Michèle Alliot-Marie en éclaireur à Alger pour déblayer le terrain de la confiance

Union Pour la Méditerranée et lutte contre le terrorisme

Michèle Alliot-Marie en éclaireur à Alger pour déblayer le terrain de la confiance

El Watan, 6 mai 2008

La ministre française de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités locales, Mme Michèle Alliot-Marie, arrivée hier à Alger pour une visite de deux jours, ne semble pas percevoir la présence des Etats-Unis dans la région du Maghreb et du Sahel comme une menace au « pré carré » de son pays.

Mme Alliot-Marie privilégie, en effet, une coopération « internationale » dans la lutte contre le risque terroriste. « Le terrorisme comme d’ailleurs la grande criminalité dépassent aujourd’hui très largement nos frontières. » Ces domaines de la sécurité intérieure et de la sécurité extérieure se rejoignent. Ainsi, il est indispensable de pouvoir travailler à l’échelle internationale, c’est-à-dire avec plusieurs pays, pour pouvoir lutter contre le risque terroriste », a-t-elle affirmé hier dans un point de presse animé à l’aéroport international d’Alger. Mme Alliot-Marie, qui a évité de commenter l’institution d’un nouveau commandement américain pour l’Afrique, baptisé « Africom », a tout de même nuancé son propos estimant qu’« il faut des ensembles pour pouvoir y arriver ». La France pourrait donc piloter un dispositif similaire à l’Africom américain pour mener la chasse au terrorisme au niveau de la rive sud de la Méditerranée. L’invitée de Yazid Zerhouni évoque même l’esquisse d’un tel projet en concédant que « l’Europe est en train de s’organiser sur ce point ». A ce titre, elle a exprimé le vœu d’avoir le maximum de partenaires dans cette entreprise, précisant qu’elle préfère associer des pays avec lesquels la France « a des liens de confiance étroits ». Cette approche bilatérale devrait être le prélude à un regroupement plus important des autres pays des deux rives de la Méditerranée. Sans le dire clairement, Mme Alliot-Marie fait sans doute allusion à cette union pour la Méditerranée dont l’acte de naissance devra être signé le 13 juillet prochain à Paris à la faveur du sommet des chefs d’Etat. Ce « front » méditerranéen contre le terrorisme et le crime organisé pourrait être le pendant sécuritaire des accords bilatéraux sur l’émigration clandestine que la France a d’ores et déjà signé avec le Maroc et la Tunisie.

Pallier la défection de Kouchner

Mais avant d’en arriver là, les deux pays doivent déblayer le terrain de la confiance qui ne semble pas tout à fait au niveau souhaité par Alger et Paris. C’est d’ailleurs sur ce point précis qu’a embrayé le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, pour qui la visite de son homologue française « sera l’occasion d’approfondir la coopération et l’amitié algéro- françaises que nous voulons bâtir sur la confiance ». Il y a donc forcément des sujets qui fâchent ! M. Zerhouni le confirme par ce message sibyllin : « Cette visite permettra d’élaborer un bon programme pour améliorer davantage les relations algéro-françaises. » Un programme qui sera « cadré » par le tête-à-tête ce matin entre le président de la République et Mme Alliot-Marie qui sera, à l’occasion, la messagère du président Sarkozy pour lever les derniers malentendus sur les contours de l’union pour la Méditerranée. Un projet aux contours géopolitiques encore flous, aux yeux des autorités algériennes, mais qui ne pourrait se faire sans l’Algérie. Et à quelques semaines de sa proclamation, Paris devra convaincre Alger de rejoindre ce club. Mais l’Algérie n’entend point jouer les seconds rôles, surtout que les première « fuites » ne sont pas très emballantes, notamment au sujet de la répartition des tâches côté sud. Quoi qu’il en soit, Mme Alliot-Marie pourrait servir d’éclaireuse à son collègue des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, dont la visite a été ajournée à la dernière minute pour un problème de calendrier ( ?). Sarkozy pourrait compter surtout sur son Premier ministre, François Fillon, qui sera l’hôte de Bouteflika avant la tenue du sommet de Paris. D’ici là, tout peut arriver.

Hassan Moali


Plaidoyer pour une coopération « décentralisée »

Le ministre français de l’Intérieur, Mme Michèle Alliot-Marie, a plaidé hier à la résidence El Mithak, à Alger, en faveur d’une « coopération décentralisée » entre collectivités locales de France et d’Algérie, dans le cadre du « partenariat d’exception » entre les deux pays. « La coopération décentralisée entre collectivités locales de France et d’Algérie », a déclaré Mme Alliot-Marie, lors d’une conférence sur la modernisation de l’administration territoriale, est « une des voies du partenariat d’exception qui existent entre la France et l’Algérie », a-t-elle ajouté, en présence du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, des maires des 115 villes les plus importantes d’Algérie et de 72 chefs de daïra. « Pour le présent et l’avenir, je vous propose d’emprunter ensemble cette voie de coopération généraliste », a-t-elle dit. La ministre a estimé que la convention de partenariat signée à l’occasion de la visite « nous incite à développer ces partenariats locaux ». Elle a rappelé qu’une cinquantaine d’accords bilatéraux existent entre l’Algérie et la France.

H. M.

 


Zerhouni et Alliot-Marie amorcent les discussions

Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, a eu hier à Alger des entretiens avec son homologue français, Mme Michèle Alliot-Marie, au siège du ministère de l’Intérieur.

Ces entretiens se sont ensuite élargis aux membres des deux délégations, à savoir du côté algérien, MM. Daho Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales, Abdelkader Ouali, secrétaire général du ministère de l’Intérieur, le général-major Ahmed Bousteila, commandant de la Gendarmerie nationale, Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale, Mustapha El Habiri, directeur général de la Protection civile, Abdelkrim Nenouche, directeur général de la garde communale et des cadres du ministère des Affaires étrangères. La délégation française était quant à elle composée de Bernard Bajolet, ambassadeur de France à Alger, Mme Bernadette Malgron, secrétaire général du ministère de l’Intérieur, MM. Jean-Pierre Guinhut, conseiller diplomatique, David Sénat, conseiller chargé des questions juridiques, judiciaires et du culte, Frédéric Pechenard, directeur général de la police française et Henri Masse, directeur de la défense et de la sécurité au ministère de l’Intérieur. Mme Alliot-Marie, qui a prononcé un discours sur la décentralisation devant les représentants des collectivités locales, devra avoir une intense activité aujourd’hui avec des représentants d’autres domaines liés à son département. Elle procédera notamment à la signature d’une convention de financement d’un montant de 2,2 millions d’euros pour la formation et la modernisation des services de protection civile algériens. La ministre de l’Intérieur, en charge des cultes, doit aussi s’entretenir avec le ministre algérien des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamallah, de la situation des communautés chrétiennes en Algérie. Mme Alliot-Marie doit se rendre également à Tlemcen pour assister à la présentation d’un rapport sur la criminalité transfrontalière et sur le programme de développement de la police algérienne. Mais ce sera aussi une visite-clin d’œil au contentieux algéro-marocain sur le trafic de drogue et l’immigration clandestine. Il s’agira de constater de visu la faisabilité d’une réouverture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc que Rabat a (curieuse coïncidence !) remis au goût du jour hier même. Une réouverture, rappelle-t-on, conditionnée fermement par l’Algérie, et cela depuis plusieurs années, par le traitement préalable de tous les dossiers bilatéraux.

H. M.