Licences d’importation : L’UE critique Alger

Licences d’importation : L’UE critique Alger

El Watan, 14 mars 2017

L’Union européenne, premier partenaire commercial de l’Algérie, a vivement critiqué hier l’institution du régime des licences d’importation par le gouvernement algérien.

«En janvier 2016, l’Algérie a pris une série de mesures restrictives au commerce bilatéral avec l’UE sous forme d’introduction de licences d’importation non automatiques pour certains produits, tels que les voitures, le ciment et les ronds à béton. Ces mesures protectionnistes prises sans concertation préalable avec l’UE sont venues s’ajouter aux restrictions et entraves au commerce et à l’investissement déjà existantes, en rendant encore plus difficile le climat des affaires pour les opérateurs économiques européens», a déploré l’UE dans un rapport sur l’état des relations UE-Algérie dans le cadre de la politique européenne de voisinage rénovée.

Ce document de travail conjoint a sanctionné les travaux de la 10e session du Conseil d’association Algérie-UE, coprésidée à Bruxelles par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, et la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherin.

Pour l’UE, l’introduction des licences d’importation n’est pas conforme aux obligations de l’accord d’association entre les deux partenaires. Mais «l’Algérie maintient qu’elles sont justifiées par les circonstances ponctuelles, telles que la chute importante du prix des hydrocarbures, la perte de recettes publiques qui en a résulté, ainsi que le déficit commercial croissant», lit-on dans le même rapport publié sur le site officiel de l’EU.

Confrontée à la chute de ses revenus pétroliers depuis 2014, l’Algérie tente de limiter le boom des importations dont la facture a presque triplé en dix ans. Le gouvernement a durci le contrôle de son commerce extérieur en introduisant les licences d’importation pour certains produits dont la facture pèse lourdement sur la balance commerciale (véhicules, ciment et aliment du bétail). En 2016, un total de 225 licences d’importation de véhicules, de ciment et de ronds à béton ont été délivrées par les autorités concernées, selon le ministre algérien du Commerce par intérim.

Plusieurs autres produits qui sont fabriqués localement seraient soumis aux licences d’importation, dont les pommes, les viandes et les eaux minérales. A propos de l’évaluation conjointe du fonctionnement de l’Accord d’association sous l’angle économique et commercial, les deux parties ont agréé un document portant sur des «constats et perspectives».

«Cet exercice a permis, sur la base de propositions algériennes, d’identifier une série de réformes et mesures que les autorités algériennes devraient entreprendre, avec le soutien de l’UE, pour améliorer la mise en œuvre de l’Accord d’association, dans le respect des dispositions existantes», a souligné le rapport sur l’état des relations UE-Algérie. Articulées autour de quatre thèmes, ces réformes et mesures visent à apporter un soutien aux échanges commerciaux UE-Algérie, à la diversification et à la compétitivité de l’économie algérienne, aux investissements en Algérie et au renforcement de la coopération.

En outre, en ce qui concerne l’agriculture et la pêche, les deux parties ont convenu de mettre l’accent sur l’amélioration de la production agricole algérienne et la promotion des exportations, tout en assurant un cadre général d’exploitation durable. Elles ont convenu également de la nécessité de stimuler l’organisation des producteurs, la promotion des produits par un système de qualité, de contribuer aux capacités d’exportation, de renforcer la conformité aux standards sanitaires et phytosanitaires.

Entré en vigueur en 2005, l’Accord d’association avait été défavorable pour l’Algérie, d’où la demande du gouvernement de réévaluer ses volets économique et commercial. Selon le bilan officiel, le cumul des exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’UE n’a même pas atteint les 14 milliards de dollars entre 2005 et 2015, alors que les importations algériennes auprès de l’UE se sont chiffrées à 220 milliards de dollars durant la même période, soit une moyenne de 22 milliards de dollars/an.

Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l’UE sont passées de 597 millions de dollars en 2005 à seulement 2,3 milliards de dollars en 2014, avant de baisser à 1,6 milliard de dollars en 2015. L’accord en question a aussi engendré un manque à gagner de plus de 700 milliards de dinars aux recettes douanières algériennes, depuis sa mise en œuvre jusqu’à fin 2015.

Hocine Lamriben