Mourad Medelci : «Pas question de réviser l’Accord de 1968»
Conditions de séjour, d’emploi et de circulation des Algériens en France
Mourad Medelci : «Pas question de réviser l’Accord de 1968»
El Watan, 4 janvier 2012
L’Algérie souhaite, aujourd’hui, que la communauté algérienne puisse bénéficier des dispositions du droit commun français de nature à faciliter séjour en France.
Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a opposé hier un niet catégorique à la demande du Quai d’Orsay de réviser l’accord bilatéral de 1968 portant sur les conditions de circulation, d’emploi et de séjour des Algériens en France. «L’Accord de 1968 (…) marque la spécificité de nos relations historiques avec les Français. Nous sommes déterminés à ce que cet accord soir préservé», a-t-il soutenu dans un entretien accordé à la Radio nationale.
Paris, qui veut aligner l’Algérie sur le droit commun, tente, rappelle-t-on, depuis près de deux ans, de négocier avec le gouvernement algérien un quatrième avenant à cet accord.
Il n’est un secret pour personne que les autorités algériennes avaient alors perçu le projet comme une volonté du gouvernement français de faire pression sur l’Algérie, cela d’autant que le dossier avait été «rouvert» au summum de la crise politique entre les deux pays. Malgré le fait d’avoir accepté de faire des tours de table avec le partenaire français, les officiels algériens sont tout de même restés intransigeants sur la question. Plutôt que de se contenter de défendre, Alger semble même avoir opté pour l’attaque. La preuve : outre sa volonté de «garder un statut privilégié», l’Algérie souhaite carrément, aujourd’hui, que la communauté algérienne puisse bénéficier des dispositions du droit commun français de nature à faciliter son séjour en France. Ce souhait a d’ailleurs été exprimé aussi hier par le chef de la diplomatie algérienne. «Il y a un certain nombre d’évolutions positives du droit commun français dont bénéficient tous ceux qui ne sont pas Algériens et dont pourraient bénéficier les Algériens», a précisé Mourad Medelci, estimant que 2012 devrait être l’année qui «permettra de considérer définitivement les accords de 1968 comme étant des acquis sur lesquels on n’a pas à revenir».
Il est certain que la sortie de Mourad Medelci fera grincer des dents autant le Quai d’Orsay que l’Elysée, qui font de la maîtrise des flux migratoires leur principal cheval de bataille. Il s’agit là, en effet, d’une carte importante que Nicolas Sarkozy, candidat certain de l’UMP à la présidentielle française, comptait probablement exploiter au maximum lors de la campagne pour tenter de rallier à sa cause l’électorat de l’extrême droite. Le refus d’Alger de se plier aux desiderata du Quai d’Orsay risque ainsi de priver l’UMP d’un sujet de campagne qui pouvait s’avérer mobilisateur, surtout par ces temps de crise.
Ce n’est pas tout : en prônant une position aussi tranchée, Alger s’invite non seulement à la présidentielle française, mais semble avoir surtout misé sur le candidat du Parti socialiste français, François Hollande, qui s’est montré, à de nombreuses reprises, tout à fait disposé à régler les contentieux politiques qui opposent l’Algérie et la France ces dernières années. Ce dernier a d’ailleurs accompli dernièrement un geste fort en assistant à la commémoration, à Paris, des tragiques événements du 17 Octobre 1961. Et pour, sans doute, rendre la pareille à M. Hollande, Mourad Medelci a, paraît-il, trouvé naturel d’appeler les émigrés, la première communauté en France, à voter en sa faveur. Car à bien y regarder, son discours ressemble fort à une consigne de vote.
Zine Cherfaoui