«Un nouvel élan» des relations algéro-italiennes

Signature de huit accords et mémorandums d’entente

«Un nouvel élan» des relations algéro-italiennes

El Watan, 15 novembre 2012

L’Algérie et l’Italie viennent de conclure trois accords de coopération et cinq mémorandums d’entente concernant plusieurs secteurs.

La signature des ces derniers a eu lieu à l’occasion de la visite, hier en Algérie, du président du Conseil des ministres italien, Mario Monti. Liés par un traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération, signé le 27 janvier 2003, les deux pays affichent ainsi leur volonté de densifier leur coopération et de renforcer leurs relations bilatérales. Le premier accord signé est une convention entre les ministères de la Défense des deux pays portant coopération technologique, industrielle et commerciale dans le domaine de l’aviation. Les deux autres accords concernent la coopération dans le domaine du transport maritime et la coordination dans les opérations de recherche et de sauvetage maritimes.

Les deux pays ont également procédé à la signature de cinq mémorandums d’entente, dont quatre portent sur la coopération industrielle et la promotion du partenariat, les archives, la protection du consommateur et le contrôle des produits industriels et des services, la coopération dans le domaine de la Protection civile. Quant au dernier mémorandum, il a été signé entre l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur et l’organisme italien pour le développement du commerce extérieur. Avant cette signature, le président du Conseil des ministres italien a eu des entretiens avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le président Abdelaziz Bouteflika. «Nous avons décidé aujourd’hui de donner un nouvel élan à nos relations», a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien avec le chef de l’Etat.

Selon Mario Monti, le président Bouteflika souhaite une intensification de la présence italienne en Algérie dans le domaine économique. «Le souhait particulièrement exprimé par le Président (Bouteflika) est que, dans le domaine de nos relations économiques, l’Italie intensifie sa présence, sa coopération et son appui à l’économie algérienne», explique-t-il. Les relations algéro-italiennes, estime-t-il, «ont été au fil des années intenses, fructueuses et fondées sur l’amitié entre les deux peuples». Le président du Conseil des ministres italien qualifie les entretiens tenus à l’occasion du 2e sommet algéro-italien (le premier a eu lieu en 2007 en Sardaigne, Italie, ndlr) «d’intenses et hautement productifs» pour le développement des relations bilatérales. Mario Monti affirme aussi que le président Bouteflika a exprimé le souhait de voir l’économie italienne devenir un «sponsor de l’économie algérienne dans l’actuelle phase stratégique de sa diversification».

Un souhait que, souligne-t-il, l’Italie peut exaucer. Il rappelle, dans ce sens, que l’économie de son pays est «largement fondée» sur un tissu de PME et PMI qui est en mesure «de déclencher toute une série de coopérations importantes avec l’économie algérienne». Dès son arrivée, hier matin, à l’aéroport international d’Alger, Mario Monti s’est dit prêt à relancer les relations avec l’Algérie. «Cette visite est importante pour l’Italie. Nous tenons beaucoup à relancer nos relations qui sont déjà très bonnes», indique-t-il, en relevant l’existence d’un «grand potentiel» de coopération entre les deux pays. «Nous croyons tous qu’il y a un grand potentiel qu’il faudra exploiter. C’est le même sentiment que nous ressentons du côté algérien», explique-t-il.

Madjid Makedhi


Rome veut renforcer sa position

Considérée par l’Italie comme un partenaire de grande importance, l’Algérie ouvre, aujourd’hui, la porte grande ouverte à toutes les initiatives italiennes pouvant renforcer encore plus la coopération entre les deux pays.

Il faut dire que les relations entre l’Algérie et l’Italie, notamment sur le plan économique, remontent à plusieurs décennies. L’Italie, qui est le premier partenaire économique et commercial de l’Algérie en Europe et le second dans le monde, après les Etats-Unis, compte, à cet égard, maintenir cette position en diversifiant sa coopération avec Alger, en l’orientant vers les secteurs hors hydrocarbures, accompagnant de ce fait les efforts nationaux de développement.

En 2003 déjà, un traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération a été signé entre les deux pays. Un partenariat stratégique lie les deux parties dans le domaine des hydrocarbures grâce auquel l’Italie est devenue le premier acquéreur de gaz naturel algérien, qui couvre 40% des besoins nationaux de ce pays.
La réalisation future du projet du gazoduc Galsi, reliant l’Algérie à l’Italie via la Sardaigne, devrait renforcer encore plus le partenariat algéro-italien dans ce domaine.

Sur le plan commercial, selon les plus récentes statistiques disponibles, les échanges entre les deux pays ont atteint 12 milliards de dollars en 2010. L’Italie reste ainsi le deuxième partenaire commercial de l’Algérie malgré la concurrence des entreprises chinoises. Durant les neuf premiers mois de l’année 2011, la balance commerciale est redevenue favorable pour l’Algérie, puisque les exportations algériennes vers ce pays ont enregistré une hausse de 13% par rapport à la même période de 2010, alors que les exportations italiennes ont augmenté de 12%. Mais les relations commerciales entre l’Algérie et l’Italie devraient passer d’un partenariat commercial à un partenariat industriel durable, notamment entre les PME des deux pays, entreprises créatrices d’emploi et de la valeur ajoutée. L’économie italienne, qui traverse une phase difficile, demeure néanmoins puissante et fiable, d’autant que le pays est toujours considéré comme la deuxième base de l’industrie manufacturière dans la région après l’Allemagne.

C’est dans ce cadre, faut-il le rappeler, que l’ambassadeur d’Italie à Alger, Michele Giacomeli, a affirmé, il y a quelques jours, la disposition de son pays à participer à la réalisation des projets de construction de logements en Algérie et à l’encouragement du partenariat entre les entreprises algériennes et italiennes spécialisées dans le domaine. Le responsable italien a indiqué, à ce propos, que son pays était «disposé à contribuer à la réalisation du programme sectoriel du gouvernement dans le domaine du logement à travers l’encouragement des entreprises italiennes du bâtiment, d’urbanisme et d’équipements publics, à établir des partenariats avec les entreprises algériennes, selon les lois algériennes en la matière».

Autre domaine suscitant le grand intérêt des entreprises italiennes ces derniers mois, celui de la construction navale et des ports.
Deux journées d’étude dédiées à l’échange d’expérience entre les autorités et les entreprises italiennes et algériennes du domaine se sont tenues, en novembre 2011, auprès de l’ambassade d’Italie. De grandes opportunités de collaboration entre les deux pays ont ainsi émergé.
Lyes Mechti