Le désintérêt du citoyen comme enseignement

SORTIE DE PROXIMITÉ DU FFS À ALGER

Le désintérêt du citoyen comme enseignement

Le Soir d’Algérie, 18 avril 2012

Le FFS a eu, hier, à l’occasion d’une visite de proximité de son premier secrétaire, dans la capitale, à s’imprégner du net désintérêt des citoyens lambda à l’égard de la chose politique en général et du scrutin législatif du 10 mai prochain plus particulièrement.
Ali Laskri, qui épaulait les candidats du parti à Alger avec à leur tête l’ancien président de la LADDH, Mustapha Bouchachi, était conscient et ne l’a, d’ailleurs, point caché en affirmant, à l’issue de cette virée dans le quartier de Bab El Oued, que cette première sortie lui a été d’un riche enseignement, notamment en ce qui concerne, comme il le dira, «l’état d’esprit de l’Algérien, particulièrement celui des jeunes qui font montre de plus en plus d’aversion envers et la chose politique et l’homme politique». Le premier secrétaire du FFS et Me Bouchachi ont eu, le long des discussions menées avec les gens rencontrés, à user d’un discours pédagogique pour tenter d’inverser la donne. Chose pas du tout évidente tant la religion des citoyens vis-à-vis de tout ce qui a trait au politique est faite. «Nous n’avons rien obtenu des pouvoirs publics et tous ceux auxquels nous avons accordé nos voix par le passé se sont éclipsés aussitôt élus», tempête un jeune, le bras emplâtré, dont le dernier acte de violence enregistré sur un terrain de football, à Saïda précisément, semble l’avoir marqué et dégoûté un peu plus dans ce pays où, regrettera-t-il, on ne peut plus se rendre dans un stade de football». Ce à quoi Me Bouchachi rétorquera que cette violence est la résultat de celle, plus pernicieuse, exercée par le pouvoir en place que seule une participation massive aux législatives du 10 mai prochain est à même de remettre en cause. Argument qui n’a pas semblé trop convaincre ce supporter du MCA pour qui, il ne sert à rien de voter du fait, dira-t-il, que les jeux sont faits et que ce sont toujours les mêmes, à quelques variantes près, qui sortiront des urnes encore une fois. Une position que Ali Laskri aura à se faire voir lancer à la figure par plus d’un jeune apostrophé. Mohamed, jeune de 29 ans, diplômé en comptabilité, affirmera ne pas se rendre aux urnes le 10 mai prochain, lui pour qui le scrutin prochain ne réglera en rien son cas comme celui des milliers comme lui. Avis que partagent en communion deux de ses amis qui ne seront pas convaincus par les arguments politiques de Laskri. «Nous avons marre du politique, nous voulons du concret. Que celui qui nous veut du bien le fasse sans nous consulter», répliqueront- ils. Au café des Sétifiens ou encore celui El Houria, situé en plein cœur de Bab El Oued, c’est le même son de cloche qu’on a eu à entendre. «Nous boycottons ces élections car elles ne nous apporteront rien, absolument rien», fulminera un jeune qui fera la joie de ses nombreux amis qui l’entouraient et qui reprenaient en chœur «pas de vote ». Ce qui ne dérangera nullement le duo Laskri-Bouchachi qui s’évertueront à expliquer à leurs interlocuteurs la nécessité pour la jeunesse algérienne de s’impliquer dans la sphère politique pour, justement, diront-ils, inverser la donne et concrétiser le changement tant voulu et pacifiquement, sans attendre une quelconque assistance étrangère. «Donnez-moi un logement et je vous garantirai que tout Bab El Oued votera FFS», lancera un jeune, la quarantaine. Ce à quoi Me Bouchachi répliquera aussitôt que son parti ne peut faire de promesse de ce genre et que la seule chose qu’il puisse garantir est qu’une fois élus, les députés recevront les citoyens et les assisteront du mieux qu’ils pourront pour régler leurs problèmes. Ceci dit, la délégation du FFS a eu à enregistrer d’autres sons de cloche lors de cette tournée. A l’image de ce vieux retraité de 70 ans qui tiendra à préciser en tout premier lieu qu’il n’est pas kabyle. «Pour moi, le FFS est le seul parti à ne pas avoir changé de ligne vis-à-vis du pouvoir en place. C’est pour cela que je lui accorderai mes faveurs à l’occasion de cette élection.» Ceci, quoique notre interlocuteur reconnaîtra que les arguments avancés pour justifier cette participation «ne m’ont pas totalement convaincu», lâchera-t-il. Autant dire que cette première sortie du FFS, loin d’être négative, aura été, au contraire riche en enseignements pour peu que l’on en prenne acte, comme le soulignera un vieux militant du parti.
M. K.