L’ambassadeur d’Iran à Alger rencontre les journalistes
L’ambassadeur d’Iran à Alger rencontre les journalistes
« Nous sommes prêts à coopérer dans le domaine spatial »
El Watan, 9 février 2008
L’Iran est prêt à coopérer avec l’Algérie dans le domaine spatial. L’annonce a été faite, jeudi matin, par l’ambassadeur, Hossein Abdi Abyanah, à la faveur d’une conférence de presse, au siège de la représentation diplomatique à Alger.
« Nous sommes prêts à aider et à coopérer avec l’Algérie dans tous les domaines, y compris dans le domaine spatial », a-t-il déclaré rappelant les déclarations du président Mahmoud Ahmadinejad qui a visité l’Algérie en août 2007. L’Iran a annoncé, lundi 4 février, avoir établi un centre spatial et avoir lancé un tir expérimental d’une fusée devant, à l’avenir, mettre sur orbite un satellite de recherche baptisé Omid (espoir), en mars 2009. Une expérience qui a suscité des critiques aux Etats-Unis. « Nous devons avoir une présence active et efficace dans l’espace », a déclaré le président Ahmadinejad. L’ambassadeur Abdi Abyanah a souligné les « progrès scientifiques » de son pays grâce à « l’embargo » imposé par l’Occident, principalement les Etats-Unis, depuis l’arrivée de la Révolution islamique en février 1979. Il a cité les résultats obtenus dans les domaines de l’énergie nucléaire et de la médecine. « Nos chercheurs ont pu trouver une formule pour guérir du diabète. C’est une révolution. Nos recherches nucléaires se font sous la surveillance, 24h sur 24, des caméras de l’Agence internationale de l’énergie atomique », a-t-il dit, précisant que 2300 inspecteurs ont déjà visité les installations nucléaires dans le pays. Dénonçant « la discrimination scientifique », il a rappelé qu’en Europe, les étudiants iraniens sont interdits de suivre des cours de physique nucléaire et d’autres disciplines qui y sont liées. « Personne ne trouve à redire du fait qu’Israël possède 400 têtes nucléaires. L’Iran n’a pas d’armement nucléaire. Malgré cela, on nous accuse de le faire. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité savent qu’il n’y a rien, mais ils ont honte de dire la vérité », a souligné le diplomate faisant remarquer que la Russie et la Chine, qui ont une position plus nuancée, subissent de fortes pressions de Washington. Il a salué les propos de Mohamed Al Baradeï, directeur général de l’AIEA, qui a dit que l’ONU doit « comprendre » que l’Iran n’a pas l’intention de fabriquer l’arme atomique. « Mais qui va comprendre ? », s’est interrogé l’ambassadeur. « Pour nous, le dossier nucléaire est clos », a-t-il appuyé. Selon lui, « l’embargo » a permis à son pays de se prendre en charge. « Nous avons payé pour l’indépendance de notre pays. La guerre des huit ans avec l’Irak nous a été imposée. C’était une guerre Est-Ouest », a-t-il dit. Selon lui, 450 entreprises occidentales avaient expérimenté des armes chimiques durant cette guerre (entre 1980 et 1988). « Les victimes de ces armes sont à ce jour hospitalisées à Téhéran. Et chaque jour, nous enregistrons un décès », a-t-il dit. Selon des estimations éparses, ce conflit a fait plus de 1 200 000 victimes.
Intensification des investissements
L’ambassadeur a rendu hommage à Mohamed Seddik Benyahia, ancien ministre des Affaires étrangères, tué dans un accident d’avion, en mai 1982, alors qu’il tentait une médiation entre Baghdad et Téhéran. Cet accident demeure à ce jour un mystère, la thèse d’un missile qui aurait frappé l’appareil n’a toujours pas été prouvée. Interrogé sur l’implication iranienne dans le dossier irakien, le diplomate a indiqué que son pays a accepté de participer aux discussions multilatérales engagées par les Etats-Unis pour une seule raison : « Sauvegarder l’unité du peuple irakien et maintenir la stabilité du pays. » Au chapitre des relations avec l’Algérie, Hossein Abdi Abyanah a annoncé qu’une invitation officielle a été adressée au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour une visite en Iran. « Le Président l’a acceptée. La date de la visite sera fixée selon son agenda », a-t-il expliqué. Les investissements dans le domaine énergétique vont, selon lui, s’intensifier. Sans donner une précision sur le volume de ces investissements, il a rappelé que le ministre de l’Energie et des Mine, Chakib Khelil, s’était déplacé en Iran et qu’une « forte délégation » de la National Iranian Oil Company (NIOC, équivalent iranien de Sonatrach) était venue en Algérie. L’Iran souhaite profiter de l’expérience de l’Algérie en matière de technologie gazière et projette de soutenir l’Algérie à rendre performante son industrie pétrochimique. Il est question d’une coopération dans le secteur du Gas to Liquid (GTL), une technique qui permet d’avoir du carburant à partir du gaz naturel. Avec 15% de réserves mondiales de gaz naturel, l’Iran occupe la deuxième position derrière la Russie (27%) et avant le Qatar (14%). D’où l’idée de créer une OPEP du gaz. L’ambassadeur Hossein Abdi Abyanah est optimiste. « Cette organisation va bientôt voir le jour. Elle va jouer un grand rôle pour la fixation du prix du gaz au niveau mondial. C’est un grand acquis pour les pays producteurs de gaz », a-t-il estimé. Il a noté que des experts planchent actuellement sur ce projet à Moscou et doivent bientôt communiquer le résultat de leurs travaux. Le Venezuela et la Russie sont les principaux défenseurs de ce projet. L’Algérie est quelque peu réservée. Même si le diplomate iranien a rappelé les déclarations favorables du président Bouteflika faites au journal espagnol El Païs. Interrogé récemment par la radio algérienne, Chakib Khelil a exprimé – encore une fois – ses doutes quant à la possibilité de créer sous peu une OPEP du gaz. Son argument est que les contrats gaziers sont à long terme et que les prix du gaz sont indexés sur ceux du pétrole. Hossein Abdi Abyanah a annoncé enfin qu’une semaine culturelle iranienne va se tenir dans les prochains jours à Alger.
Faycal Metaoui