24 février : un bras de fer à haut risque

24 février : un bras de fer à haut risque

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 19 février 2015

Malgré le harcèlement administratif qu’elle subit visant à l’empêcher d’organiser toute action qui conforterait sa visibilité sur la scène politique, la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) persiste à vouloir organiser le 24 février des rassemblements et marches populaires en action de solidarité de sa part avec les habitants d’In Salah qui protestent depuis des mois contre l’exploitation du gaz de schiste et le début de forages exploratoires entamés dans leur région. Face à sa détermination dont il est craint qu’elle suscite l’intérêt populaire et partant une adhésion citoyenne aux démonstrations de contestation programmées par elle, l’UGTA et les partis affiliés au pouvoir ont décidé de lui disputer la rue en organisant eux aussi et à cette même date du 24 février des rassemblements et meetings populaires. C’est dire par conséquent que ce 24 février, l’ambiance sera particulière du fait de la confrontation qui opposera les deux camps.

A priori, l’opposition s’est imposé un défi qui pourrait tourner à sa confusion tant il apparaît que le travail de sensibilisation auquel elle s’est attelée en direction des citoyens et de la société civile ne semble pas avoir eu de résultats probants. C’est sur cela d’ailleurs qu’ont tablé les états-majors des partis et organisations proches du pouvoir ayant décidé de passer à l’offensive contre elle. Certains de ce fait que les moyens dont ils disposent et les facilités que ne manquera de leur prodiguer l’administration leur permettront de gagner la bataille.

Dans les deux camps, l’on s’affaire à organiser la démonstration de force que chacun voudrait éclairante de l’adhésion populaire que rencontrent la vision politique et les positions qui sont les siennes. L’enjeu du bras de fer qui se prépare ne laisse pas apparemment indifférent le président Bouteflika qui dans son message adressé exclusivement à la jeunesse, à l’occasion de la journée du chahid, dans lequel il l’a exhortée à ne pas « succomber aux discours extrémistes qui noircissent le tableau des réalisations de l’Algérie indépendante » et à ne pas se laisser « entraîner par les voix qui remettent en cause les acquis et réalisations du pays tant par le passé que présentement ». Sans la nommer, c’est sans aucun doute l’opposition qui entend manifester et protester le 24 février qui est pour Bouteflika « ces voix qui remettent en cause les acquis de la nation ».

Il ne faut pas se leurrer, tout sera fait pour que la démonstration de force projetée par l’opposition avorte. Ce qui doit faire craindre de possibles graves évènements si la mobilisation populaire espérée par l’opposition venait à se produire dans une ampleur insupportable pour le pouvoir. D’autant qu’il sait que la protestation que l’opposition veut faire exprimer par la rue n’est pas tant dirigée contre l’exploitation du gaz de schiste, mais contre lui et sa gouvernance. Cela explique le branle-bas de combat sonné par ses affidés contre une opposition dont l’activisme et la détermination les inquiètent désormais et dont il leur faut briser l’élan avant qu’elle ne devienne une force porteuse de l’alternative à leur système tant souhaitée par la majorité des Algériens.

Pour cette opposition, le 24 février sera un baptême du feu qui conditionne la crédibilité populaire à laquelle elle aspire et compte l’obtenir.