Conférence 5+5 environnement : Appel à la mobilisation de moyens financiers

Conférence 5+5 environnement : Appel à la mobilisation de moyens financiers

La 1re Conférence ministérielle sur l’environnement et les énergies renouvelables du dialogue des pays 5+5 a été clôturée avec l’adoption de la déclaration d’Oran.

Oran, De notre envoyé spécial, El Watan, 28 avril 2010

Les participants ont été convaincus de l’importance de la contribution de ces rencontres ministérielles sur l’environnement et les énergies renouvelables au renforcement de leur coopération et ont souligné la nécessité de tenir annuellement cette conférence et de mettre en place un comité permanent de suivi de ses recommandations. Ce comité, constitué de points focaux nationaux, se réunirait à l’initiative des coprésidents pour préparer notamment la conférence annuelle. Ils ont lancé un appel aux institutions financières internationales à s’associer à ses projets ainsi qu’à l’Union européenne pour mobiliser des moyens financiers et techniques en vue de leur réalisation.

Ils se félicitent aussi de l’élargissement du cadre de concertation 5+5 aux questions relatives à l’environnement et aux énergies renouvelables, de plus en plus présentes dans les agendas internationaux, et qui revêtent une importance capitale pour le développement durable dans notre région. Ils ont relevé le fait que « le changement climatique auquel fait face la région méditerranéenne, conjugué à l’accroissement de la désertification et à la dégradation de la biodiversité, notamment dans les pays de la rive sud, constitue une menace qui accentue la vulnérabilité des économies et des écosystèmes de la région ».

Conscients que le renforcement de leur coopération en matière de réduction des catastrophes naturelles et de secours aux sinistrés est un moyen efficace leur permettant d’accroître leurs capacités à prévenir les calamités naturelles, ils sont décidés à unir leurs forces. Cette rencontre a ainsi permis de coordonner les efforts et unifier une démarche pour aller en rangs serrés vers les grands rendez-vous internationaux. Cette rencontre est aussi un moment crucial qui veut aller au-delà des discours de circonstance et donner un sens concret à une coopération élargie au niveau de la région.

Par Kamel Benelkadi


Jean-Louis Borloo. Ministre français de l’Écologie

« Nous soutenons les propositions algériennes »

Il nous a donné son éclairage en marge de cette importante réunion.

– Le 5+5 s’est étendu à l’environnement. Quel est votre commentaire à ce sujet ?

C’était indispensable. Le gouvernement algérien a pris cette initiative et cela ne m’étonne pas. Je ne sais pas si les Algériens savent à quel point leur pays est un élément crucial des relations internationales en matière environnementale. Le mot environnement ; il y a plein de choses. Cela va des accords climatiques (Copenhague, Cancun/Mexique). D’ailleurs c’est l’Algérie qui coordonne la position des ministres africains. Ce n’est pas non plus un hasard. Le ministre algérien a acquis une notoriété morale internationale gigantesque, et ce, sur l’ensemble des sujets : les déchets, la dépollution de la Méditerranée, la déforestation et les grands sujets urbains, les loisirs sur les côtes. Il y a une vision et c’est d’autant plus remarquable qu’on pourrait penser qu’un pays qui est par ailleurs producteur de pétrole et de gaz pourrait, au fond, se désintéresser de tous ces enjeux et penser à court terme.

– Quelles sont les grandes décisions prises lors de ce rendez-vous ?

Il y a plusieurs tendances. C’est un groupe qui se constitue. On va se rencontrer assez souvent. On va avoir probablement un secrétariat permanent, un espèce de comité technique. Ce n’est pas une initiative politique de plus. Il y a un moment où il faut qu’on coordonne pour accélérer les processus. Deuxièmement, on a décidé de préparer sérieusement les réunions internationales. On se retrouve dans un an au Portugal, mais entre-temps, on ne va pas se quitter. D’ailleurs, on va se voir à Bonn la semaine prochaine. On soutient la proposition algérienne d’un observatoire de la Méditerranée avec des financements et une agence urbaine durable. On s’est parlé franchement : on laisse les problèmes politiques de côté. On ne s’occupe que des gens (accès à l’eau et à l’énergie, moins de déchets et des enjeux climatiques).

– Les projets retenus ont-ils une chance de voir le jour prochainement ?

La faisabilité est élevée, l’état d’avancement est chaotique. Ce qui est normal, c’est pour cela qu’on a besoin d’y voir clair ensemble, d’avoir des initiatives. C’est une révolution qui est devant nous : ou c’est l’autre partie du monde qui la gagne ou c’est nous. Le 5+5 n’est pas dans la géopolitique.

– Le sommet de Copenhague est-il un échec ou une demi-victoire ?

Je sais que ce que je dis est difficilement compréhensible, mais je considère que c’est un énorme succès. On peut changer les choses concernant le changement climatique, si tout le monde s’en occupe au meilleur niveau. Je veux qu’on m’explique comment peut-on parler d’échec alors que 130 chefs d’Etat et de gouvernement sont venus pour dire le niveau d’engagement de leurs peuples à la face du monde entier. Il n’y a rien à négocier : il y a des choses à affiner, préciser, rendre plus opérationnelles mais si certains expliquent que ce n’est pas un succès, alors on n’avance pas.

Par Kamel Benelkadi