Otages algériens du Mali : Morbide marketing politique du Mujao

Otages algériens du Mali : Morbide marketing politique du Mujao

par Salem Ferdi, Le Quotidien d’Oran, 10 septembre 2012

Dans un morbide exercice de marketing politique, les terroristes du Mujao tentent de mettre les autorités algériennes en porte-à-faux vis-à-vis des familles des otages algériens.

Le Mujao affirme avoir été surpris de découvrir que le personnel du consulat de Gao n’a pas été évacué. Il en profite pour accuser le MNLA de n’avoir rien fait alors qu’il pouvait sans risque évacuer le personnel algérien.

Le groupe terroriste du Mujao, qui dit avoir assassiné l’otage Hassan Touati et qui détient trois autres otages algériens, s’est manifesté une nouvelle fois, dans un communiqué particulièrement manœuvrier, publié sur le site mauritanien Sahara Media pour accuser le gouvernement algérien de ne jamais avoir été sérieux dans ses négociations. Et pour dire que c’est le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) qui a attiré leur attention sur le fait que l’équipe consulaire algérienne était toujours à Gao. Dans ce communiqué qui comporte aussi une menace pour les trois employés consulaires détenus par l’organisation terroriste, le Mujao affirme que le « processus de négociation sur le sort des otages n’a jamais pris une pente « sérieuse » chez le gouvernement algérien. Ciblant les familles des otages et une opinion algérienne sensibilisée à leur sort, l’organisation terroriste essaye de suggérer, une fois de plus, que l’Etat algérien a décidé de sacrifier les otages. La « diplomatie militaire » algérienne gère « mal » le dossier, ce qui « portera atteinte nécessairement à la vie des otages qui restent », indique le communiqué. Le Mujao donne sa version de la libération de 3 des 7 otages algériens. Il indique que les trois hommes avaient été remis à des notables de la région dans le cadre d’une médiation entreprise après qu’ils eurent reçu des « promesses » de la part de militaires représentant le pouvoir algérien dans les négociations. Ces promesses, affirme le communiqué du Mujao, portaient « sur l’exécution des demandes du Mujao en fonction d’un calendrier qui arrange le pouvoir algérien ». Le Mujao affirme, par ailleurs, que le ministère algérien des Affaires étrangères n’a aucun rôle dans le suivi de l’affaire sauf « pour inviter les familles des otages et les rassurer et même les assurer -comme s’ils savaient !- qu’ils étaient en vie et que les médicaments leur parviennent de façon régulière ».

LE MNLA A ATTIRE L’ATTENTION SUR LE CONSULAT DE GAO ET NE L’A PAS DEFENDU

Le groupe terroriste se saisit, par ailleurs, de la question qui est posée en Algérie sur l’absence d’ordre d’évacuation du consulat de Gao. Il y apporte sa réponse en affirmant que le pouvoir algérien « dans ses versants militaire et politique d’être directement responsable de l’emprisonnement des otages ». L’ambassadeur d’Algérie à Bamako est également mis en cause. Le Mujao insiste particulièrement sur le fait qu’il y avait eu suffisamment de temps et d’informations pour faire évacuer le consulat. « Nous avons passé des jours aux abords de Gao et nos positions ont été observées par des avions de reconnaissance. Ce qui a amené l’armée malienne à recourir aux hélicoptères et à l’artillerie pour essayer de nous empêcher d’approcher de la ville. Ensuite, nous avons été occupés durant les premiers jours après la conquête de Gao à mettre fin à l’anarchie provoquée par l’entrée des troupes du MNLA armées et non armées après qu’on en eut fait sortir l’armée malienne ».

Le Mujao affirme avoir pensé que le personnel algérien avait déjà quitté la ville mais qu’en définitive, ce sont les forces du MNLA déployées devant le siège du consulat qui ont attiré leur attention « sur la présence du consul et de ses agents ». Le MNLA, indique le communiqué, pouvait « s’empresser de les faire sortir sans risque mais ils ont préféré quitter eux-mêmes les lieux, sans contestation et sans résistance, à l’arrivée des combattants du Mujao ».