Alger-Tripoli, le temps du dégel
En marge des réunions du NEPAD et du MAEP à Syrte
Alger-Tripoli, le temps du dégel
Par : Merzak Tigrine, Liberté, 30 juin 2009
Au premier plan, il y a cette affaire des détenus algériens en Libye, dont deux sont morts récemment dans des conditions non encore élucidées, même si la version officielle libyenne évoque des raisons médicales, à savoir l’hépatite B.
Moins de deux semaines après son séjour en Libye, d’où il avait gagné l’Égypte avec le leader libyen Mouammar Al-Kadhafi pour un sommet tripartite avec le raïs Hosni Moubarak, le président Abdelaziz Bouteflika se rendra à nouveau à Syrte dans le cadre des deux réunions du Nepad et du MAEP qui interviendront la veille de la session ordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA), prévue dans la même ville du 1er au 3 juillet 2009. En dehors des travaux de l’Union africaine, principale raison du déplacement du président de la République, il ne fait aucun doute que Bouteflika et Al-Kadhafi profiteront de l’occasion pour aplanir leurs différends sur un certain nombre de questions.
En effet, on aura constaté ces derniers temps un froid dans les rapports entre les deux pays qui, d’habitude, entretiennent des relations plus denses marquées par de nombreuses visites de part et d’autre. Au premier plan, il y a cette affaire des détenus algériens en Libye, dont deux sont morts récemment dans des conditions non encore élucidées, même si la version officielle libyenne évoque des raisons médicales, à savoir l’hépatite B. Malgré les promesses des autorités libyennes pour régler cette question, rien n’a été fait jusqu’à maintenant par Tripoli, qui fait traîner les choses en longueur.
Ce second déplacement du chef de l’État en un laps de temps aussi court sera certainement mis à profit pour trouver une solution à cette affaire des prisonniers algériens en Libye, qui arrange les deux parties, d’autant plus qu’elle fait couler beaucoup d’encre et de salive en Algérie. Il y a lieu d’évoquer également le différend entre Alger et Tripoli sur le conflit du Sahara occidental, dans lequel Mouammar Al-Kadhafi semble avoir pris fait et cause pour les thèses marocaines. Le moment est propice, à l’occasion de cette réunion de l’Union africaine (UA), dont la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est membre, et dont le leader libyen assure la présidence, pour discuter de la question.
Au grand dam d’Al-Kadhafi, la cause sahraouie bénéficie de la sympathie et du soutien de la majeure partie des pays membres de l’UA, d’où l’opportunité d’évoquer ce conflit. Par ailleurs, en sa qualité de président en exercice de l’Union du Maghreb arabe, le chef de l’État libyen ne peut rester indifférent par rapport à ce conflit qui empêche la concrétisation de ce projet. Il ne faut pas oublier aussi la question de la rébellion touareg
qui se déroule aux frontières sud-algériennes, et dans laquelle les deux pays sont impliqués par leur médiation entre les parties concernées.
Une concertation algéro-libyenne sur ce sujet brûlant contribuera sans aucun doute à assurer la sécurité dans cette région, où terrorisme et banditisme font bon ménage.