Filières tchétchènes: dix ans de prison requis contre cinq prévenus
Filières tchétchènes: dix ans de prison requis contre cinq prévenus
Verena von Derschau, AP, 4 mai 2006
PARIS (AP) — Les 27 prévenus du procès des filières tchétchènes ont « tous participé à des degrés divers à un groupement » qui avait pour but de réaliser un attentat, probablement chimique, en France, a estimé jeudi le procureur Anne Kostomaroff qui a requis la peine maximale de dix ans d’emprisonnement contre cinq prévenus.
La magistrate a répartie les prévenus en trois catégories: les trafiquants de faux documents assurant par ce biais le financement du groupe, les logisticiens, et les opérationnels.
« Certains étaient polyvalents comme Menad Benchellali qui sait fabriquer des faux papiers et manier des produits chimiques », a-t-elle souligné, requérant la peine maximale assortie d’une période de sûreté de deux tiers, contre ce fils aîné d’un imam de Vénissieux.
Cette même peine a été réclamée pour Mohamed Marbah, Merouane Benhamed, Zinedine Khalid et Saïd Arif. Avec une interdiction définitive du territoire français contre ceux qui ne possèdent pas la nationalité française.
Des peines comprises entre trois et neuf ans de prison ont été requises contre les 22 autres prévenus, six ans contre Chellali Benchellali, l’imam, cinq ans contre sa femme Hafsa et leur autre fils.
Pour Anne Kostomaroff, ce groupe démantelé pour l’essentiel fin 2002 à La Courneuve et Romainville (Seine-Saint-Denis) a « mobilisé des moyens humains et matériels considérables », notamment des « documents falsifiés en nombre impressionnant ». Le groupe disposait d’au moins « sept lieux de repli » et de « moyens financiers conséquents ».
« Il a duré deux ans et demi », a encore insisté la magistrate au terme de sept heures de réquisitions, prises dans l’indifférence des prévenus qui n’ont cessé de bavarder et de quitter le box, menottes aux poignets.
Selon la chef du parquet antiterroriste de Paris, la longévité de ce groupe qui a pu agir dans l’ombre sans être inquiété « illustre la fragilité de nos démocraties ». En France « on n’a jamais été aussi près d’un projet qui s’inscrit dans la globalisation du djihadisme », a-t-elle estimé.
Le groupe trouve son origine à Chlef, en Algérie, en 1999, où huit de ses futurs membres « refusent la trêve du FIS et la concorde civile ». « Ils ont connu l’humiliation des combats perdus, sont coupés de la société », a souligné Mme Kostomaroff. « Le djihad international est vécu comme une porte de sortie ».
Le groupe part donc en Espagne, puis certains membres en France, en Italie et dans les confins pakistano-afghans, pour mettre en place « une cellule de soutien » au GSPC, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, un mouvement radical algérien. La suite de l’histoire se situe en Afghanistan, en 2000, selon le parquet. « Ils y sont tous, Moussaoui, Reid, Traboulsi, Beghal » et certains membres du groupe, a-t-elle affirmé.
Et de faire aussi le lien entre certains membres du groupe de La Courneuve-Romainville et le groupe de Francfort, démantelé en décembre 2000 sur le point de commettre un attentat contre la cathédrale de Strasbourg.
Puis fin 2000, un noyau dur s’installe en région parisienne. « Et s’organise pour rejoindre le Caucase », selon Mme Kostomaroff. « Mais certainement pas pour combattre. On ne part pas faire le djihad avec femmes et enfants », a-t-elle insisté. Pour elle, l’unique but de ce séjour en Géorgie est « la formation » au combat, mais aussi au maniement de produits chimiques et explosifs.
« Quand on quitte le Caucase en 2001, la machine est déjà en route », a souligné le procureur. « Le centre névralgique » est alors installé en Seine-Saint-Denis et les membres du groupe, notamment Menad Benchellali, Mohamed Marbah, Merouane Benhamed et Zinedine Khalid, « se mettent au seul service du projet d’attentat » – qui sera stoppé par l’arrestation du groupe en décembre 2002.
