L’ambassadeurd’Arabie Saoudite parle de terrorisme
L’AMBASSADEUR D’ARABIE SAOUDITE PARLE DE TERRORISME
«Le sigle Al Qaïda n’échappe pas à la manipulation»
Le Soir d’Algérie, 28 août 2010
Al Qaïda, cette nébuleuse terroriste qui tient le monde en haleine et en alerte depuis notamment les attentats du World Trade Center le 11 septembre 2001, serait une bannière fourre-attentats. L’ambassadeur du royaume d’Arabie saoudite en Algérie, Samy Abdallah Othmane Salah, est de cet avis. Il s’est exprimé mercredi en soirée, invité qu’il était des «Mille et une News» du journal El Djazaïr News .
Sofiane Aït-Iflis – Alger (Le Soir) – «Le sigle Al Qaïda est aussi manipulé» : l’ambassadeur, qui doute, donc, de la réalité d’Al Qaïda telle que présentée par l’Occident, a étayé son assertion par le caractère diffus des manifestations de l’organisation, qui sévit aussi bien en irak, en Somalie que dans la région du Sahel. Samy Abdallah, convié à partager l’expérience du royaume en matière de lutte antiterroriste, n’exprimait pas, parlant d’Al Qaïda, un leitmotiv préalablement réfléchi. Il répliquait en fait à une interrogation de l’assistance autour d’Al Qaïda vérité ou illusion. S’agissant de l’objet annoncé de sa conférence, en l’occurrence l’expérience de l’Arabie saoudite en matière de lutte antiterroriste, l’ambassadeur a choisi de disserter autour de la période s’étalant de 2004 à 2007, période à laquelle le royaume a connu une vague d’attentats meurtriers. Cette vague d’attentats, a expliqué Samy Abdallah, a visé les infrastructures et institutions publiques, causant la mort de 76 personnes et faisant plus de 570 blésses. Le bilan aurait pu être plus lourd si la vigilance sécuritaire n’avait pas permis de déjouer plus de 220 plans d’attentats. La riposte sécuritaire aux attentats ayant ciblé le royaume a permis l’élimination de 192 terroristes. Les services de sécurité perdirent, eux, 80 éléments et comptèrent plus de 370 blessés. L’ambassadeur, qui a affirmé que le royaume vit toujours la contrainte terroriste, a expliqué que la lutte contre le terrorisme s’est accompagnée depuis 2005 d’une démarche réconciliatrice quasiment dans des termes similaires à la réconciliation version algérienne. A la différence que dans le royaume, la clémence va exclusivement aux repentis qui n’ont pas commis d’assassinats ou d’attentats à l’explosif. «Ceux qui ont tué ou perpétré des attentas à l’explosif sont jugés et exécutés», a précisé Samy Abdallah. L’ambassadeur a informé que dans le cadre de cette réconciliation, le royaume a, dès 2005, mis sur pied un centre de suivi psychologique et d’insertion sociale au profit des repentis. Le centre, appelé Centre Mohamed Benai, est rattaché au ministère de l’Intérieur. «Le centre a accueilli, depuis sa création, 600 repentis, dont 109 étaient des élargis de la prison de Guantanamo. Ces repentis avaient suivi entre 6 et 9 mois, après ils sont réinsérés dans la société», a expliqué Samy Abdallah. Mais l’insertion n’est pas une réussite totale, puisque l’ambassadeur a reconnu que 2 % des pris en charge ont rejoint les maquis au Yémen. Le centre a coûté au royaume 70 millions de dollars. Parallèlement à ce programme d’aide à la réinsertion sociale et professionnelle des repentis, le royaume a préconisé, en 2005, lors de la conférence internationale de Riyad sur la lutte contre le terrorisme, la création d’un centre international de lutte antiterroriste sous l’égide de l’ONU.
Nous n’avons pas encouragé le terrorisme en Algérie
Dans les années 1990, en Algérie, qui découvrit le terrorisme islamiste, les doigts accusateurs ont pointé l’Arabie saoudite comme étant l’un des sponsors de la subversion. Inévitablement, l’ambassadeur était interpellé autour de cette accusation, fondée ou pas. Sa réponse a été on ne peut plus diplomatiquement fine. Selon lui, le royaume s’est toujours interdit de s’interférer dans les affaires des autres Etats ainsi que de prendre position pour telle ou telle faction. «Ce n’est pas parce que des individus prétendument saoudiens ont émis des fetwas que l’Arabie saoudite est accusée de quoi que ce soit. Le royaume souffre également de ces fetwas.» L’ambassadeur a expliqué que le royaume a unifié l’émission des fetwas, et ce pour lutter contre ces interprétations erronées de l’islam et contrecarrer la propagande terroriste. Interrogé si le terrorisme en Arabie saoudite est une conséquence des positions du royaume visà- vis de l’Irak et du Hizbollah libanais, Samy Abdallah a rétorqué que le terrorisme en Arabie saoudite date des années 1970 et que ces causes ne sont pas liées à l’invasion de l’Irak ou à l’expansion chiite. Samy Abdallah a affirmé également que l’Arabie saoudite coopère avec l’Algérie dans la lutte antiterroriste.
S. A. I.