Algérie-Union européenne : Programme d’appui aux réformes politiques et économiques
par Ghania Oukazi, Le Quotidien d’Oran, 30 avril 2015
L’Union européenne a procédé, hier, au lancement officiel du programme d’appui aux réformes politiques et économiques que l’Algérie a pris l’engagement de mettre en œuvre.
Géré par le ministère du Commerce et financé par l’Union européenne (UE), le programme en question est élaboré pour, nous disent des responsables d’institutions étatiques, «construire les mentalités, instruire les ressources humaines aux normes internationales de gestion des affaires publiques et des institutions.» C’est ce qu’ils appellent la «soft cooperation». Nos interlocuteurs estiment ainsi, qu’ «un pays qui n’a pas des ressources humaines bien formées ne peut réussir aucun projet.» Lancé par l’UE en 2012, le programme «Spring», comme son nom l’indique (printemps en anglais), l’a été spécialement pour «expertiser» les normes, méthodes et moyens de travail des institutions dont les pays ont été bouleversés par les effets de ce qui est qualifié hypocritement de «printemps arabe». Le glissement s’est fait vers l’Algérie et le Maroc parce qu’ils sont considérés par les Occidentaux, notamment les Européens, comme étant des pays en transition démocratique ou des pays à revenus intermédiaires. «Le but fondamental de ce programme est de voir comment bénéficier de l’expertise de l’UE pour la bonne pratique au niveau des administrations et institutions publiques, pour l’élaboration de stratégies et de politiques publiques qui répondent aux besoins des citoyens,» nous explique un responsable algérien. L’approche participative en est aussi importante, puisque, nous dit-il, «il est question de faire participer les citoyens dans ce travail, donc dans la prise de décision.» Le programme Spring destiné à l’Algérie a fait l’objet, nous dit-on, d’indentification pendant une année et démarre d’un constat : «de ce que fait le gouvernement et de ce qu’il va faire.»
L’APPRENTISSAGE ALGERIEN ET «LES DONS EUROPEENS»
En clair, il s’agit pour les experts européens «d’apprendre» au gouvernement algérien la meilleure manière de mettre en œuvre sa feuille de route. Les Européens précisent à cet effet que «le programme a été élaboré sur la base des demandes des institutions algériennes et de leurs besoins en matière de gouvernance.» Il a donc été procédé, en premier, «à l’identification des actions à accompagner pour réussir la modernisation des services publics, améliorer le travail des législateurs, celui des médias aux fins d’en spécialiser ceux qui le veulent, et autres, des acteurs non étatiques qui ont un droit de cité.» C’est ce qui est défini comme étant «un programme horizontal, intersectoriel, pour des institutions publiques et des acteurs auxiliaires.» Les responsables algériens avouent qu’ «il y a des règles, des outils et une tradition européens qui sont mises à la disposition des pays qui veulent réussir dans la gestion publique, le développement de la citoyenneté, l’équité territoriale et sociale.» L’on explique qu’il faille dans ce cadre et à ce titre apprendre «comment agir dans une société – notamment au profit des couches défavorisées -, pour bien répartir le développement économique, l’équité et la justice sociales afin d’éviter les tensions et les crises dans un pays et dans le monde en général.»
L’initiation des Algériens à la gouvernance politique et économique sous l’égide des experts européens s’étalera sur 24 mois. «L’UE l’a financé à hauteur de 10 millions d’euros et l’Algérie y contribue avec 5 autres,» nous disent des responsables algériens. «La notion de dons est une logique européenne à laquelle l’Algérie n’aime pas adhérer et la refuse même, parce qu’elle est partisane de la coopération économique,» nous expliquent-ils.
L’INSISTANCE ALGERIENNE
Les Européens, eux, tiennent à nous dire que «le programme est financé par l’UE, ce sont donc des dons et l’Algérie ne met aucun sous, elle nous aide en nous donnant des bureaux, autrement, nous payons nos déplacements, nos moyens de transports localement et même les chauffeurs.» Les responsables algériens renchérissent et rappellent que «l’Algérie en est à son 11ème programme européen où elle met de l’argent dans le cadre de la coopération avec l’UE en vue de réussir le développement de son économie et la modernisation de ses institutions.» Pour eux, «c’est la seule manière qui lui permet d’avoir son mot à dire dans ce qui doit lui être appliqué à cet effet.»
Nos interlocuteurs reconnaissent que «les attentes sont énormes, d’où la demande algérienne d’avoir des investissements européens dans le cadre de partenariats ou de délocalisations d’entreprises, ceci pour une meilleure coopération économique.» C’est l’étape à laquelle doit, selon eux, souscrire l’UE après dix ans de mise en œuvre de l’accord d’association qui la lie à l’Algérie. «Ce sont 28 Etats membres de l’UE qui, chacun, de son côté, veut préserver ses intérêts nationaux, il y a donc des hauts et des bas entre nous depuis que l’accord d’association est entré en vigueur,» est-il affirmé. L’on rappelle avec insistance qu’ «il existe 7 organes d’évaluation de l’accord en question, on peut dire que ce qui a été fait est bon mais beaucoup doit être fait au titre d’un appui européen à la diversification de l’économie algérienne.» C’est ce que ces responsables qualifient d’ «enjeu fondamental dans la relation avec l’Europe, le sujet est certes récurrent mais il ne peut être dénoué que par la promotion des investissements européens en Algérie et la modernisation des PME-PMI pour lui permettre l’émergence d’une économie hors hydrocarbures.»