Massacre en continu

Massacre en continu

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 29 décembre 2008

Le massacre se poursuit dans la bande de Ghaza, que l’aviation israélienne bombarde sans relâche, de jour comme de nuit. En moins de deux jours de cet enfer, le bilan provisoire est sanglant, terrifiant: trois cents morts et plus de six cents blessés. Et ce qui attend la population ghazaouie est encore plus terrible. Israël, ayant non seulement décidé la poursuite des raids aériens, s’apprête également à déclencher une opération militaire terrestre. Une impressionnante armada de blindés est déjà prépositionnée tout au long des frontières entre la bande de Ghaza et l’entité israélienne, alors que le ministère de la Défense de l’Etat hébreu a procédé au rappel de milliers de réservistes.

A un tel niveau d’ampleur de mobilisation de ses capacités militaires, ce n’est plus une opération de représailles que mène l’armée israélienne, mais une guerre tout court. D’ailleurs, Olmert et ses ministres le déclarent sans jouer sur les mots.

L’asymétrie entre les potentiels de guerre des deux camps est si énorme que l’issue d’une opération terrestre de l’envergure de celle projetée par le commandement israélien se traduira par un bain de sang aux proportions dantesques. Et c’est la population ghazaouie qui en paiera le prix fort.

Cette perspective n’a pas outre mesure fait frémir d’indignation la «communauté internationale». Saisi en urgence par le représentant en son sein de la Libye, le Conseil de sécurité s’est limité à adopter une résolution non contraignante, demandant que cesse la violence, qu’il met à égalité sur le dos du Hamas et de l’armée israélienne. Ici ou là dans le monde, l’indignation et la condamnation populaires se sont exprimées. Plus franches que celles des Etats et des grands du monde, car refusant la politique de la force et du fait accompli à laquelle a recours Israël, conforté par la connivence qu’il trouve dans la «communauté internationale».

Hélas, les manifestations contre les agissements barbares de l’Etat hébreu sont peu massives pour être audibles. La faible mobilisation de l’opinion occidentale en faveur de la population ghazaouie massacrée sans retenue montre qu’en Occident, prédomine le parti pris définitif que les impératifs de la sécurité nationale d’Israël justifient que son armée déroge aux lois internationales et au droit en temps de guerre des populations civiles.

Partant, l’on légitime ainsi l’occupation israélienne en territoires palestiniens, la répression et l’arbitraire qui s’exercent sur leurs populations et le terrorisme d’Etat pratiqué à leur encontre. Et l’on classe dans la catégorie de l’action terroriste, donc indéfendable, la résistance palestinienne qui en est la conséquence. C’est ainsi que la propagande pro-israélienne est parvenue à enraciner la conviction dans une bonne partie de l’opinion internationale que les roquettes lancées des territoires palestiniens sur celui d’Israël sont la cause de tout ce qui se passe dans la région. La colonisation, les assassinats ciblés, la ghettoïsation, les punitions collectives et le blocus permanent dont sont victimes les Palestiniens n’auraient, de ce point de vue, rien à voir avec cette situation.