L’opposition passe à l’acte

RETOUR SUR LA RÉUNION DE L’ISC

L’opposition passe à l’acte

L’Instance de concertation et de suivi de l’opposition ne se contentera pas finalement de rassemblements contre l’exploration du gaz non-conventionnel, prévus le 24 février, dans les 48 wilayas du pays. Un congrès restreint est également prévu pour aller vers des décisions de fond.

Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir), Le Soir d’Algérie, 5 février 2015

Contacté hier, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, est revenu sur la réunion de ce mardi, de l’Instance de concertation et de suivi (ICS), issue de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CLTD). A la faveur de cette réunion qui a duré plus de quatre heures, une marche dans les 48 wilayas du pays a été décidée pour le 24 février 2015, tel que largement rapporté par la presse. Soufiane Djilali explique d’abord qu’il s’agit de rassemblements et non pas de marches. Cette action de protestation, explique-t-il, s’inscrit exclusivement dans une démarche de refus de toute exploitation du gaz de schiste sur le sol algérien. Le choix de la date du 24 février est, aux yeux du président de Jil Jadid, symbolique et commémorative. Elle coïncide, en effet, avec le 44e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. «Le pouvoir a démontré qu’il ne veut rien changer à sa démarche. Il refuse d’écouter les gens du Sud et il pousse la situation, à travers son comportement, vers le pourrissement. Le pouvoir est en train de mettre en danger l’unité du pays», argumente-t-il.

Tous les dossiers seront ouverts
Les rassemblements du 24 février contre l’exploration du gaz non-conventionnel ne seront finalement qu’une première étape. Soufiane Djilali fait savoir qu’un congrès restreint sera prochainement tenu pour mettre en place une véritable stratégie de lutte. «Une réunion de quelques heures s’avère insuffisante. Nous allons tenir un conclave sur deux jours pleins. Nous allons ouvrir tous les dossiers d’importance stratégique du pays», précise-t-il. Estimant que tous les symptômes sont là et attestent de la fin d’un régime, Soufiane Djilali juge plus que jamais urgent de prendre au sérieux la situation actuelle du pays, et aller au fond des choses. «Il ne s’agit plus de prendre des positions ponctuelles, mais d’aller vers des décisions de fond.
Nous sommes dans une situation de fin de règne et nous ne voulons pas être surpris par un effondrement brutal», conclut-il.
M. M.


Après les conférences et réunions tenues depuis l’été dernier

L’opposition veut tenter l’épreuve de la rue

El Watan, 5 février 2015

Les partis et personnalités regroupés dans l’Instance de suivi et de la coordination de l’opposition (ISCO) décident d’entreprendre des actions de rue. Ils appellent à des rassemblements, le 24 février, coïncidant avec l’anniversaire de la nationalisation de hydrocarbures en 1971, pour protester contre l’exploitation du gaz de schiste.

«L’Instance a décidé également d’organiser, dans le jours à venir, un congrès bloqué pour élaborer un plan pratique pour faire face à la situation dangereuse que vit le pays à cause du comportement irresponsable du pouvoir en place», ajoute l’ISCO dans un communiqué rendu public à l’issue de sa réunion, avant-hier à Alger.

Les acteurs de l’opposition veulent ainsi profiter de la situation actuelle pour tenter «de constituer le rapport de force» qui leur fait défaut. Celui-ci figurait, en effet, dans toutes leurs déclarations et communiqués diffusés depuis la conférence, organisée à Zéralda le 10 juin 2014, qui avait réuni toutes les composantes de l’opposition.

«L’opposition qui tient à la lutte pacifique entend, par ces actions de rue, interpeller le pouvoir sur sa faillite et lui signifier qu’il est inadmissible et vain d’instrumentaliser ses clientèles pour aller vers des compromis factices et des consensus de sérail. Le pays a besoin, dans l’urgence, de solutions et d’une transition politique pacifique et démocratique.

L’opposition a pris ses responsabilités et ces démonstrations de rue tiennent lieu d’une alerte pressante», explique Atmane Mazouz, chargé de communication du RCD. Selon lui, «l’appel aux actions de rue adopté est une manière de signifier aux décideurs qu’ils sont disqualifiés et qu’ils mènent le pays vers le chaos». «Les contestations qui s’accentuent à travers le pays sont un signe qui doit interpeller tous les acteurs politiques crédibles et soucieux de la cohésion nationale car celles-ci, par leur généralisation à travers le pays et l’absence d’écoute et de canalisation, peuvent conduire au pire et mener vers des dérapages certains», ajoute-t-il.

Mais ne serait-il pas un pari risqué que d’appeler à une mobilisation de rue en cette période de désaffection générale constatée au sein de la société ? Comment faire pour convaincre les Algériens de suivre le mot d’ordre lancé, au moment où l’action politique n’intéresse pas beaucoup de monde, comme l’ont affirmé certains sociologues en se référant à des sondages récents ?

Les membres de l’ISCO sont, sans nul doute, conscients de cette situation. Mais ils comptent sur l’engagement de tous les acteurs pour sensibiliser les citoyens et faire «une véritable démonstration le 24 février prochain». Mais ils buteront, certainement, sur le dispositif administratif et policier du pouvoir qui a servi, de longues années durant, à fermer le champ politique et à restreindre tous les espaces d’expression politique et pacifique.

La Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) avait déjà subi l’arbitraire administratif. Plusieurs de ses actions, dont des conférences-débats, ont été empêchées sans aucun justificatif. Cela en plus des campagnes de dénigrement menées par des responsables de partis au pouvoir pour discréditer l’opposition. Ce sont tous ces facteurs auxquels seront confrontés les acteurs de l’ISCO dans les prochains jours.

Madjid Makedhi