Le président malien accuse l’Otan
Circulation d’armes libyennes et situation explosive au Sahel
Le président malien accuse l’Otan
Le Temps d’Algérie, 22-02-2012
Le président malien, Amadou Toumani Touré (ATT), a accusé, hier, l’Otan d’être responsable de ce qui se passe, actuellement, au Mali et dans la bande sahélo-saharienne. Il dénonce le fait que la Libye soit «devenue un magasin d’armes à ciel ouvert».
En recevant à Koulouba les participants au Forum de Bamako, hier, le chef de l’Etat s’est interrogé : «Comment une colonne de près de 100 véhicules bourrés d’armes sophistiquées pouvaient échapper au contrôle de l’Otan et traverser tout le Sahel, y compris certains pays de la région pour atterrir au Mali ?»
Le président de la République ajoute que «l’Otan dispose de plus de moyens pour pouvoir les stopper…» «Mais elle ne l’a pas fait. Alors que les chefs d’Etat de la région avaient maintes fois mis en garde l’Occident contre les risques de cette crise sur les Etats du Sahel.»
Le chef de l’Etat malien s’exprimait devant un panel composé de chercheurs, universitaires, fonctionnaires internationaux, anciens responsables d’Etat venus de divers horizons. Ainsi, mis au courant, comme ils l’ont été par Amadou Toumani Touré, ils «sauront faire preuve de discernement dans le traitement du dossier». Il a ajouté que «(…) la crise libyenne semble avoir donné un nouvel élan aux djihadistes qui ont acquis de nouvelles armes auprès des belligérants libyens».
«Ceux qui nous combattent, nous ne savons pas qui ils sont réellement. Nous n’avons jamais fait face à un soulèvement d’une telle ampleur», a lancé ATT.
Le président malien a qualifié la Libye de «magasin d’armes le plus important et le moins cher, les bandits de tout acabit sont partis s’approvisionner à bon marché». «Des armes ont pris la direction du Sahel au vu et au su de tous, y compris de l’Otan qui, pourtant, n’était pas en manque de dispositif pour stopper ce trafic et empêcher la remontée de cet arsenal vers le Sahel»,
selon le chef de l’Etat malien. A rappeler que le président de l’Union africaine Yayi Boni avait déclaré, récemment, que «le Mali est victime des effets collatéraux de la crise libyenne, et au-delà du Mali, c’est toute la bande sahélienne qui sera paralysée».
De son côté, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC ou «Aqmi»), grand bénéficiaire de la guerre en Libye et la situation, actuelle, au Sahel, tente de «recruter» dans la région, après être entré en possession d’importants lots d’armes et de munitions.
C’est ainsi que la nébuleuse tente de s’attirer la «sympathie» de la rébellion touareg du MNLA, en conflit armé avec l’armée gouvernementale malienne. C’est à coups d’attentats contre des casernes militaires de l’armée malienne que l’organisation terroriste d’Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, tente de conclure une alliance avec le MNLA et renforcer sa présence dans la région.
Chose que la rébellion touareg du MNLA refuse, dénonçant, ouvertement, l’«Aqmi». «Je le dis et je le répète : nous n’avons rien à voir avec Aqmi, nous ne sommes pas des trafiquants de drogue, nous ne sommes pas des bandits ! Pour nous, ce sont des actes qui polluent notre territoire et qui ont perduré à cause des autorités à Bamako», a déclaré, avant-hier, Mahmoud Ag Aghaly, président du bureau politique du MNLA, rappelle-t-on. L’«Aqmi» s’était déjà allié à l’aile armée du Conseil national de transition (CNT) libyen, contre le régime de Mouammar El Kadhafi.
C’est ainsi que l’«Aqmi» participe, à sa manière, à l’effritement du Sahel, servant des intérêts contraires aux peuples de la région.
Côté «politique», le FIS-dissous qui rejoint l’«Aqmi» dans sa quête, s’est, rappelle-t-on, empressé de reconnaître le Conseil national de transition (CNT) libyen, au moment où la guerre contre le régime de Mouammar El Kadhafi faisait rage.
L’ex-FIS, comme l’«Aqmi», ne compte pas s’arrêter là dans sa démarche à «plaire» à certains pays du Golfe et aux pays occidentaux qui le soutiennent, en reconnaissant le Conseil national syrien (CNS), représentant l’«opposition» au régime de Bachar Al-Assad. L’ex-FIS, comme l’«Aqmi» se partagent, donc, les rôles, chacun en ce qui le concerne, servant des intérêts pour le moins occultes.
M. A.