L’Algérie a officiellement demandé à la France la restitution du mythique canon Baba Merzoug
Merouane Korso, Maghreb Emergent, 04 Août 2012
Après bien des hésitations, l’Algérie a officiellement demandé à la France de lui restituer le célèbre canon Baba Merzoug, pris comme trophée de guerre le 5 juillet 1830, au lendemain de la chute d’Alger et exposé depuis au port militaire de Brest. L’information, donnée samedi par le quotidien »Ouest France », fait le »buzz » sur la toile DZ. C’est que Baba Merzoug pour l’Algérie, « La Consulaire » pour la France, a une histoire particulière.
C’est, en fait, au début du mois de juillet 2012 que l’Algérie a officiellement demandé à la France la restitution de cette pièce d’artillerie, unique de part sa longueur et sa portée pour l’époque. « Une demande officielle a été déposée, début juillet, auprès du Quai d’Orsay (ministère français des Affaires étrangères) qui examine le dossier », a indiqué une conseillère du ministre français de l’intérieur, citée par »Ouest France » et l’AFP. C’est, officiellement, la première fois que l’Algérie sollicite la France pour la restitution de ce mythique canon, alors qu’auparavant, seule la Fondation Casbah a fait une telle démarche auprès des autorités françaises. En 2005, une demande timide par voie de presse a été suggérée, mais Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la défense, avait opposé un »niet » catégorique: »il n’en est pas question », avait-elle répondu à un journaliste qui lui demandait la position de la France. Et, depuis le traité d’amitié algéro-français avorté des années 2005, le dossier a été remis dans les tiroirs de l’histoire tumultueuse algéro-française.
Protection et sécurité contre les envahisseurs
Le canon Baba Merzoug, ou La Consulaire pour les français, est né à la fin des travaux de fortification de la ville d’Alger, en 1542. Fabriqué par un fondeur vénitien suite à la commande du pacha Hassan, qui avait succédé à Kheireddine, sa portée était exceptionnelle pour l’époque, 4.872 mètres, et un poids impressionnant, 12 tonnes. Il sera ainsi baptisé par les algérois pour leur avoir procuré protection et sécurité contre les envahisseurs, dont l’invincible armada de Charles Quint, vaincue aux portes d’Alger par Baba Merzoug. Lors du siège d’Alger en 1671 par la flotte de l’amiral Duquesne, le consul de France et missionnaire auprès du Dey à Alger, le père Le Vacher, accusé de traîtrise, a été mis dans la bouche du canon et »tiré » avec un boulet vers le navire amiral français. Pour la marine française, Baba Merzoug sera dès lors baptisé »La Consulaire ». A la chute d’Alger, le 5 juillet 1830, l’amiral Guy Duperré le fait immédiatement expédier à Brest. Trois ans plus tard, il est exposé au public avec sur sa »bouche » un Coq, et gît sur son emplacement actuel depuis le 27 juillet 1833. C’est le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a sous le coude le dossier du retour en Algérie de Baba Merzoug.