FFS : «Une vente concomitante»
Réactions des partis politiques et des syndicats
FFS : «Une vente concomitante»
El Watan, 5 février 2011
La décision envisagée de «la levée de l’état d’urgence dans un proche avenir» peut être perçue comme un signal positif, mais le projet d’élaboration d’une nouvelle loi intitulée «loi de lutte antiterroriste» engendre l’inquiétude et le soupçon, a déclaré hier Karim Tabou, premier secrétaire du FFS, à l’occasion de l’ouverture de l’année de formation politique, au siège de son parti.
«Que signifie cette vente concomitante ?», s’est-il demandé. «La loi projetée peut s’avérer pire que l’état d’urgence lui-même», a évalué le premier secrétaire du FFS. Ce dernier revient sur la situation sécuritaire caractérisant le pays en évoquant le terrorisme résiduel et la charte pour la paix et la réconciliation nationale, que le pouvoir qualifie de «réussite». Ainsi, le FFS s’interroge «sur les motifs qui poussent le chef de l’Etat à substituer une loi d’exception en lieu et place de l’état d’urgence. Dans un pays où la Constitution a été votée sous état d’urgence où le chef de l’Etat, lui-même, a été élu sous état d’urgence, où la séparation des pouvoirs est virtuelle, où l’indépendance de la justice et l’Etat de droit n’existent pas, où la représentation populaire est un leurre, la loi projetée peut s’avérer pire que l’état d’urgence lui-même». Karim Tabou n’a pas omis de relever des similitudes entre la réaction du pouvoir algérien et celle de Hosni Moubarak, que le FFS trouve «troublantes». «Il y a quelques mois, Hosni Moubarak faisait des propositions similaires au peuple égyptien, la levée de l’état d’urgence contre l’instauration d’une loi antiterroriste, la réponse du peuple égyptien est bien connue.
Les Algériennes et les Algériens accepteront-ils ce que les Egyptiennes et les Egyptiens refusent ?», s’est interrogé M. Tabou, qualifiant cette décision d’«arnaque au profit du chef de l’Etat» qui, selon lui, «escompte un bénéfice politique à bon compte». «Il fait avaliser toutes les mesures antérieures quelles soient politiques ou sécuritaires et se fabrique une image d’homme d’ouverture auprès de l’opinion internationale», estime-t-il, rappelant que depuis 18 ans, l’Algérie vit sous état d’urgence. Le FFS indique que durant cette période, «le pays vit sans Constitution et sans institutions légitimes ou légales, ce qui signifie également que le problème de la légalité et de la légitimité reste entier». Pour le FFS, «le peuple algérien aspire à un changement radical et pacifique. Il veut la démocratie pour bientôt, pour demain. Toute tentative de manipulation aura au moins le mérite d’aider à la décantation de la situation politique en Algérie».
Djedjiga Rahmani