Conseil d’association UE – Algérie : L’entente cordiale
par M’hammedi Bouzina Med : Bruxelles, Le Quotidien d’Oran, 4 juin 2015
L’Algérie et l’Europe semblent avoir trouvé, depuis la fin de l’année dernière, le chemin pour optimiser leur coopération et surtout pour une stratégie commune et bénéfique autant pour les deux parties que pour toute la zone euro-méditerranéenne.
La neuvième session du Conseil d’association UE- Algérie s’est ouverte mercredi après-midi à Bruxelles et se poursuit ce jeudi matin. A cette occasion, les deux parties ont procédé à la signature de deux engagements importants que sont le Protocole portant sur la participation de l’Algérie aux programmes et centres d’excellences de l’UE, et le Mémorandum d’entente sur le cadre « Unique » d’appui de la nouvelle programmation financière entre les deux partenaires. Ainsi, dix ans après l’entrée en vigueur de l’accord d’association UE-Algérie (1erseptembre 2005) les deux parties espèrent donner un vrai tournant qualitatif et quantitatif à leur coopération. En effet, les relations entre les deux partenaires dans le cadre de l’accord d’association ont souvent été sujettes à des interprétations équivoques qui ont lésé les deux parties. Que ce soit sur le calendrier du démantèlement tarifaire, la fiscalité douanière, la nomenclature des secteurs et domaines de production concernés ou la question de la libre circulation des personnes (conditions de visas), des malentendus et désaccords ont affecté la qualité de la coopération, retardé des projets communs et hypothéqué le rythme des réformes en Algérie. Signe de ces « malentendus », le gel par Alger de son adhésion à la Politique européenne de voisinage (PEV) lancée par l’Union européenne en 2003. L’Algérie n’a rejoint la PEV qu’en mars de cette année après d’âpres négociations. C’est que la zone méditerranéenne vit depuis 2011 des bouleversements significatifs qui influent sur le mode et le contenu de la coopération euro-méditerranéenne. Les deux partenaires sont dépendants l’un de l’autre et sont astreints à clarifier autant les objectifs de chacun que les conditions et moyens d’y parvenir. A ce sujet, l’Algérie a ressenti, dès la première année de l’entrée en application de l’accord d’association, les contre-coups (et coûts) de l’ouverture accélérée de son marché national aux produis européens. Les pertes fiscales pour l’Etat ont menacé son équilibre budgétaire et son modèle social. Alger a renégocié le rythme du calendrier du démantèlement de ses tarifs douaniers, notamment pour ce qui concerne les produits manufacturés. En revanche, l’Algérie n’a pas su donner l’élan nécessaire pour les « réformes structurelles » en raison de rigidités politiques à divers niveaux. Ce n’est pas tant le volume financier proposé par l’UE pour accompagner la réforme du système économique algérien qui pose problème que la volonté politique pour un tel pari pour s’arrimer aux standards des économies modernes. Compte tenu de la reconfiguration politique en cours dans la zone euro-méditerranéenne, Alger et Bruxelles n’ont d’autre choix aujourd’hui que celui d’une coopération complémentaire, solidaire et surtout transparente. Des progrès ont été faits : lancement du dialogue politique de haut niveau sur le partenariat stratégique dans le domaine des énergies en mai dernier à Alger ; adhésion de l’Algérie à la PEV après sa révision par la Commission européenne en mars dernier ; intensification de l’accompagnement européen aux réformes structurelles algériennes, notamment pour diversifier son économie etc. La nouvelle programmation pluriannuelle, 2014-2017, adoptée par les deux parties met d’ailleurs l’accent sur des secteurs aussi névralgiques que le marché du travail, l’emploi et la formation, la justice et les médias et un nombre de conventions de financements pour ces domaines est prévu pour être signé à l’issue de cette 9ème session du Conseil de partenariat. Notons que c’est la première fois que le Conseil de partenariat est présidé du côté européen par Mme Federica Mogherini, la haut-représentante aux affaires étrangères de l’UE, aux côtés du ministre algérien des Affaires étrangères, M. Ramtane Lamamra. Autre façon diplomatique de donner plus de dimension politique au partenariat euro-algérien et surtout conforter un climat de confiance entre les deux partenaires en ces moments de bouleversements géostratégiques dans l’espace euro-méditerranéen.