Algérie – Union européenne: Le casse-tête des exportations
par Ghania Oukazi, Le Quotidien d’Oran, 19 mai 2010
«L’Algérie est confrontée à des problèmes d’exportation du fait des normes et de la réglementation européennes, dans ce domaine.»
C’est ce que l’Union européenne (UE) a toujours fait valoir pour expliquer le déficit commercial qu’enregistre l’Algérie, depuis septembre 2005, date de l’entrée en vigueur de son accord d’association. En clair, les produits nationaux ne répondent pas aux normes et à la réglementation en vigueur sur l’autre rive de la Méditerranée. La délégation européenne le rapporte clairement dans le dernier numéro de la revue qu’elle publie, à Alger. Elle rappelle les vecteurs essentiels de sa relation avec Alger et fait le point sur la coopération entre l’Algérie et l’UE. Elle tient ainsi, certainement, à démontrer qu’elle n’a pas été avare en matière d’aides techniques et d’expertises, en faveur de l’Algérie. C’est pour les membres de la délégation, une manière de dégager la responsabilité de l’UE dans les énormes pertes financières que la mise en œuvre de l’accord d’association provoque à l’Algérie.
Ainsi donc, la non-conformité des produits algériens aux normes et règlements européens, a-t-elle été mise en exergue -encore une fois- lors de la 3è réunion du sous-comité «Agriculture et Pêche» établi dans le cadre de l’accord d’Association, qui s’est tenue à Bruxelles, le 2 mars dernier. La réunion a été consacrée à divers échanges d’information dans les domaines évoqués. «Elle a permis de clarifier les différents règlements en vigueur ainsi que d’échanger des points de vue autour des données statistiques relatives au commerce des produits de ces secteurs,» lit-on à ce sujet. Il est dit que «les participants ont cherché à identifier des actions concrètes qui permettraient à l’Union européenne d’appuyer les autorités algériennes et les différents acteurs économiques pour développer d’avantage l’accès aux marchés européens des produits algériens.» L’UE suggère à l’Algérie de «tirer davantage de bénéfice de ses cultures naturelles (BIO) et de certains produits comme les dattes.» Elle circonscrit ainsi aux Algériens, le périmètre dans lequel ils pourraient prétendre détenir des produits «bons à exporter.» C’est d’ailleurs ce qu’elle explique plus loin en soulignant que «dans ce cadre, la possibilité d’une convergence graduelle avec les règles sanitaires et phytosanitaires de l’UE, a été explorée.»
L’Algérie et l’UE ont aussi planché sur «le dialogue économique» dans une rencontre tenue le 16 mars dernier. Il est dit qu’il était nécessaire de faire le point sur ce sujet, après 5 ans de mise en œuvre de l’accord d’Association et aussi la crise financière mondiale. «Les autorités algériennes ont souhaité que le point principal discuté concerne la diversification de l’économie et les moyens pour l’atteindre,» est-il dit. Avec en plus la précision qu’«il s’agit d’une préoccupation majeure de l’Algérie, afin de sortir de la primauté des hydrocarbures.» Les secteurs prioritaires identifiés pour cela sont ceux du développement des PME/ PMI, le tourisme, l’agriculture et l’agroalimentaire, les technologies de l’information et de la communication et enfin les énergies nouvelles.
