Qu’est-ce qui fait courir Hamrouche ?

IL MULTIPLIE LES SORTIES MÉDIATIQUES

Qu’est-ce qui fait courir Hamrouche ?

Après le long silence qu’il s’était imposé depuis son départ du gouvernement en 1991, Mouloud Hamrouche se montre prolixe. L’homme multiplie déclarations et analyses. L’ancien chef du gouvernement n’aura jamais été aussi actif qu’il ne l’a été à la veille puis au lendemain des élections présidentielles.

Nawal Imès – Alger (Le Soir), Le Soir d’Algérie, 20 juillet 2014

Les sorties médiatiques de Mouloud Hamrouche se suivent et se ressemblent : l’homme développe un discours critique, voire alarmiste. Sans appartenance partisane, l’ex-chef du gouvernement réformiste se positionne dans un environnement politique où les initiatives se multiplient sans forcément aboutir. Les offres de services sont multiples mais semblent laisser de glace un régime dont la longévité est l’unique préoccupation. C’est dans ce contexte que l’opinion publique qui s’était accommodée du silence de Hamrouche redécouvre un homme ayant changé de stratégie : à l’absence totale de la scène politique succède une politique d’occupation de l’espace. En témoignent les nombreuses prises de parole. Pas plus tard que ce week-end, Hamrouche a animé trois heures durant une conférence à Constantine. «Notre pays, à l’instar des pays de la région, de l’espace géopolitique qui est le sien, termine la phase post-libération dans une situation de fragilité extrême et fait face à des risques de grave déchéance», dit-il. Un constat qu’il avait déjà établi à la veille des élections présidentielles. S’adressant aux décideurs et pointant du doigt ceux qu’il considère comme les acteurs de la scène politique et détenant la clé de sortie de crise, il avait longuement disserté sur le rôle que l’institution militaire devait jouer. Une analyse qui lui avait valu une levée de boucliers mais l’homme ne s’est pas laissé démonter. Candidat aux élections présidentielles de 1999 avant de s’en retirer, Hamrouche a fait le choix de ne pas prendre part à la récente consultation politique. Une posture qui lui permettra de se mettre au-dessus de la mêlée. Il en profitera pour faire de nombreux constats d’échec d’un système. Celui qui incarne l’ouverture et les réformes concédées par le pouvoir au début des années 1990 partira à la rencontre des acteurs politiques et sociaux pour la promotion de ce qu’il qualifie d’œuvre de construction d’un nouveau consensus national pouvant aboutir à une transformation du système de pouvoir. «L’impasse dans laquelle le pays est coincé recèle de graves menaces, exacerbe les facteurs de division, paralyse les institutions et soumet les hommes à des pressions impossibles», avait-il claironné à la veille des présidentielles. Son analyse n’a pas beaucoup changé depuis : il appelait jeudi à « ne plus accepter de vivre dans cette crise vieille d’un quart de siècle et qui étouffe toute opportunité d’évolution et interdit tout progrès collectif. Ne plus accepter le coût d’un effondrement qui suivra tôt ou tard, faute d’un nouveau consensus national». Il avait assisté en tant qu’invité à la conférence sur la transition politique sans faire partie de ses initiateurs préférant prendre son bâton de pèlerin seul et prêcher ce qu’il considère comme les solutions nécessaires à une sortie de crise. Une débauche d’énergie qui n’a pas fini de susciter des interrogations même si l’homme se défend de nourrir une quelconque ambition de revenir aux affaires.
N. I.