Redéploiement des terroristes au Sahel

Redéploiement des terroristes au Sahel

L’inquiétude d’Alger

Le Soir d’Algérie, 30 janvier 2018

Les menaces qui guettent le Sahel se précisent davantage. S’exprimant par une voie officielle, l’Algérie a fait savoir que les groupes terroristes projettent de se réactiver au moment où le très sérieux quotidien britannique The Sun annonce que le chef de l’organisation terroriste internationale se trouverait dans cette zone.
L’Algérie n’en est pas à sa première mise en garde contre les évènements qui se déroulent au Sahel. Le ministre des Affaires étrangères a révélé à de nombreuses reprises, ces dernières semaines, l’existence d’un réel danger aux portes du pays en raison d’informations faisant état du retour d’anciens éléments de Daesh ayant activé dans des territoires en conflit à Damas et Baghdad. Des informations également divulguées par l’Algérien Smaïl Chergui, responsable de la commission chargée de la paix et la sécurité en Afrique au sein de l’Union africaine. «Ils seraient près de 25 000 à se préparer à revenir en Afrique, certains sont déjà arrivés au Sahel», avait déclaré Smaïl Chergui à ce sujet. Cette fois, cependant, le Premier ministre est allé plus loin. S’exprimant lors de la 28e Conférence de l’organisation qui s’est achevée hier à Addis-Abeba, Ouyahia a annoncé que ces éléments de Daesh se préparaient à donner un nouveau souffle aux groupes en place au Sahel. Comme d’autres Etats de cette zone, l’Algérie a été à plusieurs reprises destinataire de rapports comportant des informations relatives au retour des anciens terroristes.
Entre 2016 et 2017, deux rapports ont été transmis afin de mettre en garde les pays du Maghreb et du Sahel contre le repli des terroristes dans le territoire concerné. Les documents avaient porté à la connaissance de leurs correspondants que le retour concernait environ 25 000 individus.
Il va sans dire que les propos d’Ouyahia sur la question puisent leur origine de renseignements précis, d’autant qu’ils interviennent au moment où des informations publiées par le journal britannique The Sun annoncent donc que le chef de l’organisation terroristes internationale se trouverait au Sahel. Dans son édition du mardi 23 janvier, ce journal a rapporté que «Al-Baghdadi pourrait se trouver quelque part dans le nord du Tchad ou la zone frontalière échappant à tout contrôle entre l’Algérie et le Niger. Ce dernier, nous apprend la même source, aurait quitté l’Irak en raison des coups porté à Daesh et se serait replié dans le désert du Sahel où il projette de redonner vie à l’organisation. Ce projet n’est pas nouveau. Au milieu de l’année 1997, on se souvient que certains médias occidentaux bien informés, parmi lesquels le quotidien français Le Figaro, avait annoncé (en février) que des données sérieuses laissaient entendre le prochain déplacement d’Al-Baghdadi au Sahel.
Les déclarations d’Ouyahia auraient-elles un lien avec cette information ? La possibilité n’est pas à écarter. Dans les milieux informés, on rappelle, en tous les cas, que les groupes terroristes activant dans la région ont récemment annoncé avoir fait alliance. Selon la même source, le mouvement unifié se fait appeler Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Selon une information rapportée par l’Agence française de presse (AFP), l’entreprise vise à combattre les troupes du G5 qui devraient se déployer dans peu de temps dans la zone. Cinq pays (le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Burkina Faso et le Tchad), soutenus par la communauté internationale, ont en effet convenu de mettre en action une force militaire africaine dans la zone afin de combattre les groupes terroristes. Bien que sollicitée à maintes reprises, l’Algérie a refusé de prendre part à cette initiative en raison des principes de neutralité du pays lui interdisant de mener des opérations militaires au-delà de ses frontières. Quoi qu’il en soit, la situation au Sahel préoccupe fortement Alger, qui mobilise déjà une grande partie de ses effectifs militaires pour parer à toute intrusion des terroristes. Plus globalement, toute la zone, soumise à une forte pression, a connu ces derniers jours un regain de tension suite aux terribles attentats au centre du Mali (un territoire où se concentrent les premières opérations du G5). Vingt-quatre personnes, des civils, ont trouvé la mort lors de l’explosion d’une mine ce jeudi. Les victimes se trouvaient à bord d’un véhicule pour se rendre vers une foire hebdomadaire.
Abla Chérif