Une nouvelle page dans les relations algéro-britanniques

Après la visite du secrétaire d’état à la Défense

Une nouvelle page dans les relations algéro-britanniques

Par : Salim Tamani, Liberté, 31 octobre 2009

Les relations algéro-britanniques sont au beau fixe. Au-delà de la coopération militaire, les Britanniques sont prêts à soutenir leurs industries afin d’investir en Algérie.

La visite du secrétaire d’État britannique à la Défense, Bob Einsworth, les 26 et 27 octobre derniers à Alger et la signature d’un accord-cadre dans le domaine de la défense, ont consacré une nouvelle page dans les relations algéro-britanniques. Plusieurs dossiers liés à la coopération militaire et à la lutte contre le terrorisme ont été passés en revue et les Britanniques sont déterminés à aller de l’avant pour raffermir les liens entre les deux pays consacrés lors du déplacement londonien du président Bouteflika en juin 2006.
Selon des sources diplomatiques proches de l’ambassade du Royaume-Uni à Alger, les discussions qui ont lieu entre le secrétaire d’État britannique à la Défense avec son homologue algérien Abdelmalek Guenaïzia ont permis aux deux parties de convenir “de travailler plus étroitement dans le domaine de la défense et de la lutte antiterroriste”. De plus, les Britanniques, qui reconnaissent que les “relations dans les années 1990 n’étaient pas aussi étroites que maintenant”, sont décidés “à encourager et à soutenir leur industrie si cette dernière est intéressée à investir en Algérie”.
Les mêmes sources ajoutent que “l’accord-cadre conclu entre le gouvernement algérien et le gouvernement britannique donne un encadrement aux formations des officiers algériens dans les écoles spécialisées du Royaume-Uni”. “Cet accord-cadre vise à légaliser la coopération entre les deux pays en matière de défense, notamment la formation d’officiers algériens en Grande-Bretagne”, avait indiqué l’ambassade dans un communiqué rendu public mardi dernier, avant d’ajouter que “ces formations qui sont déjà mises en place,
pourront être intensifiées grâce à ce cadre légal”.
Il faut savoir que cet accord-cadre permettra également une coopération sous d’autres aspects, comme des exercices militaires conjoints et des réunions annuelles régulières entre les deux pays. Pour le secrétaire d’État britannique, les entretiens ont largement dépassé le cadre strictement militaire pour déborder sur d’autres aspects de la coopération, notamment les relations politiques et l’énergie.
Des sources militaires britanniques ont indiqué que la coopération qui concernera la formation des officiers de l’ANP sera renforcée à travers les bilans qui seront faits annuellement.
Quant à la vente d’équipements militaires à l’Algérie, les Britanniques, indiquent les mêmes sources, attendent les demandes algériennes même si cet aspect n’a pas été abordé dans les détails lors des entretiens Guenaïzia-Einsworth qui ont eu lieu mardi dernier au siège du ministère de la Défense nationale.


Après la visite du secrétaire d’état à la défense

Le vice-ministre britannique chargé du contre-terrorisme bientôt à Alger

Par : Samia Lokmane-Khelil, Liberté, 31 octobre 2009

Lord West, vice-ministre au Home Office-ministère de l’Intérieur-en charge de la Sécurité et du Contre-Terrorisme, se rendra prochainement à Alger. Selon des sources diplomatiques à Londres, la date de cette visite n’a pas encore été fixée. Elle devrait probablement intervenir au mois de novembre prochain, au plus tard en janvier 2010. M. West devra remplacer le secrétaire d’État Alan Johnson, dont le séjour avait été initialement annoncé. “Les discussions se focaliseront sur le volet de la lutte antiterroriste. C’est pourquoi M. West — un amiral qui a organisé après les attentats de 2001 l’intervention britannique en Afghanistan — a été choisi pour cette mission”, expliquent nos sources.
La coopération sécuritaire constitue un des chapitres les plus importants du partenariat entre les deux pays. Elle fait l’objet d’une évaluation régulière par le Haut-Comité mixte algéro-britannique mis en place en 2006. Jeudi dernier, la baronne Symons, ancienne ministre d’État aux Affaires étrangères, notait “un profond engagement des deux États à travailler ensemble pour réduire la menace terroriste en Afrique du Nord”. Elle considère que les relations de coopération entre les services de renseignements algériens et britanniques sont solides.
Dans les arcanes du MI5, département des renseignements au Royaume-Uni, l’Algérie est encore perçue, au même titre que l’Irak et le Pakistan comme une base arrière du terrorisme international et constitue une menace pour la sécurité de l’Europe. Cette perception pourtant n’est pas partagée par tous. “Je ne suis pas d’accord. Cette menace n’est pas prouvée”, réplique le Dr Hugh Roberts, universitaire spécialiste de l’Afrique du Nord. Aux yeux de beaucoup d’analystes, le danger que représente Al-Qaïda au Maghreb sur la rive nord de la Méditerranée est surdimensionné. Quoi qu’il en soit, elle inquiète les Britanniques qui recherchent l’aide de l’Algérie pour prévenir l’implantation de réseaux terroristes sur leur territoire. Cette assistance cible surtout le domaine de l’information. Suite aux attentats de 2001 aux États-Unis, un certain nombre d’Algériens soupçonnés d’implication dans des actes terroristes avaient été arrêtés au Royaume-Uni. Depuis la signature de la convention d’extradition par les deux États en juillet 2006, Londres s’emploie à renvoyer en Algérie les individus en prison.
Il y a quelques mois, les services de renseignements du Royaume-Uni avaient sollicité l’aide de leurs homologues algériens dans leurs efforts visant la libération de leur compatriote Edwin Dyer, kidnappé au nord du Mali par une cellule d’Al-Qaïda au Maghreb. Peu avant l’exécution de l’otage en mai, une intervention conduite par des unités spéciales britanniques devait avoir lieu avec la collaboration de troupes de l’ANP.