Abdelaziz Bouteflika tire la sonnette d’alarme
Après le sommet du mouvement des non-alignés
Abdelaziz Bouteflika tire la sonnette d’alarme
Abdelkamel K., Liberté, 18 septembre 2006
Pour le chef de l’État, le Mouvement des pays non-alignés se trouve dans une phase, qui constitue en fait le tournant décisif de son histoire, et durant laquelle il doit retrouver sa cohésion et son unité d’action sur la scène internationale.
Faisant l’analyse du contexte international dans lequel s’est tenu le Sommet du Mouvement des non-alignés, le président de la République a indiqué à l’APS que le ton est à “l’exacerbation des tensions et des crises et des changements structurels qui s’opèrent sous l’effet de la déferlante unilatéraliste qui envahit le monde depuis les évènements du 11 septembre 2001”. Abdelaziz Bouteflika estime qu’en dépit du fait que “la communauté internationale, à travers le Sommet mondial de 2005 a qualifié, à juste titre, le terrorisme international et la prolifération des armes de destruction massive de nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales, il n’en demeure pas moins que l’usage abusif qui est fait de ces deux notions a eu pour effet de verrouiller le débat international et d’imposer une grille d’analyse et de lecture fortement réductrice”.
Partant de ce constat, il précisera que “l’unilatéralisme se manifeste autant par le rejet du dialogue et de la négociation comme moyen de règlement des questions internationales que par cette volonté de marginalisation des Nations unies”. Étayant son analyse, le chef de l’État citera le cas du Moyen-Orient, région où la situation reste, à maints égards, explosive, “alors que les États-Unis d’Amérique s’entêtent à vouloir imposer, contre vents et marées, leur projet du Nouveau Moyen-Orient”. Il citera entre autres les cas du Liban, du Soudan, de la Palestine, pour démontrer que l’organe exécutif des Nations unies est loin de remplir le rôle qui lui est dévolu. “Le Conseil de sécurité des Nations unies donnant, de plus en plus, la preuve, qu’il ne peut fonctionner autrement que par son instrumentalisation ou sur la base de la politique de deux poids deux mesures. L’attitude du Conseil vis-à-vis de la situation au Moyen-Orient, comme ce fut le cas récemment pour le Liban et l’Iran, est, à cet égard, édifiante”, dira-t-il. Partant de ce diagnostic, Abdelaziz Bouteflika a expliqué que “le besoin de solidarité est devenu un impératif incontournable entre les pays non-alignés”. Il insistera sur la nécessaire cohésion entre les membres du mouvement pour résister aux pressions qu’exerce l’Occident, de manière individuelle, sur certains pays membres du mouvement.
Analysant l’histoire du mouvement marquée, selon lui, par trois phases durant lesquelles, il est passé du doute et l’incertitude en raison de son essoufflement, à une phase de ressaisissement caractérisée par le début de prise de conscience de certains de ses pays membres quant à la réaffirmation de sa présence sur la scène internationale pour aboutir à la phase actuelle qui est celle de la consolidation des assises, le Président précisera que “l’efficacité du mouvement dépend largement de la capacité de ses membres de transcender leurs propres divergences et de dépasser leurs contradictions d’intérêt et d’approche et de mettre de l’ordre dans leurs revendications pour mieux redéployer leur action et prendre part de façon effective aux débats en cours dans les différentes enceintes internationales sur les questions stratégiques, politiques et économiques qui engagent leur propre destin”. Bouteflika mettra l’accent sur le rôle que doit jouer le Mouvement des non-alignés au sein de l’ONU, en affirmant qu’“il doit concentrer ses efforts sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale pour non seulement rationaliser ses méthodes de travail, mais aussi et surtout rétablir son autorité en tant qu’organe principal délibérant le plus représentatif de l’organisation. Le groupe de travail du mouvement sur la revitalisation de l’Assemblée générale et la réforme des Nations unies doit continuer à jouer son rôle en ayant comme principal objectif de parvenir à mettre fin aux empiétements des autres organes, notamment le Conseil de sécurité, sur les prérogatives de l’Assemblée générale”.
En clair, c’est à une réforme pure et simple de l’ONU en général et du Conseil de sécurité en particulier qu’il appelle les pays membres du Mouvement des non-alignés à œuvrer, tout en continuant à “prôner le respect des principes guidant le fonctionnement de l’ONU, notamment le principe du partage des responsabilités, l’égalité souveraine des États, la préservation du caractère intergouvernemental de l’Organisation des Nations unies, la réhabilitation de l’Assemblée générale de l’ONU dans ses prérogatives en tant qu’organe délibérant le plus représentatif de l’organisation et la répartition géographique équitable”.
K. A.