Aqmi a voulu enlever Kerry Kennedy à Tindouf !
Une cible de rêve pour un impact médiatique massif
Aqmi a voulu enlever Kerry Kennedy à Tindouf !
par Salem Ferdi, Le Quotidien d’Oran, 29 août 2012
Aqmi aurait planifié l’enlèvement de l’héritière de la dynastie des Kennedy, Kerry, au moment de sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis. C’est ce qu’affirme le site spécialisé Middle East Confidential en citant des sources crédibles au sein de la communauté du renseignement américain.
Al-Qaïda au Maghreb islamique aurait songé à un coup d’éclat médiatique de dimension planétaire en planifiant l’enlèvement de Kerry Kennedy, l’héritière de la puissante dynastie des Kennedy aux Etats-Unis. L’impact aurait été énorme : une Américaine de « grande qualité » enlevée et des services de sécurité, sahraouis et algériens, ridiculisés. L’intérêt médiatique international encore plus assuré sans compter des possibilités larges d’en monnayer la libération. A l’évidence, la cible Kennedy était théoriquement très tentante pour les djihadistes d’Aqmi. Pour les « sources crédibles » citées par Middle East Confidential, il ne s’agit pas de simple théorie. La visite de Mme Kerry Kennedy, présidente du Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’homme (Centre RFK), qui s’est déroulée ces deux derniers jours était annoncée publiquement. L’héritière des Kennedy était accompagnée d’une délégation d’experts internationaux pour observer la situation des droits de l’homme aussi bien dans les camps de réfugiés en Algérie qu’au Sahara Occidental sous occupation marocaine. La délégation s’était donné pour mission d’évaluer la « situation des droits de l’homme en se rendant sur place et en rencontrant des défenseurs des droits de l’homme, les autorités gouvernementales, et des familles ordinaires séparées par le conflit ». Mme Kerry Kennedy a même soutenu « l’élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme », un aspect qui déplaît aux autorités marocaines.
UNE REACTION A L’ARRESTATION D’ABOU ISHAK ESSOUFI !
Selon ces hommes du renseignement américain, la CIA dispose de « preuves crédibles » qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique a bien planifié de kidnapper Mme Kennedy avant qu’elle ne rencontre des représentants officiels du Front Polisario. « Tous les renseignements recueillis ont été transmis aux services de sécurité algériens », indique la même source. Pour la CIA, Kerry Kennedy, personnalité emblématique aux Etats-Unis, aurait été une cible de choix pour un groupe terroriste qui a déjà enlevé de nombreux étrangers. Le plus révélateur dans l’information rapportée par Middle East Confidential est le lien qui est fait par les sources citées avec l’arrestation le 15 août dernier du côté de Berriane (Ghardaïa) d’un groupe de trois djihadistes dont le « juge religieux » et le président de la « commission juridique » d’Aqmi, Necib Tayeb, alias Abderrahmane Abou Ishak Essoufi. C’est en représailles à cette arrestation qu’Aqmi aurait planifié de s’en prendre à l’héritière des Kennedy. Pour rappel, le Mujao fait désormais de la libération d’Abou Ishak Essoufi une exigence principale et a menacé de s’en prendre aux quatre otages qu’il détient encore. Cela donne une idée de l’importance du personnage ou des pertes qu’Aqmi s’attend de son débriefing par les services de sécurité algérien.
SECURITE RENFORCEE DANS LES CAMPS
Il reste que l’enlèvement de Mme Kennedy à Tindouf paraît difficilement réalisable à Tindouf après le renforcement drastique des mesures de sécurité suite à l’enlèvement en octobre 2011 des trois travailleurs humanitaires européens. Ces travailleurs humanitaires – deux Espagnols, dont une femme, et une Italienne – auraient été libérés contre le paiement d’une rançon de 15 millions d’euros. Le porte-parole du Mujao en avait profité pour mettre en garde les « Occidentaux qui vont se hasarder dans les camps du Polisario… Nous avons des moujahidine qui les attendent sur place ». Le propos relevait, selon toute probabilité, de la propagande. Le risque d’enlèvement de Mme Kennedy qui devait de toute façon, avec ou sans alerte de la CIA, être entourée d’un dispositif de sécurité spécial paraît cependant pratiquement nul. Mais qu’Aqmi, en quête de « bonnes prises », ait songé à une telle possibilité n’est pas à exclure même si cela relève de l’opération suicide.