Terrorisme: la famille d’un Algérien saisit la CEDH contre la France

Terrorisme: la famille d’un Algérien saisit la CEDH contre la France

AFP, 28 août 2008

PARIS (AFP) — La famille d’un Algérien, détenu dans son pays depuis 2005 pour des faits à caractère terroriste « à la demande de la France » selon son avocat, a saisi la Cour européenne des droits de l’Homme (CRDH) pour faire condamner Paris, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

Salah Djemaï, avocat de la famille de M’Hamed Benyamina, a saisi la CEDH après le refus de la justice française de mener une enquête pour « enlèvement et séquestration » de M. Benyamina.

La Cour de Strasbourg, qui a reçu début août cette requête, a précisé qu’elle devait encore se prononcer sur la recevabilité de la demande.

Installé à Trappes, en région parisienne, M’Hamed Benyamina avait été arrêté par les services algériens en septembre 2005 à l’aéroport d’Oran (nord-ouest) alors qu’il retournait en France après des congés passés en Algérie.

Pour son avocat, « M’Hamed Benyamina a été arrêté en Algérie à la demande des services français ».

Devant les policiers algériens, Benyamina avait évoqué des projets d’attentat visant le métro parisien, le siège de la Direction de la surveillance du territoire (DST, contre-espionnage) et l’aéroport parisien d’Orly.

Ses déclarations – sur lesquelles il est ensuite revenu – ont mené peu après au démantèlement d’une cellule terroriste présumée.

Neuf de ses membres présumés, dont l’idéologue salafiste Safé Bourada, sont renvoyés à l’automne devant le tribunal correctionnel de Paris, notamment pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».

La procédure judiciaire en France contre le groupe Bourada « se fonde sur les déclarations de M. Benyamina. On se sert d’une procédure algérienne bidon obtenue dans des conditions très troubles », a affirmé Me Djemaï à l’AFP, évoquant des « aveux extorqués ».

Or la justice française n’a depuis jamais cherché à entendre M. Benyamina alors qu’elle « devrait être pressée de lui demander des comptes », a-t-il observé. Pour l’avocat, « l’affaire Benyamina heurte la raison d’Etat ».