L’ambassadeur espagnol: “L’Algérie, un partenaire privilégié et incontournable”

L’ambassadeur d’Espagne à Alger au forum d’“El-Moudjahid”

“L’Algérie, un partenaire privilégié et incontournable”

Par : Hafida Ameyar, Liberté, 25 janvier 2010

“L’Algérie n’est pas seulement un voisin de l’Union européenne, mais un partenaire privilégié et incontournable.” Ces propos ont été tenus hier par l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, Gabriel Busquets, lors d’une conférence-débat organisée par le Centre de presse d’El-Moudjahid.

Le diplomate, dont le pays présidera l’UE jusqu’à la fin du 1er semestre 2010, a cependant vite fait d’ajouter que la réciprocité est valable, en promettant une relance de la coopération entre l’Union et l’Algérie, “dans le cadre de l’accord d’association signé en 2002, pendant la présidence espagnole de l’UE”. Il a également précisé que l’UE “veut accompagner l’Algérie dans sa transition”, encourager le partenariat énergétique et engager de nouveau “la feuille de route” comprenant les relations économiques, les questions du terrorisme, la circulation des personnes, le dialogue politique et les droits de l’homme. “Nous espérons développer le dialogue de façon plus efficace, mais pas seulement dans le domaine économique. Nous espérons, comme en 2002, faire des progrès importants”, a soutenu M. Busquets, non sans rappeler notamment que l’Algérie est le 3e fournisseur en gaz de l’Europe. Quant aux relations bilatérales, il a admis que “le vecteur économique est depuis longtemps l’énergie”, notamment le gaz, entre Alger et Madrid. “L’énergie restera le noyau principal. Mais notre volonté est qu’il ne soit pas le seul”, a-t-il affirmé.

Une relation plus étroite avec les USA
Au cours de la rencontre, l’invité d’El-Moudjahid s’est longuement étendu sur les “priorités” de la présidence espagnole de l’UE. “La présidence espagnole sera une présidence euro-méditerranéenne et euro-américaine”, a révélé M. Busquets, en notant que son pays veillera à ce qu’il y ait “une coordination plus étroite avec les États-Unis sur les questions du terrorisme et de la sécurité énergétique”. Cependant, l’UE relancera ses relations avec les autres pays. Dans ce cadre, l’ambassadeur a parlé de l’intérêt de l’Union à “la stabilité de ses voisins” et de l’engagement de l’Espagne d’accorder “le statut avancé” avec le Maroc et “le statut de rapprochement des relations” avec les autres pays, à l’exemple de la Tunisie, de l’Égypte et de l’Algérie. “Cette attention spéciale aux voisins et aux Américains ne va pas nous empêcher de nous occuper des autres centres géographiques du monde”, a-t-il poursuivi, en appuyant la relance des relations avec le Japon, la Chine et l’Inde.

Quel sort pour l’immigration légale et clandestine ?
L’intervenant s’est, en outre, exprimé sur la politique européenne de l’immigration. Selon lui, l’objectif attendu est d’“avoir une immigration organisée et légale” et de “contrôler les frontières extérieures de l’UE”. Plus loin, ce dernier a relevé que sur 4 à 5 millions d’étrangers résidant en Espagne, 55 000 sont des Algériens, ce qui “n’est pas énorme” à ses yeux. Il a également rappelé l’existence d’une coopération entre les ministères de l’Intérieur des 2 pays (Algérie et Espagne) sur la circulation des personnes et la lutte contre l’immigration illégale. “Le visa ne peut pas être un moyen pour l’immigration illégale”, a-t-il ajouté en justifiant cela par “le cadre Schengen”.

Une nouvelle stratégie au Sahel
S’agissant du Sahel, le diplomate a confié que l’UE est en train de préparer “une nouvelle stratégie” par rapport aux pays de cet espace. D’ailleurs, signalera-t-il, les représentants de l’Union ont effectué “au moins deux visites dans ces pays et en Algérie”. L’important, pour lui, est que le dialogue initié “se fasse dans une certaine transparence” et qu’il débouche sur “la confiance”.

Conflits au Sahara occidental et en Palestine
Lors de la conférence, le diplomate a réaffirmé les positions de l’Espagne vis-à-vis du Sahara occidental. Il a ainsi reconnu que son pays “a une certaine responsabilité” dans l’affaire du territoire non autonome et qu’il a exprimé “sa volonté de travailler dans le cadre des Nations unies, pour une solution garantissant les droits du peuple sahraoui à l’autodétermination”. M. Busquets a néanmoins fait montre d’une certaine gêne, lorsqu’il a été interrogé sur le statut avancé accordé par l’UE au Maroc, un pays qui occupe illégalement l’ancienne colonie espagnole. “C’est un choix du Maroc”, a-t-il attesté, refusant de se prononcer sur les frontières internationalement reconnues du royaume chérifien qui, par conséquent, ne comprennent pas le territoire sahraoui. M. Busquets a pourtant tenu à préciser que “la question du Sahara occidental est soumise à l’ONU” et que l’UE “soutient que cette affaire soit traitée au Conseil de sécurité des Nations unies pour trouver une solution juste et définitive qui garantisse le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui”. Par ailleurs, à la question se rapportant à l’engagement de Madrid, pour faire avancer le dossier, pendant sa présidence à l’UE, le diplomate a déploré que “l’UE (n’ait) pas de siège au Conseil de sécurité”, car les positions développées par les pays européens membres de ce Conseil (France et Grande-Bretagne) expriment seulement “les positions de ces pays” et non pas donc celles de l’UE. On notera que contrairement à l’affaire du Sahara occidental, M. Busquets s’est exprimé plus facilement sur le conflit israélo-palestinien, surtout sur “l’engagement de l’Espagne (pendant sa présidence à l’UE, ndlr) de travailler pour la création de deux États vivant côte à côte”.