L’opposition riposte à Ahmed Ouyahia: C’est le pouvoir qui implique l’armée dans le jeu politique
Par Malik Tahir Publication, HuffPost Maghreb, 22 juin 2014
L’opposition algérienne et notamment les membres de la Coordination Nationale pour les Libertés démocratiques et la transition (CNLTD) a réagi avec vigueur aux déclarations d’Ahmed Ouyahia, Directeur de Cabinet à la présidence de la République, rejetant la transition qu’elle préconise et l’accusant de vouloir impliquer l’armée dans le jeu politique.
Abderrezak Makri, qui a installé le Mouvement de Société de Paix (MSP – Frères Musulmans) dans l’opposition, note qu’Ahmed Ouyahia a consacré les trois-quarts de ses propos à la conférence nationale de la CNLTD. « Cela prouve qu’il a été très affecté par ses résultats » et que la Conférence a réalisé son objectif et a « pénétré dans les profondeurs du régime ».
Makri, note qu’Ouyahia a évité les vraies questions et notamment la « fraude électorale » qui est la « cause principale » de la situation actuel. Il n’a pas non plus évoqué la « corruption » devenue plus « grave que la fraude » et qui permet « d’acheter d’acheter n’importe quel responsable et de « désigner aussi les responsables ».
Makri met au défi Ouyahia: « si vous dites que le peuple est avec vous, pourquoi avoir peur de la création d’une commission électorale indépendante composé de partis et de différents courants politique ? « .
Sur l’implication de l’armée dans la politique, Makri rétorque que c’est une pratique du régime pas de l’opposition. « Qui a impliqué l’armée dans la politique ? N’est-ce pas le régime lui-même, comme le montrent les législatives de 1997 et de 2012 qui ont été marquées par un vote collectif au sein de l’armée ».
Menace indirecte
Abdellah Djaballah, président du Front de la Justice et du Développement (FJD- islamiste) a qualifié l’appel au « consensus » formulé par Ouyahia et son engagement à renforcer l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs et le contrôle parlementaire de non crédible. « Nous avons déjà expérimenté le pouvoir… Il se moque du peuple » a-t-il déclaré que le pouvoir veut prendre l’idée de « consensus » pour la vider de tout contenu.
Djilali Soufiane, président de Jil Jadid, n’est pas surpris par les déclarations d’Ouyahia, « le pouvoir cherche toujours à monopoliser le débat et cadrer le processus politique comme il veut… Les hommes du pouvoir ne savent pas ce qu’est une culture politique, leur vision est uniquement basée sur un régime oppressif qui ne croit qu’à l’argent et la force ».
Au sujet de la qualification par Ouyahia de la transition comme « une forme dangereuse » d’opposition, Soufiane rétorque que c’est le régime qui constitue une « menace pour le pays et la sécurité nationale. Un régime qui a consacré le principe de l’octroi de privilèges sans compter à ses hommes ».
Soufiane Djilali met au défi Ouyahia d’aller au consensus à travers la construction de « vraies institutions et crée une commission électorale indépendante. Pour lui, l’accusation de « surenchère politique » formulée par Ouyahia est une « menace indirecte » de la part d’un pouvoir qui considère tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui comme des « dangers pour la stabilité »