La France va nommer un “Monsieur Algérie”

Paris s’y est engagé auprès d’ouyahia selon l’ambassadeur de france

La France va nommer un “Monsieur Algérie”

Par : Azzeddine Bensouiah, Liberté, 17 juillet 2010

L’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, a saisi l’occasion de la célébration du 14 juillet pour revenir sur ce qui agite les relations algéro-françaises.

Dans un discours prononcé devant ses invités, Xavier Driencourt a dressé un état des lieux des plus élogieux des relations algéro-françaises, balayant d’un revers de la main tous les malentendus, toutes les tensions et tous les profonds désaccords.
L’ambassadeur de France a choisi d’entamer son intervention en rendant un vibrant hommage à l’émir Abdelkader. Pour lui, le 14 juillet, c’est aussi l’évocation d’un événement qui s’est déroulé il y a 150 ans, lorsque l’émir Abdelkader, alors exilé à Damas, a volé au secours des chrétiens en 1860, en pleine période de tensions entre Ottomans et chrétiens.
Xavier Driencourt ne tarira pas d’éloges sur l’émir, sa hauteur de vue et son humanisme.
Ceci pour l’histoire, quant au présent et au futur, le représentant de la France en Algérie dresse un tableau idyllique. Il évoquera la question de la sécurité, martelant la nécessité de lutter contre la prolifération nucléaire. Le message est clair : il s’adresse aux Iraniens que la France a mis dans son collimateur, mais pas seulement. Les autres pays musulmans, tentés par la technologie nucléaire sont avertis. Contrairement à Israël, qui possède l’arme nucléaire et qui n’adhère pas au TNP, et contrairement à la France, grande puissance nucléaire, ayant un passif des moins reluisants, en matière d’essais malheureux, que ce soit en Algérie ou dans le Pacifique, les pays arabes et musulmans n’ont pas le droit de s’y approcher.
Évidemment, l’ambassadeur français n’omettra pas d’évoquer la lutte antiterroriste et le prix payé par l’Algérie dans son combat solitaire et parfois contre vents et marées.
Xavier Driencourt parlera du défi environnemental qui interpelle les pays de la Méditerranée et évoque l’après-pétrole et le développement des énergies nouvelles. Il évoquera aussi la réforme du capitalisme et des débats en cours au sein du G8 et du G20.
Mais l’ambassadeur de France reviendra sur l’histoire, celle commune aux deux pays, en évoquant l’approche du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Il estimera que “d’importantes étapes ont été franchies, par exemple, en ce qui concerne l’indemnisation des victimes des essais nucléaires au Sahara. Une loi a été promulguée en début d’année qui met en place un fonds d’intervention doté de 10 millions d’euros. À ce propos, contrairement à ce que certains articles de presse ont faussement indiqué ces derniers jours, il n’existe aucune discrimination entre victimes algériennes et victimes françaises”.
Mais l’histoire commune s’arrête là, pas de repentance ni excuses sur tout ce qui s’est passé entre 1830 et 1962.
L’ambassadeur évoquera les relations bilatérales et affirmera que la convention de partenariat liant les deux pays est entrée en vigueur et publiée au Journal officiel français le 28 juin 2010. Il dira que plusieurs textes d’accords sont actuellement en cours de discussion, en particulier un protocole de coopération en matière de soins, de santé, ainsi qu’un accord sur la lutte contre la pollution en Méditerranée.
Mais Xavier Driencourt revient à son sport préféré : le démenti, en réfutant tout ce qui se dit au sujet de la révision des accords de 1968 relatifs à la circulation des personnes entre l’Algérie et la France. Pour lui, les discussions en cours, entre responsables des deux pays “sont indispensables pour adapter l’accord migratoire aux évolutions de son environnement démographique et réglementaire. Ces discussions ne sont pas les premières et ne seront pas les dernières : elles constitueraient la quatrième mise à jour du texte depuis son entrée en vigueur. Leur objectif est clair : faciliter la circulation entre la France et l’Algérie, fluidifier les allers et retours entre les deux pays. Et ceci concerne le sens Algérie-France, comme France-Algérie”.
Poursuivant sur sa lancée, l’ambassadeur de France martèle que son pays “est le premier investisseur étranger hors hydrocarbures en Algérie, avec 430 filiales d’entreprise et 150 000 emplois directs et indirects. Les entreprises françaises ne viennent pas ici” faire des coups “ni pour profiter des effets d’aubaine. Elles travaillent dans la durée et sur la distance : en 2009, 80% des bénéfices réalisés en Algérie ont été réinjectés dans l’économie du pays”. En plus, le gouvernement français a décidé de nommer un “Monsieur Algérie” chargé de promouvoir les investissements français en Algérie.
Tout comme les Italiens, les Français semblent agacés d’avoir été mal servis par le gouvernement algérien, en matière de gros contrats des deux derniers plans quinquennaux qui sont allés, majoritairement aux Chinois et aux Égyptiens.