Accusations et soupçons de fraudes électorales en préparation

Accusations et soupçons de fraudes électorales en préparation

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 28 novembre 2012

Une coalition de candidats aux élections locales dans la commune d’Alger centre, membres de différents partis politiques, a organisé lundi un sit-in à la place Emir Abdelkader d’Alger pour dénoncer la fraude qui selon eux risque d’entacher le scrutin du 29 novembre. Le groupe de candidats était composé de représentants du RCD, El-Islah, Ennahda, le PT, le FLN et le RND. Au nom du groupe, la tête de liste du RCD à Alger centre a déploré que  » des personnes qui n’ont rien à voir avec Alger sont inscrites sur les listes  » et affirmé que  » les auteurs de cette tricherie veulent faire gagner leur parti « .

Par ailleurs, des partis en course pour les élections locales à Annaba, à savoir le PT, le RND, le MEN et l’alliance Algérie verte, ont adressé une plainte à la Commission nationale de surveillance des élections locales (CNSEL) dans laquelle ils exigent le retrait de la liste du FND au motif de  » la présence dans sa liste d’un candidat dont le casier judiciaire contient au moins 10 condamnations pour différents délits « . Faute de quoi ils ont menacé de se retirer collectivement de la compétition électorale.

Les deux prises de position émanant d’ensembles de partis en course pour le scrutin du 29 novembre ne sont pas les seules à avoir été exprimées pour dénoncer que l’examen des listes de candidatures par les autorités compétentes a donné lieu à des transgressions de la loi au profit ou contre certaines des formations concurrentes, et pour mettre en garde qu’il existe des signes avant-coureurs qui font craindre que la fraude électorale va être au rendez-vous dans les urnes le 29 novembre. A l’exception de ceux du FLN et du RND, il n’est pas un responsable national de parti ayant animé la campagne électorale de sa formation qui ne s’est pas déclaré convaincu que les résultats de la consultation populaire vont être manipulés. L’inquiétude que partagent les partis s’est traduite en brassées de saisines émanant d’eux à destination de la CNISEL et du ministère de l’Intérieur, mais sur l’aboutissement desquelles ils ne se font aucune illusion, les faits leur démontrant  » que les mécanismes de surveillance et d’organisation des élections sont obsolètes  » et que le ministère de l’Intérieur est peu diligent et ferme à faire appliquer strictement les directives concernant l’honnêteté et la transparence du scrutin. Les soupçons et la suspicion qui se sont exprimés avant même la tenue du scrutin, ne sont pas à l’évidence de nature à pousser les électeurs à accomplir massivement leur devoir électoral comme le leur ont demandé avec insistance partis et pouvoirs publics.

La présence de candidats du FLN et du RND parmi les membres des partis ayant organisé un sit-in à Alger pour dénoncer la fraude qui risque d’entacher selon eux les élections locales du 29 novembre est symptomatique du fait que même ces deux partis traditionnellement accusés d’être les grands bénéficiaires des fraudes électorales, ne semblent pas faire confiance à la logique appliquée à la fraude électorale et redoutent d’en faire les frais là où cette logique décidera de les sacrifier en faveur d’autres concurrents. C’est dire qu’en Algérie les résultats des élections découlent de calculs politiques dont même les formations proches du pouvoir ignorent les buts visés.