Mouloud hamrouche: «Il faut aller vers un nouveau consensus national»

Mouloud hamrouche à Sidi Bel Abbès

«Il faut aller vers un nouveau consensus national»

El Watan, 21 décembre 2014

«Je ne me suis pas adressé à l’armée, j’ai parlé de l’armée», a nuancé hier l’ex-chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche.

Je ne me sens pas concerné par cet éditorial. Je pense qu’il s’adresse plutôt à ceux qui ont parlé à l’armée», a-t-il précisé lors de la conférence-débat sur le «Consensus national et la bonne gouvernance», animée dans l’après-midi à la maison de la culture Kateb Yacine. Devant une assistance nombreuse, M. Hamrouche est revenu par deux fois sur ce sujet, s’efforçant d’apporter des éléments de compréhension au rôle dévolu à l’ANP dans le contexte politique actuel. «Le pouvoir en place ne diffère pas de ceux qui l’ont précédé, quelle que soit sa légitimité», a-t-il déclaré, ajoutant : «L’armée a deux rôles à jouer : celui qu’elle peut accomplir aujourd’hui et celui qu’elle aura à assumer demain. Tout l’enjeu est d’éviter un effondrement de l’Etat et d’aller vers un consensus intelligent, graduel et négocié pour construire l’Etat-nation.»

La revue El Djeich a, mardi passé, répliqué à ceux qui lui suggèrent de s’investir dans un processus de transition, en leur enjoignant de ne pas chercher à l’y impliquer. «Il convient à ces derniers de respecter les institutions de l’Etat, et à leur tête l’ANP, de préserver sa stabilité, sa cohésion et son unité, de s’abstenir d’essayer de l’impliquer dans les questions politiques qui ne sont pas de sa compétence et de ne pas tenter d’exploiter son attachement à ses missions constitutionnelles dans le but d’écorner la légitimité des institutions de l’Etat», recommandait l’éditorial. Qualifiant les commentaires et lectures bâtis à partir de cet édito de «débat byzantin», M. Hamrouche a invité les différentes forces politiques à recentrer le débat pour que «toutes les composantes de la société puissent saisir les contours de ce nouveau consensus».

Pour cela, l’ex-chef de gouvernement a tenu à convoquer certaines séquences importantes de l’histoire de l’Algérie. «Il est clair, aujourd’hui, après plus d’un demi-siècle d’indépendance, que nous n’avons pas reconquis toutes nos libertés et que nous n’avons pas pu construire un Etat national solide, expression d’une volonté populaire aspirant à consacrer les libertés individuelles et collectives», fera-t-il remarquer. «L’Etat algérien doit protéger la liberté, toutes les libertés. Car, en finalité, l’Etat n’est que la résultante de cet esprit de liberté. Par conséquent, toute entrave à la liberté concourt à déstabiliser l’Etat», a-t-il soutenu. «Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’un nouveau consensus national. Pourquoi ? Pour consolider notre identité, nos libertés, au moment où la sphère arabe connaît l’enfer», a ajouté M. Hamrouche, citant la situation qui prévaut en Syrie et en Libye.

«je ne suis candidat à aucune présidentielle anticipée»

Evoquant la situation globale du pays aux plans politique, social, financier et économique, M. Hamrouche a appelé toutes les composantes de la société à «la vigilance». «Le discours que prônent certains formations politiques s’inscrit dans une logique d’alternance au pouvoir. Une alternance d’individus. Je ne suis pas dans cette logique. En ce qui me concerne, je ne suis candidat à aucune élection présidentielle anticipée», a-t-il expliqué. «Une élection anticipée ne peut reproduire que ce que nous vivons aujourd’hui.» «L’Algérie a vécu 25 ans de crise. Les éléments de l’ANP et des Services de sécurité sont restés 25 années en état d’alerte. Il faut donc prendre en considération cet aspect de la crise et être conscient des dangers, de tous les dangers qui guettent le pays», dira-t-il.

S’agissant la dépréciation des prix du pétrole, principale ressource du pays, M. Hamrouche relève que le problème de l’Algérie ne se situe pas à ce niveau : «Notre problème est notre incapacité à innover en solutions, à bâtir un projet national. Un projet national qui doit s’appuyer sur Etat national.» Face à l’impasse politique que vit le pays, les forces politiques de l’opposition et le pouvoir se trouvent aujourd’hui, selon le conférencier, dans l’«obligation de trouver un consensus pour réhabiliter l’Etat national».

Ces forces peuvent-elles aller ensemble vers ce consensus pour lequel plaide l’ex-chef de gouvernement ? «Franchement, je n’ai pas de réponse. Il faut des signes forts en direction de la population pour arriver à ce consensus», a-t-il répondu. M. Abdelkrim

Abdelkrim Mammeri