Les prévenus, dont dix-sept comparaissent détenus, encourent un maximum de dix ans d’emprisonnement pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».
Le procès doit se poursuivre jusqu’au vendredi 12 mai avec les plaidoiries des avocats de la défense. Le jugement de la 14e chambre du tribunal correctionnel sera ensuite mis en délibéré. AP
Filières tchétchènes : 10 ans de prison requis
NOUVELOBS.COM, 5 mai 2006
Le procureur a estimé que les prévenus avaient « tous participé à des degrés divers à un groupement ». Cinq d’entre eux risquent 10 ans de prison.
L es 27 prévenus du procès des filières tchétchènes ont « tous participé à des degrés divers à un groupement » qui avait pour but de réaliser un attentat, probablement chimique, en France, a estimé jeudi 4 mai le procureur Anne Kostomaroff qui a requis la peine maximale de dix ans d’emprisonnement contre cinq prévenus.
La magistrate a répartie les prévenus en trois catégories: les trafiquants de faux documents assurant par ce biais le financement du groupe, les logisticiens, et les opérationnels.
« Certains étaient polyvalents comme Menad Benchellali qui sait fabriquer des faux papiers et manier des produits chimiques », a-t-elle souligné, requérant la peine maximale assortie d’une période de sûreté de deux tiers, contre ce fils aîné d’un imam de Vénissieux.
Cette même peine a été réclamée pour Mohamed Marbah, Merouane Benhamed, Zinedine Khalid et Saïd Arif. Avec une interdiction définitive du territoire français contre ceux qui ne possèdent pas la nationalité française.
Des peines comprises entre trois et neuf ans de prison ont été requises contre les 22 autres prévenus, six ans contre Chellali Benchellali, l’imam, cinq ans contre sa femme Hafsa et leur autre fils.
Fragilité démocratique
Pour Anne Kostomaroff, ce groupe démantelé pour l’essentiel fin 2002 à La Courneuve et Romainville (Seine-Saint-Denis) a « mobilisé des moyens humains et matériels considérables », notamment des « documents falsifiés en nombre impressionnant ». Le groupe disposait d’au moins « sept lieux de repli » et de « moyens financiers conséquents ».
« Il a duré deux ans et demi », a encore insisté la magistrate au terme de sept heures de réquisitions, prises dans l’indifférence des prévenus qui n’ont cessé de bavarder et de quitter le box, menottes aux poignets.
Selon la chef du parquet antiterroriste de Paris, la longévité de ce groupe qui a pu agir dans l’ombre sans être inquiété « illustre la fragilité de nos démocraties ». En France « on n’a jamais été aussi près d’un projet qui s’inscrit dans la globalisation du djihadisme », a-t-elle estimé.
Le groupe trouve son origine à Chlef, en Algérie, en 1999, où huit de ses futurs membres « refusent la trêve du FIS et la concorde civile ». « Ils ont connu l’humiliation des combats perdus, sont coupés de la société », a souligné Mme Kostomaroff. « Le djihad international est vécu comme une porte de sortie ».
Cellule de Francfort
Le groupe part donc en Espagne, puis certains membres en France, en Italie et dans les confins pakistano-afghans, pour mettre en place « une cellule de soutien » au GSPC, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, un mouvement radical algérien. La suite de l’histoire se situe en Afghanistan, en 2000, selon le parquet. « Ils y sont tous, Moussaoui, Reid, Traboulsi, Beghal » et certains membres du groupe, a-t-elle affirmé.
Et de faire aussi le lien entre certains membres du groupe de La Courneuve-Romainville et le groupe de Francfort, démantelé en décembre 2000 sur le point de commettre un attentat contre la cathédrale de Strasbourg.
