Rassemblements dans les autres villes du pays

Oran : Le rassemblement empêché par la police

El Watan, 13 février 2011

Le rassemblement, organisé sur la place du 1er Novembre à Oran par la Coordination pour le changement et la démocratie (CNCD), a été empêché, hier, par la police qui a procédé à plusieurs interpellations parmi les manifestants.

Ceux-ci se sont regroupés face au siège de l’APC dont la façade principale domine l’esplanade. «Je suis un Algérien mahgour (opprimé)», scandait un jeune qui se débattait entre les mains des agents de l’ordre qui le poussaient vers un fourgon de police garé à l’angle de l’Hôtel de ville. Cette intervention musclée n’est pas unique, plusieurs protestataires ont été emmenés de force à l’intérieur de la mairie, du côté de l’entrée secondaire située dans une ruelle.

Certains ont été relâchés quelques moments après, d’autres, apprend-on sur place, ont été conduits vers plusieurs commissariats. Dans la mêlée, certains ont été malmenés, y compris des journalistes qui étaient parmi les contestataires, mais on ne signale aucun blessé. Les membres de la Coordination ont passé beaucoup de temps à essayer de négocier avec la police pour tenter de les libérer. Selon un des animateurs du mouvement, 15 personnes de la Coordination ont été interpellées. «On nous a dit qu’ils vont tous les relâcher», estime-t-il. Une autre source confirme cette information mais précise que le nombre de personnes arrêtées par la police s’élève à 30 dont une quinzaine venus au nom de la Coordination. C’est aux alentours de 10h que les premiers participants au rassemblement ont commencé à rejoindre la place. A ce moment-là, un dispositif policier, dont quelques agents de la brigade antiémeute ont pris place aux angles de la place mais n’ont pas bloqué les issues, laissées ouvertes à la circulation.

Certains jeunes sont venus avec le signe «X» sur la bouche comme pour signifier le manque de liberté d’expression, d’autres étaient munis d’effigies évoquant la Tunisie. Dès le début du rassemblement, un autre groupe visiblement hostile à l’appel de la Coordination s’est formé à proximité. «C’est nous (la Coordination) qui avons demandé l’autorisation pour ce rassemblement (non autorisé, ndlr) mais la police nous a chassés leur cédant la place», s’indigne une des animatrices du mouvement. Après cela, quelques manifestants ont tenté un regroupement face à la bibliothèque régionale, située à quelques mètres de là avant de se disperser à leur tour. A signaler que des militants dont des députés des partis de l’Alliance présidentielle étaient hier présents sur la place mais juste pour observer le déroulement des événements.

«Parmi les protestataires et les journalistes, beaucoup sont mes amis. J’ai essayé d’intervenir pour calmer le jeu. Je leur ai dit que nous avons eu la confirmation que les personnes arrêtées allaient être relâchées», déclare un vice-président de l’APC d’Oran. En fin de journée, nous avons appris que toutes les personnes arrêtées ont été en effet libérées.

Djamel Benachour


Annaba

Une quinzaine d’interpellations

Un groupe de citoyens annabis a été hier au rendez-vous, à 11h, sur le Cours de la Révolution pour répondre à l’appel du Mouvement de la jeunesse indépendante pour le changement (MJIC) et la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD).

Ce sont des avocats, des militants des droits de l’homme, des universitaires, des journalistes et de simples citoyens. Bien que timide, le nombre de participants a été néanmoins assez expressif pour créer la panique. Présents en nombre impressionnant, les policiers ont tenté de disperser la foule en procédant à l’interpellation de 16 personnes dont les meneurs Abdelghani Bahmed, Salah Chihani, Kahina Oussaïd et Fayçal Taleb, journaliste du quotidien arabophone Akher Saâ. Il s’en est suivi, immédiatement, un rassemblement d’une vingtaine de journalistes devant le siège de la wilaya de Annaba réclamant la libération des manifestants. D’autant plus que ces jeunes universitaires n’ont été à l’origine d’aucun trouble à l’ordre public puisque le rassemblement était pacifique. Quelques moments après, tout le monde a été libéré .

Mohamed Fawzi Gaïdi


Bordj Bou Arréridj

La marche reportée au 19 février

La marche prévue hier à Bordj Bou Arréridj, devant mener les manifestants de l’ancien siège de la wilaya vers le nouveau siège, n’a pas eu lieu.

Selon les membres de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNDC) de la wilaya, dont le mouvement de la jeunesse pour le changement, le mouvement citoyen (Laârouch) et le RCD, la marche est reportée au 19 février. «Le rassemblement n’a pas eu lieu à cause de circonstances défavorables et beaucoup d’intimidations», a ajouté le représentant du RCD, Azzedine Bouteba. L’annulation de la manifestation du 12 février nous a été annoncée, hier, à une heure de la marche prévue à 13h par ce comité. Notons que dès les premières heures de la journée, on a remarqué une présence accrue de policiers au niveau de point de départ.

