Cadres français: Fuite ou rapatriement ?
APRÈS MICHELIN, DES CADRES DE VINCI QUITTENT L’ALGÉRIE
Fuite ou rapatriement ?
Le Soir d’Algérie 8 octobre 2007
Pas moins de 16 cadres de Vinci Construction, chargés de la réalisation du métro d’Alger, auraient quitté l’Algérie pour raisons sécuritaires. Toutes nos tentatives de confirmer l’information auprès des responsables du groupe français se sont avérées vaines.
Au niveau des chantiers de la capitale où nous nous sommes déplacés, aucun responsable n’a voulu répondre à nos questions. L’accès aux chantiers étant «strictement » interdit aux personnes «étrangères», les agents de sécurité postés à l’entrée nous ont, dans un premier temps, exigé un ordre de mission, avant de prendre attache avec des responsables qui se trouvaient au niveau des bureaux. Ces derniers ont fait savoir par l’intermédiaire de l’agent de sécurité qu’ils n’avaient absolument rien à dire à la presse. Vinci avait remporté aux côtés de l’allemand Siemens et de l’espagnol CAF un contrat de 380 millions d’euros pour la réalisation de la première ligne de métro d’Alger. Sa part s’élève à 121 millions d’euros, tandis que Siemens Transportation Systems est le mandataire du projet, CAF est chargé du matériel roulant. La filiale construction et grands projets de Vinci s’est vu conférer l’aménagement de dix stations, la construction d’un bâtiment technique de 16 000 m2 et d’ateliers, ainsi que les lots techniques liés au désenfumage, à la ventilation et aux escaliers mécaniques. Le tout devant être livré au bout de 35 mois. Quel impact pourrait avoir le départ des cadres de l’entreprise sur l’avancement des travaux ? Nul n’était hier en mesure de répondre. Toujours est-il, que si une telle information se confirmait, Vinci serait la deuxième entreprise française à faire rapatrier ses employés après Michelin Algérie qui avait annoncé, il y a une semaine, le rapatriement «à titre préventif » des familles de cadres suite aux menaces d’Al-Qaïda sur les intérêts français. Dans un communiqué rendu public par le groupe, ce dernier expliquait que «ce rapatriement a été décidé suivant une procédure propre au groupe, après appréciation de la situation sécuritaire » tout en précisant qu’il n’avait reçu aucune menace terroriste directe. Dans un communiqué mis en ligne, l’organisation d’Al Qaïda au Maghreb appelait à «débarrasser le Maghreb, — Algérie comprise — des fils de Français et d’Espagnols. Ô, nation musulmane du Maghreb (…), rétablir Al Andalous est une mission qui incombe à la nation en général et à vous en particulier, et vous ne serez pas en mesure de le faire sans nettoyer tout d’abord le Maghreb musulman des enfants de la France et de l’Espagne, qui sont revenus après le sacrifice du sang de vos pères et de vos grands-pères, versé pour les expulser. Vous ne pouvez le faire qu’en débarrassant le Maghreb islamique des fils de la France et de l’Espagne qui sont revenus ». Ces menaces, ajoutées aux départs annoncés et à l’attentat perpétré à Lakhdaria et ayant ciblé des cadres français seraient à l’origine du déplacement parisien de Zerhouni, parti rassurer la partie française quant à la préservation des intérêts français.
N. I.