Le vice-président iranien samedi à Alger
Des contrats de coopération seront au menu de cette visite de trois jours
Le vice-président iranien samedi à Alger
Par :Souhila Hammadi, Liberté, 14 octobre 2008
Le vice-président de l’Iran, Hossein Dehgan, mettra à profit sa visite à Alger, samedi prochain, pour signer des contrats de coopération avec le ministre des Moudjahidine, notamment sur la restauration des archives de la guerre de Libération nationale et l’entretien de la mémoire des chouhada.
Invité par le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif-Abbas, le vice-président iranien et président de la puissante Fondation du chahid et des affaires des victimes de guerre, entamera une visite officielle à Alger à partir du 18 octobre prochain. M. Hossein Dehgan séjournera, pendant trois jours, dans la capitale algérienne pour concrétiser des contrats de coopération, notamment dans le domaine de conservation de documents, objets et témoignages sur les martyrs de la guerre de Libération nationale et de fabrication de matériels médicaux pour les invalides. Aguerri par le conflit armé contre l’Irak qui a duré huit ans, l’Iran possède une solide expérience en la matière. “Lors de sa visite à Téhéran, le ministre algérien des Moudjahidine a exprimé le besoin de son pays d’exploiter notre expérience et notre savoir-faire”, nous a indiqué M. Dehgan jeudi dernier à Téhéran. Il a précisé qu’à l’aube de la Révolution islamique contre le régime du chah Mohamed Reza Pahlavi, “la guerre de l’Algérie était pour nous un modèle de résistance”. Les autorités iraniennes ont toutefois réussi, en quelques années, à faire beaucoup mieux que leurs homologues algériens en matière de valorisation du sacrifice du martyr, ainsi que dans la prise en charge des combattants ayant gardé des séquelles physiques permanentes. “Je suis paralysé des jambes et des bras depuis l’âge de 17 ans. Mais je n’ai jamais senti que je suis diminué à cause de mon handicap”, témoigne Hussein Nuri, un artiste peintre connu mondialement par sa particularité de peindre ses toiles avec la bouche. L’homme de 54 ans, marié et père de deux garçons, raconte une anecdote qui illustre bien l’image valorisante reflétée par des invalides de guerre dans un pays qui les hisse littéralement au rang de saints. “Une fois, nous avons invité des étudiants pour discuter sur la charia. Trois étudiantes m’ont demandé de leur présenter des invalides de guerre pour les épouser. Je leur ai dit de se marier avec des hommes valides, puis de les frapper pour provoquer une invalidité”, lance-t-il en riant. Au cimetière Djanet Zahra, dans la banlieue de Téhéran, sont enterrées toutes les victimes iraniennes de la violence, dont le président Rajai, son chef du gouvernement, le président du pouvoir législatif et les 72 parlementaires tués dans un attentat à l’explosif, ainsi que des milliers d’anonymes.
La Fondation du chahid et des affaires des victimes de la guerre a été créée une année après la Révolution iranienne, sur ordre du guide Khomeyni. Il n’en demeure pas moins que son véritable rôle a été déterminé par l’augmentation du nombre de martyrs et d’invalides au fur et à mesure que la guerre contre l’Irak devenait de plus en plus meurtrière. Au cours de tous les évènements violents ayant jalonné l’histoire du pays, l’institution recense 230 000 morts, 500 000 invalides, dont 100 000 souffrant d’effets d’armes chimiques. Le directeur des affaires générales de l’organisme nous a révélé que 2,7 millions de personnes (victimes ou leurs ayants droit) reçoivent des indemnités et autres aides de l’État. Une pension mensuelle de 1 000 $ est attribuée aux victimes des offensives armées menées par les actuels dirigeants de la République islamique d’Iran contre le chah et contre l’Irak. Un hôpital, au centre de la capitale iranienne est dédié à l’équipement des invalides en appareillage orthopédique et autres consommables nécessaires aux handicapés moteurs. L’effort de la Fondation du chahid est, néanmoins, axé sur l’entretien de la mémoire des martyrs sous différentes formes. C’est justement à ce niveau que se manifeste l’intérêt de l’Algérie. La visite de Hossein Dehgan sera certainement rentabilisée par la signature de contrats de partenariat pour la restauration des archives de la guerre, la production de films et la publication de livres et de magazines sur les chouhada. “Notre rôle est d’enraciner la culture du chahid dans la population par la publication des biographies de martyrs de l’époque du Prophète à nos jours. Aucun travail, de par le monde, n’est comparable au nôtre”, souligne Djalil Safareh, directeur des études sur le chahid. 1 000 projets de recherche et 750 thèses universitaires sur le thème sont déjà répertoriés par l’organisme.
Souhila Hammadi