La Coface et le risque Algérie

La Coface et le risque Algérie

Entre l’embellie financière et l’augmentation des sinistres

Par FaÏçal Medjahed, Liberté, 29 décembre 2004

L’Algérie a demandé aux agences d’assurance crédit de l’Ocde de réviser de nouveau le risque Algérie.

La Compagnie française d’assurance crédit à l’exportation (Coface) organisera un colloque international sur le risque pays en  janvier 2005 à Paris. Cette rencontre annuelle regroupe des spécialistes français et étrangers du monde bancaire et de l’entreprise. Elle sera consacrée à l’examen des risques et opportunités des pays du monde entier ainsi qu’à l’étude des tendances de l’économie mondiale.
Autrement dit, elle permettra de dresser le panorama des potentialités existantes dans chaque pays du monde, notamment en termes d’investissement. Les experts de la Coface passeront en revue, également, le risque pays de l’ensemble des nations du monde entier, dont l’Algérie.
Ceci étant dit, la Coface examinera les différentes opportunités offertes par le marché algérien et les risques existants dans les domaines politique, économique, financier et social.
Cette agence a reconsidéré déjà le risque Algérie en le ramenant à la catégorie 4 sur une échelle de 7 dans le classement établi en 2003, soit un risque modéré. Les autres agences de notation telles que Sace  (Italie), Hermès (Allemagne) et Ducroire (Belgique) ont classé l’Algérie au niveau 4, soit un risque modéré.
L’amélioration du classement de l’Algérie est due essentiellement, dit-on, à la baisse de la tension sur le plan sécuritaire et politique et l’aisance financière dont bénéficie l’économie nationale comparativement au début des années 1990.
Les spécialistes de la Coface ont souligné dans leur rapport sur le risque Algérie que « la bonne tenue des cours pétroliers a renforcé la situation économique et financière du pays puisque les recettes pétrolières ont dopé les comptes publics, donnant aux autorités les moyens d’une politique de relance économique par les dépenses afin de créer des emplois et satisfaire les attentes relatives à l’amélioration des infrastructures ». Ces experts ont relevé que « les comptes extérieurs ont bénéficié de la manne pétrolière, permettant largement de couvrir la charge de la dette et d’accumuler des réserves en devises dont le montant est supérieur à celui de la dette extérieure ». Cette tendance devrait se poursuivre, selon eux, en 2005. Néanmoins, ils ont noté que « la solvabilité des entreprises hors hydrocarbures est contrainte d’un secteur industriel public non rentable, d’un secteur bancaire inadapté, des rigidités administratives et des investissements insuffisants ». Et pour cause, les réformes structurelles visant à diversifier l’économie et moderniser l’appareil productif tardent à se concrétiser en raison des tensions politiques et sociales, ajoutent-ils.  Ces derniers estiment, par ailleurs, que « le taux de croissance atteindra 4,5% et l’inflation sera de 4,4% en 2005 ».
Les réticences exprimées par la Coface sont liées, selon les spécialistes, au crash du groupe Khalifa qui a engendré des pertes de 60 millions d’euros aux entreprises françaises. Cette agence reste, précise-t-on, très prudente vis-à-vis des entreprises privées algériennes en raison des scandales suscités par la fermeture de trois banques privées, en l’occurrence l’ex-El Khalifa Bank, la BCIA et l’Union Bank. D’autant qu’elle a enregistré ces deux dernières années une augmentation des sinistres, en clair des incidents de paiement, en un mot des impayés dont la source est la fermeture des deux premières banques et la défaillance de certaines  sociétés privées. Toutefois, les entreprises publiques solvables comme Sonatrach ne sont pas concernées, soutient-on, par ces réserves puisqu’elles sont couvertes par l’état.
Il y a lieu de rappeler que le volume d’affaires entre l’Algérie et la France s’est nettement amélioré ces trois dernières années avec l’accord conclu pour la  reconversion de 10% de la dette extérieure algérienne éligible. En ce sens, l’Hexagone a accordé un montant de 280 millions d’euros au titre de la conversion de la dette en investissements. L’Algérie et la France envisagent de porter ce montant à 30% si le Club de Paris donne son feu vert.