Proposition de loi de députés français sur le génocide arménien
Proposition de loi de députés français sur le génocide arménien
Istanbul veut l’appui d’Alger
Par : Souhila Hammadi, Liberté, 7 novembre 2006
La visite de trois jours (du 6 au 9 novembre) du président de la Grande Assemblée nationale de Turquie, Bülent Arinç, en Algérie, sur invitation du président de l’APN, Amar Saïdani, ne sera finalement pas uniquement cérémonieuse. L’invité de l’Algérie, dans un point de presse animé hier en fin d’après-midi au palais Zighoud-Youcef, a affirmé avoir abordé, avec ses hôtes, la problématique posée, aux autorités turques, par la proposition de loi instituant une peine de prison d’un an et d’une amende de 45 000 euros contre les auteurs de la négation du génocide arménien.
Le projet, qui a été adopté en octobre dernier en première lecture, par les députés français, a naturellement provoqué l’ire des dirigeants turcs.
Déjà en janvier 2001, le Parlement français avait avalisé une loi reconnaissant le génocide qui aurait coûté la vie, en 1915, à plus de 1,5 million d’Arméniens. Presque six ans plus tard, l’Assemblée nationale française récidive avec une proposition de loi qui prévoit des dispositions carrément coercitives contre ceux qui renient ce massacre. L’État turc est concerné en premier lieu, lui qui a toujours récusé la notion de génocide. Cette fois-ci, les parlementaires turcs ne se sont pas suffi de protestations de pure forme.
Au-delà d’une correspondance officielle, envoyée immédiatement à la présidence de l’Assemblée nationale française, ils se sont emparés, pour se défendre, de la polémique née de l’adoption, le 23 février 2005, d’une loi glorifiant les faits de colonisation en Afrique du Nord et dans les pays d’outre-mer. Une loi qui a considérablement érodé les relations algéro-françaises et complètement compromis la signature, en son temps, du traité d’amitié entre les deux pays. Situation inextricable qui a incité le président Chirac à instiguer l’abrogation des dispositions litigieuses pour renouer des liens plus cordiaux avec l’Algérie, qui constitue pour lui un allié important à quelques mois de l’élection présidentielle. De toute vraisemblance, Istanbul souhaite également l’appui d’Alger sur un problème épineux qui risque de bloquer un peu plus son intégration à l’Union européenne. D’ailleurs, c’est sans ambages que Amar Saïdani a reconnu qu’il a été effectivement interpellé, par son homologue turc, sur le propos. “Nous n’avons pas prévu, jusqu’alors, d’initiatives au niveau de l’APN. Mais nous recevons, dans les prochains jours, une délégation de parlementaires français. Nous ouvrirons avec eux un débat sur le sujet.”
À noter qu’un protocole d’accord a été signé, hier, entre l’APN et l’Assemblée nationale turque. Il porte essentiellement sur des échanges protocolaires entre les deux institutions parlementaires.
Souhila H.