«Le changement du régime est un impératif de survie»

Des personnalités politiques tirent la sonnette d’alarme

«Le changement du régime est un impératif de survie»

El Watan, 26 août 2014

L’ex-candidat à l’élection présidentielle d’avril 2014 a dressé, hier, un constat peu reluisant de la situation politique en Algérie. Intervenant lors de l’ouverture de l’université d’été du Front du changement (FC), organisée à l’Institut des métiers de l’hôtellerie au Figuier, dans la wilaya de Boumerdès, Benflis évoque «une inquiétante situation que vit l’Algérie depuis son indépendance».

«Cette situation est la résultante, selon lui, du pouvoir en place qui continue à marginaliser la volonté populaire pour un changement démocratique dans la continuité.» Ali Benflis a mis en garde contre le péril d’une intervention étrangère qui guette le pays depuis plusieurs années suite à l’instabilité qui menace les frontières algériennes.

L’ancien chef de gouvernement a insisté sur le départ de l’actuel système pour bâtir un Etat de droit moderne. «La solution d’un changement pacifique et intelligent existe avec la participation de tout le monde à la construction de l’avenir du pays et non dans l’exclusion», a-t-il martelé. Même son de cloche chez l’ex-chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, qui a appelé au changement du régime et non de personnes pour sauver le pays. «Le pouvoir en place est déliquescent : absence d’un Etat de droit et d’institutions pouvant protéger le citoyen et pour gérer les affaires publiques et effritement des pôles au sein même du pouvoir», explique Ahmed Benbitour.

Et d’insister que la construction d’un Etat moderne ne peut se faire sur la base de la rente pétrolière engrangée. «Les exportations en hydrocarbures de 2006 à 2011 ont baissé de plus de 25% et un tiers des salaires des fonctionnaires sont assurés par la fiscalité pétrolière et le Fonds de régulation qui est une caisse d’épargne pour assurer l’avenir du pays n’arrivera pas à satisfaire les besoins nationaux dans les prochaines années», a alerté le conférencier.

«Il est impératif de chercher d’autres ressources et celles-ci existent, mais le pouvoir en place ne leur prête aucune attention, et ce, dans l’optique de maintenir sa caste», a-t-il expliqué. Par ailleurs, Sid Ahmed Ghozali, également ex-chef de gouvernement durant les années 1990, a dressé un constat alarmant de la situation en Algérie qui, selon lui, vit une crise multidimensionnelle qui menace les fondements de la nation. Pour sortir le pays de cette crise, Sid Ahmed Ghozali préconise «une réconciliation entre le peuple et le pouvoir en place qui refuse toute idée de changement pour le bien du pays».

Et d’ajouter : «Le seul souci du régime actuel n’est pas le peuple mais de se pérenniser au pouvoir, c’est pour cette raison qu’il refuse toute initiative de changement démocratique conformément aux principes d’un Etat de droit et de justice». Outre cela, Abdelmadjid Menasra, président du FC, a déclaré lors de son discours inaugural, que «la politique dépensière des tenants du pouvoir met en péril le pays, car nos ressources restent exclusivement tributaires de la rente pétrolière».
Z. Youcef