Réunion du comité central du FLN : Le FLN vote Bouteflika

Réunion du comité central du FLN : Le FLN vote Bouteflika

par Z. Mehdaoui,Le Quotidien d’Oran, 17 novembre 2013

Le comité central (CC) du FLN a demandé, officiellement, hier, au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de se présenter pour un 4ème mandat.

Alors que l’ordre du jour de la réunion du CC, qui s’est tenue à l’hôtel «El Aurassi», a été arrêté à, seulement, un point, à savoir, l’élection du bureau politique (BP), le secrétaire général du FLN, contesté la veille par 135 membres du CC, propose de rajouter une «motion de soutien» à un 4ème mandat au chef de l’Etat. Pour ceux qui contestent la réélection de Bouteflika parmi l’opposition, notamment, le SG du FLN a cherché des arguments pour le moins peu convaincants. Ainsi, selon Amar Saidani, la «multiplication » des mandats présidentiels n’est pas une «spécificité» algérienne puisque cela s’est produit dans les pays occidentaux et démocratiques.

Le secrétaire général du FLN n’hésitera pas à remonter l’histoire pour rappeler les règnes d’Helmut Kohl en Allemagne, Mustapha Atatürk en Turquie, Robert Gordon Menzies en Australie ou encore le plus célèbre d’entre tous, l’ancien président américain Franklin Roosevelt qui avait cumulé, à lui seul, 5 mandats, selon Saidani, alors que Roosevelt n’avait fait en réalité que 3 mandats et quelques mois de son quatrième.

Bref, le secrétaire général, élu en août dernier, dans des conditions contestées par nombre de membres du CC, pense savoir que le Président Bouteflika peut rééditer « l’exploit » de Franklin Roosevelt, qui fut pour mémoire l’un des principaux acteurs de la Seconde Guerre mondiale et rompit avec l’isolationnisme traditionnel de son pays. Avant d’entrer en guerre, le président américain, après la grande dépression, a été l’architecte de plusieurs plans de redressement de l’économie américaine. Franklin Roosevelt est mort le 12 avril 1945, sur sa chaise roulante, quelques mois seulement après sa réélection à un quatrième mandat.

«Le bilan très positif de Bouteflika depuis 1999, sur les plans, économique, politique, social, culturel et diplomatique, est un choix qui s’impose » de l’avis de Saidani qui déclare, clairement, qu’une chaise roulante n’empêche en rien les capacités d’un président. Saidani est allé, encore, plus loin en affirmant qu’au sein du FLN la révision de la Constitution doit passer, inéluctablement, par le Parlement pour rééditer semble-t-il le scénario de 2009 où la loi fondamentale a été modifiée pour permettre au chef de l’Etat de briguer un troisième mandat.

Amar Saidani, pour qui «le FLN se trompe rarement de choix » affirme que le vieux parti ne peut suivre de courant ou de partie, quand l’avenir du pays est en jeu. « 2014 est un rendez-vous avec l’histoire » clame Saidani qui précise, à l’endroit de ses détracteurs, que la Constitution actuelle permet au chef de l’Etat de postuler à un 4ème mandat.

Lors d’un point de presse le chef du FLN affirme qu’il ne parle pas au nom de Bouteflika et soutient, en parallèle, que le Comité central est majeur pour prendre des décisions. Pour lui, si Bouteflika n’a pas encore annoncé sa candidature c’est tout simplement parce que, dit-il, il y a un délai réglementaire à respecter. «Les tentatives de présenter un autre candidat au nom du FLN sont vaines», tonne Saidani, dans une allusion faite à certains membres du CC qui veulent faire campagne au profit de Ali Benflis.

Amar Saidani ira, encore, plus loin, lançant un véritable défi, en déclarant que « ceux qui ont le plus de membres du CC viennent prendre la direction du parti ». Interrogé sur les accusations du groupe de Belayat qui conteste la légitimité de la nouvelle direction, Saidani lance : «le parti et le comité central sont au siège du parti à Hydra». Le conférencier affirme, par ailleurs, que la réunion du CC, d’hier, a regroupé 291 membres alors que lors des travaux de la réunion, Saidani avait fait état de 287 membres présents à la réunion.

Contrairement à l’ère Belkhadem où les noms des membres du CC sont égrenés, un par un, lors des réunions, hier la presse n’a entendu aucun nom se contentant, seulement, des chiffres présentés par le secrétaire général du FLN qui prône « un état civil, la séparation des pouvoirs et la libération de l’appareil judicaire».

A noter que le nouveau bureau politique a été installé, hier, après une «pause» qui a duré plusieurs heures. Lors du vote, 7 membres du CC ont voté contre la nouvelle équipe du BP, composée de 15 personnes. On y retrouve notamment l’ancien ministre des Télécoms, Moussa Benhamadi, l’ancien directeur de communication du FLN Said Bouhadja, ou encore Sadek Bouguatia l’ancien président de la commission des affaires étrangères, au sein du Parlement.

Lors de la lecture du communiqué final, la nouvelle direction du FLN dit, clairement, qu’elle cautionnait aussi bien les déclarations de Saidani que ses démarches entreprises jusqu’ici… la messe est dite !