Accord Algérie-UE : Une évaluation s’impose

Accord Algérie-UE : Une évaluation s’impose

El Watan, 25 février 2016

Depuis la tenue de la 9e session du Conseil d’association Algérie-Union européenne, en juin 2015, l’Algérie n’a pas cessé d’appeler à une nouvelle évaluation de l’Accord d’association Algérie-UE, en vigueur depuis septembre 2005.

S’appuyant sur les statistiques reflétant les échanges commerciaux entre les deux parties, les pouvoirs publics ont fini par s’apercevoir que l’Accord en question a beaucoup plus profité à la partie européenne. «Dans ce partenariat, l’Algérie a donné plus qu’elle n’a reçu (…), cela fait dix ans depuis qu’on a conclu l’Accord et une évaluation s’impose», avait déclaré le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, à l’issue de cette 9e session.

Pour lui, la baisse des recettes douanières due au démantèlement tarifaire des produits importés des pays de l’UE ne s’est pas traduite pour autant par un accès des produits algériens au marché européen, pourtant prévu dans l’Accord. «Il est clair que nous n’avons pas eu l’accès que nous souhaitons au marché européen. Il y a des barrières tarifaires et d’autres non tarifaires, il y a des écueils bureaucratiques et autres (obstacles) qui font que nos producteurs publics et privés n’ont pas pu réaliser le potentiel en matière d’exportation vers l’Europe», a fait remarquer le ministre.

En octobre dernier, un Conseil des ministres avait également considéré nécessaire de réévaluer les volets économique et commercial de l’Accord d’association avec l’UE «qui n’a pas réalisé les objectifs attendus en matière d’investissements européens en Algérie». Une récente évaluation de l’impact de l’Accord d’association (2005-2014), réalisée par l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), a, en effet, relevé que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’UE se sont établies à seulement 12,3 milliards de dollars sur 10 ans, contre 195 milliards de dollars d’importations algériennes auprès de cette zone.

Avec l’entrée en vigueur, dès 2016, d’une nouvelle nomenclature de produits soumis à la procédure des licences d’importation, l’Union européenne n’a pas tardé à réagir à travers son représentant en Algérie, Mark Skolil, qui a aussitôt indiqué qu’une évaluation sera bientôt faite sur les éventuelles conséquences des licences d’importation sur les termes et le contenu de l’Accord d’association signé entre l’Algérie et l’UE.

Et de préciser que «son organisation étudiera la conformité des dispositions prises par le gouvernement algérien avec les clauses de l’Accord d’association, d’autant plus qu’un tiers des importations algériennes provient du territoire de l’UE». Du côté algérien, les autorités affirment que la demande d’évaluation ne remet nullement en cause «la nature stratégique, forte et pérenne de nos relations avec l’UE et ses Etats membres». La réunion du Comité d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, prévue aujourd’hui à Bruxelles, devrait permettre d’apporter quelques éléments de réponse à toutes ces questions.

Lyès M.