Rached Ghannouchi révèle le contenu de ses dernières discussions avec le président Bouteflika

Rached Ghannouchi révèle le contenu de ses dernières discussions avec le président Bouteflika

Hadjer Guenanfa, TSA, 28 janvier 2017

Le président du mouvement islamiste tunisien Ennahda met en garde contre les conséquences du conflit en Libye sur la stabilité du Maghreb.

« Si l’incendie libyen n’est pas rapidement éteint, toute la région sera en danger », prévient Rached Ghannouchi dans un long entretien publié ce samedi 28 janvier dans le quotidien El Khabar, où est révélé le contenu de ses discussions avec le président Abdelaziz Bouteflika, lors de leur dernière rencontre à Alger, dimanche 22 janvier.

« Le dossier libyen était au centre de nos discussions avec le président Abdelaziz Bouteflika et je crois que la crise libyenne représente aujourd’hui le plus grand défi sur le plan sécuritaire dans la région », a-t-il affirmé.

Selon lui, le chef de l’État lui a demandé de faire des efforts et de convaincre, à travers ses relations, les islamistes en Libye « de jouer un rôle positif dans le soutien des initiatives de règlement de la crise libyenne et de faire les concessions possibles ».

Rached Ghannouchi a évoqué la tenue prochaine en Tunisie d’une réunion entre les ministres des Affaires étrangères de son pays, de l’Algérie, et de l’Égypte pour préparer un sommet entre les présidents des trois pays devant se tenir en Algérie au sujet de la crise en Libye.

Pour le leader du mouvement islamiste tunisien, l’Algérie a réussi à convaincre les Égyptiens que la solution de la crise en Libye « ne doit exclure personne » et pour que les « tensions entre le système et les islamistes en Égypte restent en Égypte ».

« Lorsque Sissi (président égyptien) est venu en Algérie pour convaincre de mettre les islamistes (les frères musulmans) sur la liste des organisations terroristes, on lui a dit que ceux-là ont travaillé avec l’État et qu’ils ont fait face avec nous aux terroristes. Donc comment les mettre sur la liste des terroristes ? », rappelle-t-il.

Rached Ghannouchi estime que « l’expérience algérienne est un élément puissant pour convaincre afin de ne pas mettre tous les islamistes dans un seul sac étiqueté terroriste ».

Le patron d’Ennahda est revenu sur la rencontre entre le chef de cabinet du président, Ahmed Ouyahia et un dirigeant islamiste libyen, Ali Al-Sallabi pour « chercher une solution libyenne à la crise ». « Cheikh Salabi a promis de fournir tous les efforts pour promouvoir l’initiative et convaincre toutes les parties libyennes du projet de la concorde civile ».

Interrogé sur le rapprochement entre les partis islamistes en Algérie, Rached Ghannouchi a estimé que ces formations sont « expérimentées ». « Aujourd’hui, ils se dirigent vers l’unité des rangs et le rassemblement (…). Pour moi, ils sont sur le bon chemin », a-t-il répondu.