Emigration, fuite des cerveaux, transferts de fonds…

Emigration, fuite des cerveaux, transferts de fonds…

La France et nous : Les chiffres

Par Meziane Rabhi, Liberté, 17 octobre 205

– Sur 10 000 médecins étrangers dans l’Hexagone, 7 000 sont des Algériens – 42% des effectifs de la communauté installée sont des femmes – À partir de 1991, les investissements algériens dépassent les 15 millions d’euros par an – Les moudjahidine ont importé de ce pays 38 946 véhicules dans les années 90 pour environ 500 millions de dollars.

“Contrairement à l’exil de leurs aînés, la mobilité des Algériens s’opère aujourd’hui dans un contexte nouveau. C’est moins le poids démographique, en baisse depuis quelques années, qui crée la pression migratoire, que l’imaginaire migratoire nourri d’un côté par le modèle occidental, et de l’autre, par les circonstances tragiques vécues par le peuple algérien au cours des années 1990”.
C’est ce qui ressort d’un rapport “MigrationS méditerranéennes” financé par la Commission européenne. Nacer Eddin Hammouda, qui a participé à l’élaboration du rapport, affirme que “les Algériens sont devenus, à partir de 1994, la population étrangère la plus nombreuse à avoir franchi les frontières françaises. L’évolution des flux d’Algériens vers les autres pays européens et de l’Amérique du Nord a également progressé, en particulier vers le Québec, les États-Unis, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni”. Les femmes sont devenues des acteurs de la mobilité. Elles apparaissent pratiquement dans toutes les catégories de migrants. Leur part dans les effectifs installés gagne en importance chaque année. En France, elles représentent plus de 42% des effectifs de la communauté algérienne.
“À la migration de travail est venue s’ajouter la mobilité de la main-d’œuvre qualifiée et des compétences hautement qualifiées”, souligne le rapport. Les profils professionnels dominants dans la mobilité sont, l’informatique, la médecine et la technologie. Le recensement général de la population, réalisé par l’INSEE, relève qu’avec 228 000 actifs, les Algériens occupent la seconde place derrière les Portugais et devant les Marocains. 75% des Algériens débutent leur carrière par un emploi classé dans la catégorie des ouvriers.
Ceux qui ont pu suivre une formation professionnelle ne représentent que 17% des effectifs de migrants ayant bénéficié de cette formation. Les données de l’INSEE indiquent que 30,08% des actifs algériens sont demandeurs d’emploi.
Ils sont parmi ceux qui mettent le plus de temps pour trouver un emploi. (420 jours en moyenne contre 300 jours pour les Français). “C’est la population qui subit le plus de discrimination”, note Nacer Eddin Hammouda.

Le chiffre annuel des commerçants est évalué à 20 milliards de dollars
Selon le rapport, le nombre d’Algériens ayant des compétences scientifiques hautement qualifiées à l’étranger dépasse les 5 000. En France, ce sont les médecins qui constituent le gros des effectifs. Sur les 10 000 médecins étrangers recensés dans ce pays, 7 000 sont algériens. Le nombre de chercheurs scientifiques algériens aux USA serait relativement important, sur un effectif de 18 000 ressortissants algériens. La situation est identique au Québec et dans certains pays européens comme l’Allemagne, qui vient de recruter plus de 300 informaticiens algériens. Sur un autre registre, dans une étude réalisée à la fin des années 1990, citée dans le rapport, la Banque de France révèle que les investissements directs des Algériens en France ont atteint, pour la période 1984-1993 un peu plus de 100 millions d’euros. À partir de 1991, leurs investissements dépassent les 15 millions d’euros par an et se dirigent vers l’immobilier, les commerces et les services. Le chiffre d’affaires annuel des commerçants est estimé à 20 milliards d’euros, dont 75% sont dans le secteur de l’hôtellerie et la restauration. Concernant les transferts de fonds vers l’Algérie, Nacer Eddin Hammouda note, que “depuis 1980, les transferts de fonds par les canaux bancaires ont sensiblement régressé”. Selon les statistiques bancaires, les sommes transférées par les Algériens de France vers leur pays d’origine avoisineraient 2,5 milliards d’euros par an, mais moins de 10% de ce montant transite par des circuits officiels.
D’après les données fournies par la Banque d’Algérie et le ministère des Postes et Télécommunications, la plus grande partie des fonds transférés provient des économies de salaires, des pensions, des retraites, des mandats-poste et des opérations de change à l’entrée au pays.