Pensions des anciens combattants : Les Africains alignés sur les Français

Pensions des anciens combattants : Les Africains alignés sur les Français

El Watan, 14 juillet 2010

Le président français a annoncé, hier, la « décristallisation » des pensions des anciens combattants étrangers.

Concrètement, cette décision devrait marquer la fin de l’inégalité officielle de traitement entre militaires retraités français et ceux issus des troupes coloniales, et qui sont pour la plupart des Africains ayant servi dans l’armée française. Les pensions des combattants étrangers sont en effet gelées depuis 1959. L’annonce a été faite, précise l’AFP qui a rapporté l’information, lors d’un déjeuner réunissant les dirigeants de 13 pays africains. « C’est pour témoigner de notre reconnaissance indéfectible envers les anciens combattants originaires de vos pays que nous souhaitons les voir bénéficier désormais des mêmes prestations de retraite que leurs frères d’armes français », a notamment déclaré M. Sarkozy. Il est à souligner que la « cristallisation » des pensions au moment de l’indépendance des colonies françaises était vécue comme une « sanction » infligée par la France à l’égard de combattants qui s’étaient pourtant battus pour elle pendant les deux guerres mondiales et qui avaient contribué de manière décisive à débarrasser l’Europe du nazisme et du fascisme. Des milliers d’entre eux y ont d’ailleurs laissé leur vie.

Dans une décision rendue le 28 mai dernier, le Conseil constitutionnel français, rappelle l’AFP, avait estimé non contraire au principe d’égalité que les pensions soient différentes, selon que l’ancien combattant réside en France ou à l’étranger. Mais il avait censuré des dispositions législatives qui réservaient un sort différent aux bénéficiaires français et étrangers résidant à l’étranger. La dépêche de l’AFP précise que cet alignement devrait bénéficier à quelque 30 000 personnes. Selon la presse française, il en coûterait un peu plus de 150 millions d’euros au budget français pour mettre un terme à cette injustice qui aura duré plusieurs décennies. Dans un article consacré au sujet, le quotidien le Monde rappelle que depuis 1959, le gel permanent des pensions des vétérans africains a fini à la longue par devenir un important sujet de discorde entre Paris et les capitales africaines. Plus encore, ce gel « était même devenu une preuve du « racisme » officiel de la France ». Au-delà du symbole, si l’annonce de l’alignement des retraites des anciens combattants issus des troupes coloniales et résidant à l’étranger sur celles de leurs homologues français a été accueillie favorablement en Afrique, il se trouve que certains d’entre eux estiment tout de même qu’il est de leur droit légitime de réclamer les sommes qui leurs ont été enlevées depuis les années 50. La presse française de gauche estime, en tout cas, que c’est à cette seule condition qu’il sera possible de mettre définitivement fin à la polémique suscitée par ce dossier.

Par Z. C.