s’exprimer, c’est refuser de s’entendre dire que la thèse du « rien à faire » ne tient pas la route. Personne ne s’attend à ce que les régimes mettent en action leurs armées contre les massacreurs des enfants palestiniens, mais les populations exigent au moins un minimum : cessez de faire croire qu’il existe un « processus de paix » alors qu’Israël est dans une guerre permanente. A défaut de soutenir la résistance légitime des palestiniens, ces régimes doivent, au moins, cesser d’être l’alibi d’une démarche destinée à liquider la cause palestinienne et les palestiniens. Affirmer qu’il n’y a « rien à faire », c’est en fait « faire » et participer au carnage…