Les «nécessaires» rappels des Européens
La délégation a, par ailleurs, passé en revue ce qu’elle appelle «les activités du programme d’appui à la facilitation du commerce (FACICO). C’est, explique-t-elle «un programme dont bénéficie le ministère du Commerce qui s’étale sur 4 ans et mobilise un budget de 6.250.000 euros. «Les objectifs spécifiques sont d’appuyer et de renforcer les capacités de l’administration du ministère pour la mise en œuvre des accords internationaux, la mise en place des dispositifs en matière de protection et de sécurité des consommateurs et, enfin, dans son action de modernisation et d’amélioration de l’efficacité des structures de contrôle de la qualité et de la répression de la fraude,» est-il écrit. Au début de l’année 2010, il y a eu, dans ce cadre, l’organisation d’un séminaire sur «l’intégration de l’Algérie dans le système économique mondial: la contribution de la formation» et la signature d’une convention de partenariat entre le Centre algérien de contrôle de la qualité et de l’emballage (CACQE) et le Centre algérien d’accréditation et certification (ALGERAC) «pour l’accréditation des laboratoires régionaux de contrôle de la qualité et de la répression des fraudes du CACQE.) L’accent, explique la délégation «a été mis sur l’importance de la mise en place de mécanismes de gouvernance solides pour l’activité économique, dont la politique de la concurrence est un des éléments-clés, pour bénéficier de la globalisation et permettre une meilleure intégration de l’économie algérienne dans le système international.» Pour ce qui est des accréditations des laboratoires, un processus d’accompagnement, est-il écrit, a été engagé et soutenu par des actions du programme FACICO. «Il doit permettre à terme leur mise en conformité avec la norme ISO 17025 et leur accréditation par ALGERAC». Le ministère du Commerce s’est engagé, lit-on, dans un important programme de soutien aux entreprises en matière d’accès aux marchés extérieurs mais aussi de protection et de sécurité des consommateurs. «Quel que soit le marché de destination des produits, il est indispensable qu’ils répondent aux standards de qualité et de sécurité internationaux,» est-il souligné. L’on estime que «la reconnaissance internationale des certificats d’analyse des produits délivrés par les laboratoires du CACQE, doit répondre à cette exigence incontournable de disposer de compétences techniques nationales et d’une maîtrise d’analyses et d’essais, selon les référentiels internationaux.» L’on rappelle aussi que le programme d’appui aux PME «mis en place conjointement par l’Algérie et l’UE» est doté d’un budget total de 44 millions d’euros et son objectif est «d’améliorer la compétitivité des PME algériennes pour leur permettre de reconquérir le marché intérieur mais aussi pour se développer à l’international ( ).» La délégation promet «il s’agit d’un engagement concret de l’UE d’accompagner l’Algérie dans la mise en œuvre de l’accord d’Association.»
Un commissaire européen aujourd’hui à Alger: Un mémorandum en attendant le 15 juin
par Salah C.
L’Union européenne annonce la visite à Alger à partir d’aujourd’hui, et ce jusqu’au 21 du mois en cours, d’une délégation conduite par Stefan Füle, le commissaire en charge de l’élargissement et de la politique européenne de voisinage.
La délégation, indique un communiqué de la délégation de l’Union européenne en Algérie, sera composée de Gilles Bertrand, membre du cabinet du commissaire, Hugues Mingarelli, directeur général adjoint à la direction générale des relations extérieures de la Commission européenne, Manfredo Fanti, chef de l’unité Maghreb à la même direction et enfin Bernard Brunet, chef d’unité adjoint auprès de la même instance. Selon le même document, le responsable européen signera avec le chef de la diplomatie algérienne le programme indicatif national 2011/2012, un document conjoint identifiant pour cette période les actions concrètes sur la base des priorités nationales qui seront directement reflétées dans les programmes de coopération entre les deux parties.
Cette visite d’un haut fonctionnaire de l’UE intervient moins d’un mois avant la tenue au Luxembourg (à partir du 15 juin prochain) du 5ème conseil de l’accord d’association entre les UE et l’Algérie et qui devra fait le point après 5 ans. Le ministère des Affaires étrangères avait rendu public dimanche dernier un communiqué annonçant la venue de M. Füle, estimant qu’elle sera l’occasion de mieux préparer le rendez-vous du 15 juin. Cette échéance vient à un moment où les relations entre les deux parties ont connu un certain gel né des mesures prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 notamment en matière d’investissement étranger, des mesures considérées par l’UE comme étant de «mauvaise foi des autorités algériennes» qui de leur côté ont qualifié l’accord d’association de «véritable supercherie, notamment dans sa partie d’aide technique qu’il aurait dû apporter à l’entreprise algérienne permettant une relance de l’économie nationale». Au plan des déficits, le ministère des Finances a relevé que depuis l’entrée en vigueur de l’accord d’association en septembre 2005, l’Algérie a perdu au plan de la fiscalité 2,2 milliards de dollars, d’où la nécessité de revoir les clauses de cet accord.