A. B.


Boumerdès

Des centaines d’étudiants empêchés de marcher

Des centaines d’étudiants de la faculté des sciences de l’université M’hamed Bougara ont été empêchés, hier, par les forces de l’ordre de marcher à Boumerdès.

Les étudiants ont brandi une banderole sur laquelle on peut lire «Système dégage», ainsi que des exemplaires agrandis de la caricature de notre confrère Dilem Ali, parue dans le quotidien Liberté d’hier. Mais la procession a été stoppée, vers 13h, juste à la sortie de la faculté par un impressionnant dispositif de sécurité.
Cette action de rue a été initiée parallèlement au mouvement de grève enclenché par les étudiants du système classique. Ces derniers, qui ont bloqué la faculté dès le début de la matinée, exigent l’annulation du décret 10-315 du 13 décembre 2010, qui dévalue leurs diplômes au profit de ceux du système LMD.

Par ailleurs, une vingtaine de jeunes, arborant le drapeau national et une banderole sur laquelle on pouvait lire «One, two, three où va l’Algérie ?», ont été empêchés de se rassembler devant la salle de conférences jouxtant la maison de culture Rachid Mimouni de Boumerdès.
La présence des jeunes, parmi lesquels se trouvent des artistes, à cet endroit, a provoqué une grande panique chez les services de sécurité. Les protestataires, pourtant restés calmes, ont vite été cernés par les éléments des forces de l’ordre, qui leur ont intimé l’ordre de se disperser «sous peine d’être embarqués au commissariat».
Ramdane Koubabi


Béjaïa

De la tension dans l’air

Atmosph ère fébrile, hier, dans certaines villes de la wilaya de Béjaïa où la police était sur le qui-vive.

La tension perceptible la veille a fini par se manifester hier, aidée par les échos provenant de la marche réprimée d’Alger. Quelques échauffourées ont éclaté à Sidi Aïch où des dizaines de jeunes manifestants se sont attaqués à coups de pierre au siège de la sûreté urbaine.
Quelques policiers ont investi les alentours de l’édifice sans user de bombes lacrymogènes. La circulation automobile a été quelque peu perturbée avant que les hostilités ne cessent au milieu de l’après-midi.

Le même scénario s’est produit dans la ville d’Akbou où des manifestants ont brûlé des pneus sur la voie publique et crié des slogans hostiles au régime en place, avant de se disperser laissant la ville dans un calme plat. La même fragilité a régné sur la ville de Béjaïa où de jeunes habitants du quartier d’Ihaddaden ont tenté de manifester leur colère de la même façon qu’ils l’ont fait il y a quelques semaines. Ils ont jeté des pierres et autres objets rendant difficile la circulation au début de l’après-midi. Les choses en sont restées là.

Kamel Medjdoub


Constantine : Des «baltaguia» perturbent un rassemblement d’étudiants

C’est sur l’esplanade de la maison de la culture Mohamed Laïd Al Khalifa qu’une centaine de jeunes, pour la plupart des étudiants, ont organisé, hier à 11h, un sit-in. Dès leur positionnement, des policiers étaient sur place.

Les protestataires, arborant des banderoles portant des slogans revendiquant le changement, la démocratie, la justice et un projet de société moderne, ont tout fait pour que leur action soit perçue comme étant pacifique. Pour cela, ils ont brandi, outre une large banderole qui portait le slogan «Manifestation pacifique de jeunes Algériens autonomes», des bouquets de narcisses.
Dans le groupe, qui comptait également des jeunes filles, il y avait de la liesse et beaucoup de conviction.
Trois quarts d’heure plus tard, les policiers ont tenté de disperser les manifestants qui ont résisté en s’asseyant par terre. C’est alors qu’est apparu un autre groupe de jeunes, en majorité des adolescents, venus huer les manifestants, allant jusqu’à proférer des mots licencieux et autres menaces à leur encontre.

Un manifestant en colère, craignant le pire, surtout pour les jeunes filles du groupe, nous dira : «Ce sont, comme on dit, des ’baltaguia’. On les a envoyés casser notre mouvement, mais nous ne tomberons pas dans leur piège et celui des flics.» Parmi la foule agglutinée, des policiers en civil n’arrêtaient pas de prendre des photos des manifestants qui, à ce moment-là, ont compris qu’il fallait se disperser pour éviter un affrontement devenu imminent au regard de la hargne des adolescents, devenus bizarrement, pour l’occasion, des pro-Bouteflika. Une heure après son déclenchement, le sit-in a été levé, mais un climat de tension s’est installé et beaucoup de jeunes, même ceux n’ayant pas pris part à cette action, étaient heureux de la réussite de cette «petite initiative» qui, d’après beaucoup d’entre eux, sonne l’avènement d’une nouvelle étape et le réveil des jeunes à Constantine.

Djamel Belkadi