Quand le PT s’explique sur son absence au Mazafran

Quand le PT s’explique sur son absence au Mazafran

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 15 juin 2014

Le parti des travailleurs (PT) est le seul d’entre les formations de l’opposition disposant d’un ancrage populaire avéré à n’avoir pas accepté de participer à la conférence nationale pour la transition démocratique organisée à l’initiative de la CNLTD. Le parti de Louiza Hanoune n’a pas décliné l’invitation de cette coordination de partis et personnalités politiques de l’opposition parce qu’il refuserait de s’asseoir à la même table avec certaines formations ou personnalités conviées mais pour exprimer son désaccord sur l’option d’une transition démocratique qui était la raison de la rencontre. Vendredi, Louisa Hanoune, la patronne du PT, est revenue sur le refus de son parti à prendre part à la rencontre du Mazafran en arguant que ce type de démarche politique a conduit au démembrement des Etats « en Afrique du Nord et au Machrek et que le PT est d’autant plus hostile que l’entreprise politique préconisée par les participants à cette rencontre est en décalage avec la priorité d’aujourd’hui qui est pour les citoyens celle des questions sociales. Des citoyens dont Louiza Hanoune a affirmé qu’ils sont même hostiles à cette option au vu de ce qu’elle a généré dans des pays comme la Libye et en crainte qu’elle soit une nouvelle expérience pouvant entraîner le pays dans le chaos.

Le jugement porté par la secrétaire générale du PT sur l’idée d’une transition autour de laquelle se sont fédérés des partis et personnalités de l’opposition est, il faut le reconnaître, partagé par beaucoup de milieux politiques qui ne sont pas tous dans l’orbe du pouvoir. Tout comme le parti de Louiza Hanoune. Ils y sont opposés parce qu’ils redoutent qu’une transition n’ouvre la voie à l’instabilité et à la résurgence de luttes idéologiques qui ramèneraient le pays à revivre la situation des années 90. Il est vrai aussi qu’une bonne partie de l’opinion publique ne se montre pas disposée à adhérer à la démarche proposée par la conférence du Mazafran.

Ce sur quoi s’est appuyée aussi la responsable du PT pour estimer que la dynamique politique qui rendrait acceptable l’idée d’une transition en Algérie, n’est pas perceptible et que, par conséquent, le débat qui s’est ouvert autour d’elle se circonscrit au sein des états-majors politiques uniquement. La position du PT est respectable. Elle l’aurait été plus si sa porte-parole s’était abstenue de juger douteuses les motivations qui ont amené la CNLTD à organiser la conférence du Mazafran et à inviter d’autres parties et personnalités à s’y joindre. Apparemment Louiza Hanoune ne reconnaît aucun mérite à cette conférence, pas même celui d’avoir exprimé la détermination d’un large éventail de l’opposition à se mettre d’accord pour envisager des rapports entre eux qui privilégient leurs convergences. Cette façon de concevoir les rapports entre acteurs politiques, le PT et Louiza Hanoune en furent pourtant parmi les pionniers. Qu’ils s’en détournent quand une majorité de ces acteurs politiques s’y rallie soulève incontestablement des interrogations et questionnements sur leur positionnement.