Puis fin 2000, un noyau dur s’installe en région parisienne. « Et s’organise pour rejoindre le Caucase », selon Mme Kostomaroff. « Mais certainement pas pour combattre. On ne part pas faire le djihad avec femmes et enfants », a-t-elle insisté. Pour elle, l’unique but de ce séjour en Géorgie est « la formation » au combat, mais aussi au maniement de produits chimiques et explosifs.
Association de malfaiteurs
« Quand on quitte le Caucase en 2001, la machine est déjà en route », a souligné le procureur.
« Le centre névralgique » est alors installé en Seine-Saint-Denis et les membres du groupe, notamment Menad Benchellali, Mohamed Marbah, Merouane Benhamed et Zinedine Khalid, « se mettent au seul service du projet d’attentat » – qui sera stoppé par l’arrestation du groupe en décembre 2002.
Les prévenus, dont dix-sept comparaissent détenus, encourent un maximum de dix ans d’emprisonnement pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».
Le procès doit se poursuivre jusqu’au vendredi 12 mai avec les plaidoiries des avocats de la défense. Le jugement de la 14e chambre du tribunal correctionnel sera ensuite mis en délibéré. (Avec AP)
Filières Tchétchènes
Des peines de prison requises contre des Algériens
El Watan, 6 mai 2006
D’anciens membres du GIA de Chlef, soupçonnés d’avoir projeté de commettre des attentats en France en 2001, encourent des peines allant jusqu’à dix ans de prison. Ils seraient liés au réseau d’Oussama Ben Laden.
Entre trois et dix ans d’emprisonnement ferme ont été requis jeudi soir à l’encontre des 27 prévenus du procès dit des « filières tchétchènes » que le parquet a accusés d’avoir voulu « porter le jihad en Occident » en projetant de commettre des attentats en France en 2001-2002. Pour le procureur de la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Anne Kostomaroff, il ne fait pas de doute que chacun des prévenus a participé à une association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, infraction passible de dix ans d’emprisonnement. « Chacun a participé, à des degrés distincts, à cette entente, visant à perpétrer des attentats, dont les cibles étaient la tour Eiffel, un grand magasin du forum des Halles, des commissariats ou des établissements abritant des intérêts israéliens », précise Anne Kostomaroff. Elle a requis la peine maximale de dix ans, assortie d’une période de sûreté des deux tiers, à l’encontre de 5 des 27 prévenus, présentés comme « les donneurs d’ordre » : Merouane Benhamed, Menad Benchellali, Saïd Arif, Nourredine Merabet et Mohamed Marbah. Les prévenus sont d’anciens membres du maquis du Groupe islamique armé (GIA) de Chlef en Algérie, des jihadistes internationaux proches d’Al Qaîda et des « petites mains » recrutées dans les banlieues françaises. Pour le procureur, ces islamistes radicaux nourrissaient « le projet de semer un grand désordre en Europe, de porter le jihad en Occident ». Merouane Benhamed, 33 ans, a été présenté comme « le chef d’orchestre » et le « promoteur du projet d’attentat ». Menad Benchellali, 32 ans, d’origine algérienne, s’est livré « à des manipulations chimiques suspectes ». Saïd Arif, 40 ans, d’origine algérienne aussi, a eu « un engagement jihadiste très fort ». Il est passé par l’Afghanistan, où il aurait eu « des liens privilégiés avec les cadres d’Al Qaîda » dont Oussama Ben Laden. Il s’est rendu aussi en Géorgie, comme plusieurs de ses coprévenus, « non pour combattre en Tchétchénie » mais pour « se former » aux techniques terroristes. Nourredine Merabet, 31 ans, était « le financier du groupe ». Fin 2002, selon l’accusation, « le passage à l’acte n’est pas loin ». Il sera empêché par une série d’arrestations en décembre qui donnera lieu à des saisies de matériels électroniques et de produits chimiques pouvant entrer dans la fabrication d’explosifs. Le procès est prévu jusqu’au 12 mai. Le jugement sera mis en délibéré.
Rémi Yacine