D’anciens militants du MCB appellent au devoir de vérité
El Watan, 18 avril 2016
Comme chaque année à la veille de la célébration du Printemps berbère déclenché le 20 avril 1980, la région de Kabylie se remémore ce moment fondateur, précurseur du combat démocratique.
Une occasion aussi pour des acteurs du Mouvement culturel berbère (MCB) de reprendre la parole pour redonner un sens à ce combat en le projetant dans des perspectives politiques d’avenir. Ce qui donne lieu, souvent, à des divergences, voire à des polémiques. Comme l’illustre la déclaration signée hier par d’anciens détenus d’Avril 1980, à leur tête l’emblématique Saïd Khelil, et certains camarades comme Rachid Aït Ouakli, Chemim Mokrane et Mohamed Naït Abdallah.
«S’astreindre au devoir de vérité fait parfois mal. Seulement, la vérité agit toujours dans le sens de libérer les consciences du mensonge, les mémoires de l’oubli et le rêve de tous ses faux-semblants», rappellent les signataires de la déclaration. Sans nommer les «adversaires» du jour, ils assènent que «la recherche du rêve perdu ne peut avoir d’autre rôle que de nourrir l’illusion de le retrouver.
Soumise à l’égoïsme d’une représentation politique conditionnée par l’agenda électoral du régime totalitaire — dont le crime organisé et la mafia de l’argent sale font la pluie et le mauvais temps en Algérie — et à son discours aliénant, cette illusion favorise la multiplication des arrangements de l’ombre et des alliances contre nature auxquels nous assistons aujourd’hui».
Et pour mieux marquer leur distance et surtout leur refus de s’inscrire dans la démarche de leurs «frères ennemis», les compagnons de Saïd Khelil demandent des comptes : «Nous voulons connaître la vérité, toute la vérité, rien que la vérité sur le détournement du boycott scolaire de 1994.
Nous voulons connaître la vérité sur l’assassinat de Matoub Lounès commis, rappelons-le, durant la phase ‘‘résiduelle’’ du ‘‘terrorisme pédagogique’’. Nous voulons connaître la vérité sur la stratégie du chaos local appliqué, dont la première phase expérimentale a été menée en Kabylie en 2001, donnant lieu à ce qui est appelé le Printemps noir. Nous voulons connaître la vérité sur le massacre des 127 martyrs de Kabylie en 2001, les martyrs du M’zab, les 200 000 morts de l’ensemble de l’Algérie et les 20 000 disparus.»
H. O.