Soltani se met à la diplomatie islamique

33e session des ministres des affaires étrangères des pays membres de l’OCI

Soltani se met à la diplomatie islamique

Abdelkamel K., Liberté, 21 juin 2006

Présentée lors de la dernière réunion de cette organisation, la proposition algérienne de lutte contre l’islamophobie a été réitérée hier à Bakou par Abou Djerra Soltani, ministre d’État, chef de la délégation algérienne.

Suite au débat provoqué par le rapport présenté par le secrétaire général de l’OCI, M. Ekmeleddin Ihsanoglu, sur l’islamophobie dans lequel il a souligné que l’Occident aborde l’Islam sur la base de stéréotypes et de préjugés, notamment dans les sphères intellectuelles, la délégation algérienne, conduite par le ministre d’État Abou Djerra Soltani, a renouvelé sa proposition préconisant la création d’un mécanisme idoine de lutte contre le phénomène.
Cette suggestion met en exergue la nécessité de limiter ce mécanisme aux domaines juridique, diplomatique et médiatique. Son objectif est d’amener les États islamiques à édicter des lois dissuasives pour lutter contre ce phénomène et à œuvrer en vue d’adopter une résolution internationale par l’ONU pour protéger l’islam et ses symboles.
La proposition algérienne appelle à créer un fonds islamique visant à soutenir les efforts de lutte contre l’islamophobie dans les pays occidentaux et promouvoir les valeurs de dialogue et de tolérance entre les cultures, les religions et les civilisations. Elle met également l’accent sur le nécessaire engagement des pays islamiques, dans leurs législations, envers le boycottage économique des pays encourageant l’islamophobie.
Il faut dire que l’OCI semble accorder une importance accrue à ce sujet, comme l’indique la proposition du secrétaire général de l’organisation aux pays membres d’adopter une série de mesures : mobilisation des ONG musulmanes travaillant en Europe et renforcement de la coopération avec le Conseil de l’Europe et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Il prône également un dialogue accru avec les partis politiques, les décideurs et les ONG pour influer sur le contenu des programmes scolaires qui véhiculent, selon lui, une “image déformée” de l’islam qui “passe de génération en génération”. Cette rencontre, dont le thème central est la question palestinienne, a été mise à profit par le ministre d’État pour réitérer la position algérienne sur le sujet. “L’Algérie réaffirme sa solidarité complète avec le peuple palestinien et son soutien inconditionnel à l’autorité palestinienne et à ses institutions comme elle salue le dialogue inter-palestinien en vue de constituer un gouvernement d’union nationale”, a indiqué Abou Djerra Soltani dans le discours qu’il a prononcé dimanche dernier en séance plénière.
Il a tenu à rappeler le bon déroulement et l’esprit démocratique des législatives palestiniennes du début de l’année, comme il a qualifié la décision des donateurs de suspendre l’aide financière directe à l’autorité palestinienne de sanction collective à l’encontre du peuple palestinien.
S’érigeant en défenseur zélé de la cause palestinienne, conformément à la position de son parti politique, le ministre d’État sans portefeuille, a mis en garde contre les conséquences désastreuses sur le plan économique et social pour le peuple palestinien du gel des aides qui viennent s’ajouter aux souffrances imposées par l’occupation israélienne.
Il n’a pas oublié d’insister sur les conditions d’une paix juste et globale au Proche-Orient qui doit passer par le retrait d’Israël de toutes les terres arabes occupées et ce, conformément à la position algérienne, qui demeure invariable sur la question. Le chef de la délégation algérienne a aussi abordé, dans son intervention, la lutte contre le terrorisme.
Dans ce cadre, il a appelé à une coopération internationale effective et à l’adoption d’un accord international global dans le domaine. Faisant remarquer que le terrorisme continue à frapper avec cruauté plusieurs régions du monde sans distinction de nationalité, de race ou de religion, il a appelé à distinguer clairement entre terrorisme et droit légitime des peuples à lutter pour l’indépendance et la liberté.

K. ABDELKAMEL