Filières tchéchènes: lourdes peines pour les prévenus principaux
La Tribune, 14 juin 2006
Les cinq principaux prévenus de l’affaire dite des filières tchétchènes ont été condamnés mercredi par le tribunal correctionnel de Paris à des peines allant de huit à dix ans de prison, assorties d’une mesure de sûreté des deux tiers, pour avoir préparé un attentat, probablement chimique, en France.
Menad Benchellali et Merouane Benhamed ont écopé de dix ans, Nourredine Merabet et Saïd Arif de neuf ans, et Mohamed Marbah, de sept ans. Le tribunal a prononcé une interdiction définitive du territoire français contre MM. Merabet, Arif et Benhamed. Le parquet avait requis 10 ans d’emprisonnement.
Vingt autres prévenus ont été condamnés à des peines allant de 18 mois avec sursis à sept ans de détention, l’un étant toutefois relaxé du délit d’association de malfaiteurs mais condamné pour usage de faux documents. Deux prévenus ont été relaxés. Les peines sont inférieures à ce qu’avait réclamé le parquet.
Plusieurs des prévenus, comme Saïd Arif, Merouane Benhamed ou encore Nourredine Merabet se sont rendu en 2001 dans les camps d’entraînements d’islamistes radicaux dans les gorges de Pankissi, base arrière des combattants tchétchènes en Géorgie, où ils ont appris le maniement des explosifs et des produits chimiques.
Au coeur de ce dossier, la famille Benchellali, qui résidait à Vénissieux (Rhône). L’un des fils, Menad, a rejoint en 2001 le Caucase. Le tribunal a condamné ce spécialiste des produits chimiques qui en avait préparé au domicile familial.
L’un de ses frères, qui a envoyé des fonds à Menad en Géorgie, et connaissait, selon le tribunal, les projets d’attentats, a été condamné à quatre ans de prison.
Leur père, Chelali, imam radical d’un lieu de prière de la banlieue lyonnaise, a écopé de 18 mois avec sursis, alors que le parquet avait requis six ans de détention. Le tribunal a estimé qu’il ne pouvait ignorer les activités de ses fils, notamment de Menad lors de ses expériences chimiques au domicile familial.
Sa mère, Hafsa, a été condamnée à deux ans avec sursis. Le parquet avait requis cinq ans.
Une partie de ce groupe a été démantelée en décembre 2002 à La Courneuve et à Romainville en Seine-Saint-Denis, les enquêteurs les soupçonnant de préparer un attentat probablement de nature chimique sur le sol français, les objectifs n’ayant été clairement déterminés.
En janvier 2004, une nouvelle vague d’arrestations a conduit au démantèlement d’une autre partie du groupe à Vénissieux où une officine clandestine abritant des produits toxiques -dont de la ricine- a été mise au jour.
« Ce sont des condamnations au profit des Etats-Unis, de l’Algérie et de la Russie. Ils sont condamnés parce qu’ils sont musulmans. La France est chargée de faire enfermer les musulmans qui dérangent ces puissances », a dénoncé Me Isabelle Coutant, avocate de Merouane Benhamed. AP
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